Sur trois hectares et demi de parcelles situées dans la Nièvre et l’Yonne, Bertrand Dumay produit, depuis dix ans, ses sapins de Noël sans pesticides. Il a obtenu le label bio, il y a quelques années. Dans le Morvan, ils ne sont que quelques-uns à proposer des arbres élevés complètement au naturel. « L’intérêt est, avant tout, environnemental. Lorsqu’on voit la méthode de production actuelle, on peut clairement se poser des questions. J’ai beaucoup de collègues qui s’interrogent, mais n’osent pas encore sauter le pas. »
Le choix d’une production sans intrants génère davantage de travail avec de nombreuses heures de tonte et de débroussaillage. Pour compenser un prix de revient plus élevé qu’une méthode “classique”, Bertrand Dumay a assuré, en majorité, une commercialisation directe, à des comités d’entreprises locaux. « Je n’ai cependant pas un volume suffisant pour répondre à une demande qui existe actuellement à Paris pour des sapins bio. »
Les avancées environnementales sont déjà là. Elles figurent, notamment, dans le cahier des charges rédigé pour prétendre au label IGP (Indication géographique protégée) pour le Morvan.
Recours aux pesticides et fongicides, méthode agricole intensive… autant de travers qui viennent durablement ternir la jolie image d’Épinal du roi des forêts. Membre du collectif Morvan, revendiquant plus d’une centaine de sympathisants, Muriel André pointe du doigt les travers de cette spécialité locale. « Nous devons exiger des cultures propres, proposer des alternatives aux producteurs et aux consommateurs », martèle le collectif.
Les écologistes dénoncent ce chantage à l’emploi exercé sur cette terre rude du Morvan par la filière du sapin de Noël, gros pourvoyeur de saisonniers en haute saison. « Les employés saisonniers sont exposés aux produits au moment de la culture et à la récolte, et c’est sans compter les produits de conservation et autre “floconnage”, juste avant la vente. »
Produire de manière écoresponsableUn procès qui fait bondir Vincent Houis, animateur de l’Association française du sapin de Noël naturel, vitrine de cette filière. « Les avancées environnementales sont déjà là. Elles figurent, notamment, dans le cahier des charges rédigé pour prétendre au label IGP (Indication géographique protégée) pour le Morvan. » Engagée il y a très longtemps, relancée l’an dernier pour répondre au bashing, l’obtention de ce label est actuellement à l’instruction. Les producteurs bourguignons ont désormais bon espoir de pouvoir, enfin, l’obtenir l’année prochaine.
La filière met également en avant des initiatives plus respectueuses de l’environnement comme ces certifications plantes bleues, obtenues par certaines exploitations, garantissant que les plants mis en terre ont été produits de manière écoresponsable. Autre illustration, ce collectif local, réunissant quatorze producteurs, engagés, sur trois ans, dans une réduction de 20 % des traitements phytosanitaires.
Matthieu Villeroy