Depuis mardi 30 novembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) conseille aux personnes à risque qui n’ont pas été entièrement vaccinées contre le Covid-19 de ne pas voyager?; le variant Omicron venant s’ajouter au variant Delta qui porte la 5e vague épidémique. Le message tombé ce 30 novembre a des allures de nouveau coup dur pour l’industrie du voyage. Pourtant, les agences interrogées dans le Puy-de-Dôme semblent plus fatalistes que catastrophées. On les découvre vaccinées contre « le risque de stop & go ».
1. « Stop & go », ce n’est plus nouveau.« C’est la cinquième fois que nous sommes confrontés à la perspective d’une possible fermeture des frontières et aux annulations des vols. On commence à avoir l’expérience. On connaît la possibilité de “stop & go” et nous avons maintenant des dispositifs en place : on reste prudents mais optimistes », explique David Chauvet, directeur régional Havas Voyage Centre Est.
Au bout d’un moment, on devient fataliste. C’est comme ça depuis mars 2020 : on fait, on défait...
Ambiance chez Leclerc Voyage à Clermont. « Au bout d’un moment, on devient fataliste. C’est comme ça depuis mars 2020 : on fait, on défait… On envisageait 2022 sous de bons auspices et on se rend compte que ça ne va pas être si bien que ça. »
Chez Selectour - Bleu voyage, Rachel avoue sans détours qu’elle « ne supporte plus ce mot de “5e vague” ». Ça lui « hérisse le poil ».
Les choses ont un peu changé notamment avec des assurances annulation proposant une clause Covid. « Elles couvrent le risque de contamination sur place ou avant le départ. Maintenant, c’est indispensable ».
2. Forte reprise en novembre et encore peu d’annulations.L’inquiétude la plus palpable sur les destinations de cette fin d’année 2021, c’est donc, peut-être l’agitation sociale aux Antilles - destination traditionnelle pour le soleil d’hiver. Or, même là, David Chauvet évoque 50 % de maintien des projets de voyage à court terme vendus par Havas, et 50 % de report sur d’autres destinations.
La reprise de l’épidémie dans le monde d’une part et l’agitation sociale dans les Antilles ont pour l’instant seulement ralenti l’activité sur les voyages de fin d’année, expliquent les voyagistes contactés.
« Ça redevient compliqué, on voit les pays se refermer les un après les autres et parler de confinement. »
« C’est très calme depuis une semaine », confie Patricia, pour Leclerc Voyage. « On ne sait pas du tout comment ça va tourner, on voit les pays se refermer les un après les autres et parler de confinement. Ça redevient compliqué ». Mais le niveau d’activité n’est pas en chute libre.
Mardi, les « travel planners » expliquaient avoir trouvé à leurs clients des alternatives, tant pour les croisières aux Antilles, que pour les vols annulés sur la Guadeloupe et le Maroc. Et les destinations encore ouvertes se vendent bien. Parmi les plus demandées : Malte, les Canaries, la République dominicaine, le Costa Rica, la Thaïlande, l’Égypte, Dubaï…
3 Moyen et long terme : les bons indicateurs se maintiennent.Corollaire de ce nouveau coup de frein hivernal, les voyagistes notent un retour de l’attentisme… qui viendrait renforcer les projets de voyages du printemps et de l’été. La fin d’année est classiquement une période de réservation pour ces échéances-là. « On sent que les gens ont envie de partir. Ils appellent », assure-t-on chez Leclerc et Selectour - Bleu Voyage.
« Les gens ont envie de partir. Ils appellent. »
Havas Voyages Centre Est, a même retrouvé - voire dépassé - les chiffres d’avant Covid : +70 % de ventes entre novembre 2019 et novembre 2021. Avec des destinations à +50 % voire +100 %.Pour les vacances de Noël : les Canaries, Malte et le bassin méditerranéen (hors Maroc pour l'instant), la Thaïlande, les Émirats arabes unis, le Maghreb, Les Canaries et la Polynésie...
Parmi celles-là, on trouve du rêve : la Polynésie ou l’Île Maurice, auxquelles les économies réalisées pendant le confinement permettent d’accéder.
4 Retour en grâce des voyagistes traditionnels.« Les gens sont dans l’attente. Alors ils se projettent, par exemple sur les parcs ouest américains à partir de mai. Ils font faire des devis, même si on ne sait pas comment ça va se concrétiser avec les obligations vaccinales et les freins que chaque pays est libre d’ajouter », analyse-t-on chez Leclerc Voyage.
Dans ce contexte d’incertitude, les voyagistes traditionnels ont des arguments à faire valoir : accessibilité des interlocuteurs, sécurisation des voyages, rapatriement, possibilités de report, etc.
Pour Havas Voyage, dont les agences ont aussi maintenu de larges horaires d’accueil en boutique, David Chauvet y voit le signe d’un retour en grâce des voyagistes classiques. « On avait joué le jeu en anticipant la possibilité que les clients arrivés aux 18 mois légaux demandent le remboursement de leurs voyages annulés ou reportés. Au bout du compte, on voit qu’ils sont nombreux à préférer qu’on garde leur à-valoir, avec l’espoir de repartir ».
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Anne Bourges anne.bourges@centrefrance.com Follow @a_bourges