L’association « Des bouddhistes pour le soutien de Wat Sama kkhee Dhamma » a acheté en début d’année l’ancienne ferme située au lieu-dit La Luronne, à Marigny, au bord de la route départementale 953, qui est, depuis, en complète rénovation, pour devenir un centre de culte bouddhiste dans quatre ou cinq ans ( voir notre édition du 11 novembre 2021 ).
Les responsables sont Soavanhnaphoum Phonexay et Chantha Thao. Tous les deux sont originaires du Laos.
Chantha Thao a quitté le pays à 21 ans, en 1974, pour rejoindre, à Clermont-Ferrand, son cousin, pilote dans l’Armée française, qui lui a conseillé de ne pas y rester en raison de l’arrivée imminente du Pathet Lao communiste au pouvoir. Il a travaillé à diverses tâches dans les métiers du bâtiment, notamment à Moulins (10 ans chez Copreco), créant même sa propre entreprise, avant de prendre sa retraite en 2018.
La foi de Chantha Thao l’entraîne à la création, en 1975, d’une association culturelle bouddhiste, l’ALA (Association des Laotiens d’Auvergne), toujours existante.
De son côté, Soavanhnaphoum Phonexay est né en 1990 dans un village laotien grand comme Marigny ne possédant pas d’école. Pour étudier, une seule destination possible, la pagode, où il entre à 11 ans. En 2010, après avoir poursuivi ses études à la capitale, Ventiane, Soavanhnaphoum Phonexay a été ordonné bonze. Cinq ans après, par l’intermédiaire d’une connaissance française au Laos, il visite Paris puis s’installe à Moulins.
Les deux hommes se sont rencontrés en 2015, au cours d’une fête à la pagode de Monétay-sur-Allier, plus tard abandonnée faute de bonze résident. Ils ont décidé de créer une association et de rechercher un emplacement à acheter pour la pratique de leur foi. Après deux ou trois ans de recherche, leur visite à Marigny a été décisive : c’est un grand terrain bien situé et accessible.
Commencés quasiment dès l’acte de vente signé, les travaux, uniquement financés par les dons de fidèles et effectués à la sueur des bénévoles, avancent lentement, mais le bonze Soavanhnaphoum Phonexay, président, et le président adjoint, Chantha Thao, sont optimistes.
Le logement du président, au premier étage, conçu pour héberger deux bonzes, est terminé.
Lorsque le centre de culte sera opérationnel, la présence de deux bonzes est souhaitable pour pallier l’absence du président, notamment à cause des diverses invitations qu’il reçoit, que ce soit de France ou d’autres pays.
« Bouddhistes et chrétiens peuvent s’intégrer en paix »Pour Chantha Thao, Noël ne représente rien religieusement parlant, mais il est quand même très impliqué, car sa femme, auvergnate, et ses enfants célèbrent la fête de la chrétienté. « Je respecte, je participe pleinement, je me réjouis pour eux, et je pense que les bouddhistes et chrétiens peuvent s’intégrer en paix », reconnait-il sourire aux lèvres.
Quant au bonze Soavanhnaphoum Phonexay, il affirme, dans un français encore approximatif, « être content que les chrétiens célèbrent leur foi » et, pour preuve, lorsque la pagode était située rue Claude-Debussy à Yzeure, il y avait toujours un sapin installé pour Noël ! Et la tradition se perpétuera certainement à la pagode de Marigny dès que les travaux le permettront !