Entre les Etats-Unis et la Chine, l’écart est toujours important car le P.I.B. chinois n’est toujours que 70% de son équivalent américain. A l’évidence, les progrès de l’économie chinoise sont spectaculaires et, de ce point de vue, les 14’000 milliards de dollars que représentent la production agrégée chinoise relèvent quasiment du miracle en comparaison de l’état où se trouvait ce pays il y a encore 20 ans. Mais en fait, quel est le niveau de vie des chinois par rapport aux citoyens des autres pays ? Si le P.I.B. chinois en valeur absolue est en soi impressionnant, d’autres mesures indiquent une situation nettement plus contrastée, voire carrément déprimée.
Le P.I.B. nominal, mesuré face à la monnaie de réserve mondiale qu’est le dollar, classe la Chine au 60ème rang mondial derrière les Seychelles et les Maldives. Quant au P.I.B. calculé en regard de la parité du pouvoir d’achat, c’est-à-dire de ce qui peut être acheté d’équivalent entre nations pour une quantité donnée d’argent, il indique que la Chine est reléguée au 73ème rang mondial derrière la Guinée. Les USA, eux, sont respectivement 5èmes dans le premier classement (derrière le Luxembourg, la Suisse, l’Irlande et la Norvège) et 7èmes en parité du pouvoir d’achat. En réalité, les performances américaines sont proprement exceptionnelles car cette nation se situe 5ème d’un classement où se distinguent de petites économies homogènes et stables socialement, tandis que eux – les USA – sont une puissance économique massive, très diversifiée et caractérisée par une forte diversité sociale. En comparaison, les 60ème et 73ème places de la Chine la placent derrière les pays du Tiers-Monde les plus pauvres, alors même que son P.I.B. agrégé la propulse à la seconde place mondiale derrière les Etats-Unis.
Cette contradiction flagrante, autorisant de considérer la Chine à la fois comme une superpuissance économique et comme un pays sous développé, se manifeste nationalement par les chinois les plus riches parvenant à mener le même train de vie que les occidentaux les plus aisés quand, au même moment, l’écrasante majorité de leurs concitoyens vivotent pire que des guinéens. Bien-sûr, les inégalités sont un phénomène et un malheur mondiaux existant dans chaque pays. Il n’en reste pas moins que même au sein du pays occidental les plus inégalitaire du monde – à savoir les Etats-Unis – les plus pauvres ont un niveau de vie incomparable aux guinéens.
Xi Jinping connaît parfaitement l’histoire de son pays et notamment la Longue Marche entreprise par Mao qui a fédéré les laissés pour compte, les paysans et les miséreux de l’époque constitués en armée ayant renversé le régime en place accusé de promouvoir la pauvreté et les inégalités. C’est à ce prisme qu’il faut voir la chasse menée aujourd’hui en Chine contre les plus riches et qui a pour objectif affiché de démontrer que le Parti Communiste se préoccupe des pauvres. Pour autant, les actions de Xi Jinping et de ses fidèles sont susceptibles de nuire à la machine à produire chinoise, et donc au P.I.B. facial de leur pays. Les dirigeants chinois se retrouvent donc en quelque sorte à la croisée des chemins. Confrontés à une pauvreté au sein de leurs territoires comparable à celle des nations les plus miséreuses du globe, contraints d’adopter des mesures spectaculaires – souvent théâtrales – destinées à montrer à leurs citoyens qu’ils sont bien décidés à lutter contre ce fléau, ils sont bien conscients que leurs actions volatilisent la confiance en leur économie du milieu des affaires dans et fragilise donc ce P.I.B. qui les rend à juste titre si fiers.
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