Je n’étais pas de très bonne humeur, ce n’était pas le bon jour pour que je me retrouve coincé sur un escalator derrière deux derrières, emballés dans deux sacs de la tête aux pieds, l’un vert caca d’oie, l’autre gris rat des villes ou bleu marée basse à Berck-sur-Mer, je ne sais plus trop. Ce matin-là, je n’étais pas assez « zen » pour rester là à piétiner derrière deux boudins halal qui encombraient le passage et qui parlaient arabe comme on crache par terre, sans distinction, sans gêne et sans discrétion.
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D’habitude, avec une femme voilée, je la ferme, je regarde ailleurs, je passe mon chemin. Je n’insulte pas, je méprise, je dédaigne, j’ignore. Si dans un magasin, une musulmane voilée est en caisse, je change de file, s’il n’y en a pas d’autres, je laisse en plan mes emplettes et je sors. Dans le métro, je ne tiens pas la porte et dans le bus, je ne cède pas ma place, je ne suis pas galant. Et puis quoi encore ? Si on me parle, je reste sourd et si on insiste, je m’excuse, je demande que l’on s’adresse à quelqu’un d’autre, ou que l’on ôte son voile, je suis désolé, je souffre d’islamophobie.
Là, je n’ai pas pu rester poli. J’ai lancé un « Poussez-vous les dinbous ! ». La plus moche, ou la plus grosse, s’est rangée sur le côté et je suis passé sans un regard pour les deux indésirables aux airs consanguins, et en croisant les doigts pour que les deux bonnes femmes informes dans leurs uniformes n’ameutent pas une bande de cousins dans ce centre commercial du Kremlin-Bicêtre. Elles n’ont rien dit, je crois qu’elles n’ont pas compris mon verlan. Et puis la domination masculine, elles connaissent.
Quand je raconte cette histoire, je vois bien autour de moi qu’on ne comprend pas. On trouve que je pousse le bouchon de mon obsession un peu loin. Il faut dire qu’on est tolérant, on est touché par ces étudiantes voilées qui travaillent dur pour échapper à leur condition, ou par ces « mamans » croyantes qui subissent des discriminations. On est féministe. Il est interdit d’interdire à une femme de s’habiller comme elle veut. On se demande, et quand on ose, on me le demande : « Mais pourquoi tant de haine ? » Parce que !
Parce que j’aime trop croiser en ville des femmes françaises coquettes, parfumées, gracieuses, libres et confiantes pour supporter que les rues soient envahies par d’autres aux mœurs étrangères et qui entendent les conserver chez nous, d’autres qui ont fait le deuil de leur féminité en se couvrant d’un linceul, qui ont sacrifié la liberté de paraître et de plaire aux inconnus pour se soumettre à un père, un mari ou un prophète, qui tiennent à rappeler qu’elles sont des propriétés sexuelles et domestiques exclusivement islamiques, qui dérobent leurs courbes à nos regards en nous balançant implicitement qu’elles se voilent parce que nous sommes des porcs.
Parce que je ne m’habitue pas à voir dans les rues de la Ville lumière, dans l’une des capitales du monde libre, au pays des femmes libres, certaines afficher leur soumission communautaire et identitaire. Parce que comme le dit Renaud Camus, « les voiles sont les drapeaux de la conquête », ils font savoir à un peuple inhibé et intimidé qui a autant envie de voir son pays devenir une terre d’islam que de développer un cancer, qu’une invasion, une occupation, une installation est en cours pour un changement de civilisation.
Parce que chaque femme voilée, enceinte, derrière une poussette, entourée d’une grappe de gosses me rappelle les propos du président algérien Houari Boumediene qui déclarait en 1974 à la tribune de l’ONU : « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère Sud pour aller dans l’hémisphère Nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. »
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Parce que la prolifération des voiles me remplit de nostalgie quand je me souviens que les troupes de Charles X ont mis fin aux piratages, aux pillages et aux esclavages des Barbaresques d’Alger, que Charles Martel a arrêté les Arabes à Poitiers et que, comme disait Coluche, « nous ne les arrêtons qu’à moitié », parce que nous assistons impuissants et entravés par le droit à notre remplacement. Ils n’arrivent plus à cheval, armés et menaçants mais en famille, plus ou moins démunis mais munis de droits plus forts que notre volonté et notre souveraineté.
Parce que derrière ces fantômes de femmes que sont les voilées, il y a des maris et des fils, des mâles frustrés qui planquent leurs femmes et qui reluquent les nôtres, parce que de la frustration naît l’agressivité et que les harcèlements, les agressions sexuelles ou les viols sont liés à cette pudeur musulmane qui fait passer ma femme et ma fille pour des femelles impudiques, pour des objets de désirs empêchés, pour des proies aux yeux envieux des petits barbares qu’aucune barrière morale n’arrête et qui pullulent dans nos cités.
Parce que, moi qui reste désespérément progressiste, qui ne renonce pas à l’ambition et à l’exigence du progrès, du plus raffiné, du plus sensible, du plus civilisé, du plus courtois aujourd’hui qu’hier, du « mieux qu’avant », je ne supporte pas de voir nos cités, nos villes et maintenant nos campagnes être tiers-mondisées et islamisées, je ne supporte pas de voir la condition féminine, et avec elle toute notre société, régresser.
Parce que ces femmes qui feignent de se cacher en se faisant remarquer, qui pour les plus sombres se pavanent dans l’uniforme de l’ennemi, ces « petits drapeaux de la conquête » qu’on voit descendre dans la rue pour la Palestine ou contre l’islamophobie, mais jamais contre le terrorisme musulman ou pour n’importe quelle cause française, méprisent nos libertés, nos égalités et nos fraternités. En attendant de les anéantir. Boualem Sansal le sait, un islamiste est un musulman impatient.
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Parce que dans un pays exigeant et généreux, qui donne tout aux femmes de toutes origines pourvu qu’elles se dévoilent, qui permet l’émancipation et demande l’assimilation, au sein d’un peuple qui commence à trouver que le voile est au mieux un manque de politesse, je ne comprends pas celles qui viennent ou qui restent en France pour vivre voilées. Ou plutôt, j’ai peur de comprendre.
Voilà pourquoi tant de « haine ».
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