Cette année encore, plus d’un million de sapins de Noël ont été coupés dans le Morvan. Dessiné à la limite de la Nièvre et de l’Yonne, avec un quart de la production nationale, ce massif montagneux est le plus important producteur français. La deuxième région de l’Hexagone est la Bretagne.
Preuve de cette suprématie bourguignonne, le Nordmann, de 12 mètres de haut, qui trône actuellement dans la cour de l’Élysée, vient de l’exploitation de Jean-Christophe Bonoron, située à Montsauche-les Settons (Nièvre).
L’histoire d’amour est née en 1929, avec une première vraie plantation locale lancée par un pépiniériste suisse. Mais cette production connaît son essor au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Le massif du Morvan bénéficie de sa proximité géographique avec l’Île-de-France, où la demande est forte, des caractéristiques porteuses de son sol, mais aussi de la bonne saisonnalité représentée par cette production hivernale, complémentaire de l’élevage.
Aujourd’hui, cette production ponctuelle représente 1.500 hectares sur les 4.800 hectares de terres agricoles recensés dans le Morvan. « Le marché est stable. Nous avons enregistré, l’an dernier, une croissance de 0,1 % », rappelle Vincent Houis, animateur de l’Association française du sapin de Noël naturel.
En 2016, nous n’avions aucun sapin vendu en novembre. Aujourd’hui, 12 % des achats sont déjà effectués durant ce mois.
Pour répondre à la demande, le pic local d’activité se concentre autour du mois de novembre. « Fin novembre, la saison est finie pour nous. » Au fil des ans, les producteurs du Morvan doivent s’adapter à une demande toujours plus forte de Nordmann, qui perd moins ses épines, au détriment de l’emblématique épicéa.
Autre évolution notoire, des achats qui se font de manière de plus en plus précoces. « En 2016, nous n’avions aucun sapin vendu en novembre. Aujourd’hui, 12 % des achats sont déjà effectués durant ce mois. Une tendance accentuée encore l’an dernier avec la crise du Covid. » Elle se vérifie encore cette année où le marché est encore parti « très tôt et très fort ».
Afin de s’assurer que les sapins ne fassent pas trop grise mine à Noël, après plusieurs semaines passées dans les foyers, les producteurs réfléchissent, d’ailleurs, à institutionnaliser un jour de lancement, à l’image du beaujolais nouveau.
Matthieu Villeroy matthieu.villeroy@centrefrance.com