Histoire de ne pas laisser l'homophobie d'État aux copieurs, le président de la Russie s'est livré dans sa conférence de presse annuelle à une nouvelle diatribe transphobe. Il faut dire qu'il a de la concurrence, en Europe et dans le monde…
Vladimir Poutine craindrait-il de se faire piquer la couronne d'homophobe en chef du continent européen, voire au-delà ? Pour ne rien laisser au hasard, le président russe s'est replacé au centre du village réactionnaire lors de sa conférence de presse annuelle ce jeudi 23 décembre. Après avoir remercié le père Noël de l'avoir fait président (depuis 1999, en alternance avec Premier ministre), livrant au passage une explication cohérente sur les scores soviétiques qu'il a l'habitude d'afficher aux élections, il s'est ensuite livré à une nouvelle diatribe transphobe. Histoire qu'on n'oublie pas qu'il est à l'origine du mouvement de législation LGBTphobe qui, après la Russie, gangrène déjà l'Union européenne via les dirigeants hongrois et polonais, auxquels en France Éric Zemmour et Marine Le Pen font des yeux de biche.
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Une "approche conservatrice, jugée discriminatoire"
"J'ai une approche traditionnelle : une femme est une femme, un homme est un homme. J'espère que notre société a une protection morale interne, dictée par nos confessions religieuses traditionnelles (...) contre cet obscurantisme", a ainsi déclaré Vladimir Poutine au sujet de la transidentité, comme le rapporte l'AFP citée par plusieurs médias français. Lesquels, de Paris Match à Komitid, reprennent curieusement telle quelle la pudeur de gazelle de l'Agence France-Presse pour ne pas qualifier ces propos, en expliquant que le président russe réaffirme ainsi "son approche conservatrice, jugée discriminatoire par ses détracteurs". Tant que d'autres jugent qu'elle ne l'est pas…
Pour lutter contre ce que Paris Match appelle en titre "le transgenrisme" (probablement le woksime appliqué à la question trans), l'occupant du Kremlin a ensuite expliqué sa méthode : "Il ne faut pas lutter contre ça avec des décrets, en hurlant ou en lançant des accusations, mais en soutenant nos valeurs traditionnelles". Ici, une fois n'est pas coutume, Vladimir Poutine se fait trop modeste puisque c'est bien à coups de lois qu'il met en place une homophobie d’État en Russie, via notamment celle adoptée en 2013 contre la "propagande" homosexuelle, un grand classique de la réaction homophobe : lutter contre les droits des personnes LGBTQI+ en prétendant protéger les mineurs. "Mais, remarque tout de même l'AFP, elle a déjà été utilisée à plusieurs reprises contre des militants et des groupes LGBT+". Quelle surprise.
Le grand mufti saoudien s'en prend au "crime d’homosexualité"
Si Vladimir Poutine prend soin d'ainsi réaffirmer ses valeurs homophobes et transphobes, peut-être est-ce aussi par souci de ne pas en laisser le monopole aux États islamiques. Ainsi en Arabie saoudite, l'AFP citée par Le Progrès rapporte encore que le grand mufti, plus haute autorité religieuse du royaume wahhabite, a déclaré la veille que "le crime d’homosexualité est l’un des crimes les plus ignobles et odieux aux yeux de Dieu", ajoutant que "les auteurs de ce crime" portent sur eux "la honte et l’infamie". Pas de quoi, remarque justement l'Agence France-Presse, aider les efforts de Riyad pour améliorer son image à travers le monde à coups de milliards, comme le fait aussi le Qatar en accueillant le Mondial de football 2022 tout en continuant de persécuter discrètement les homosexuels.
Bref, autant de rappels – dont nous n'avions pas besoin – que l'internationale LGBTphobe se porte bien, merci pour elle. Et que les avancées de nos droits ne sont jamais acquises, en témoigne le retour de bâton au sein même de l'Union européenne, jusqu'en France dans la campagne présidentielle. En somme, que 2022 sera à nouveau une année de luttes, comme l'ont aussi rappelé dernièrement, pêle-mêle, Lewis Hamilton, Tom Daley ou Robert Badinter…
Comme on ne peut pas vous laisser sans une note d'optimisme à la veille de Noël, n'hésitez pas pour vous laver les yeux à revoir ci-dessous ce joli film réalisé par la Poste norvégienne dans lequel on découvre que le Père Noël est gay et que, donc, Vladimir Poutine a peut-être tort de lui attribuer le mérite de son maintien au pouvoir. Ciao Poutine & Cie, et Joyeux Noël à vous qui nous lisez !
Capture d'écran YouTube, conférence de presse 2021 de Vladimir Poutine