« C’était en 1990. Avec ma femme, nous passions par ici. Nous avons traversé Bournoncle-Saint-Pierre et nous avons eu un véritable coup de cœur pour cet ensemble… »
En tombant amoureux des vieilles pierres du prieuré Saint-Pierre, Alain Pontoise ne se doute pas alors qu’il va se lancer dans une extraordinaire aventure historique. À ce moment-là, le prieuré est en ruines, à la merci des caprices du temps et dévoré par la végétation.
Un chantier hors normesIl lui faut six ans pour acquérir la totalité du site qui, au fil des siècles, a été divisé en plusieurs habitations.
« Je me suis dit “comment peut-on le laisser tomber en ruines”?? Il y avait cette belle porte du XVIe… Nous avons donc lancé des travaux colossaux pour sauvegarder ce site… »
Un chantier hors normes, mené avec des artisans locaux, sous l’œil vigilant de l’Architecte des bâtiments de France. « Par exemple, les murs ont été enduits à la chaux, grâce à une recette médiévale à base de blanc d’œuf et appliquée avec un balai de soie. »
Comment deux habitants ont redonné vie au four oublié du Ranquet à Blesle (Haute-Loire) ?
Grâce à Alain Pontoise, le site de 17 pièces a été sauvé. Restauré avec tout le confort moderne tout en réussissant à préserver l’âme des lieux. À conserver son histoire.
Prieuré de Bournoncle Saint Pierre Une histoire incroyable qu’Alain Pontoise a découverte au gré de ses recherches. Car cet ancien directeur à la SNCF est un véritable féru d’Histoire.
Une antenne de Sauxillanges« Un jour je suis tombé sur la charte 82 du cartulaire de Sauxillanges dans laquelle Dame Aldearde fait don du prieuré et de toutes ses dépendances au monastère de Sauxillanges. Sauxillanges était à cette époque l’une des cinq antennes de Cluny. En ces temps, les riches croyants n’hésitaient pas à offrir leurs biens dans l’espoir du pardon et afin de s’attirer la bienveillance de Dieu… Cet ensemble de biens foncier était très étoffé : une église, une villa, des manses, des terres… »
Prieuré de Bournoncle Saint Pierre Il faut donc remonter le temps pour comprendre le rôle et l’importance du prieuré Saint-Pierre. De sa fondation (Xe-XIe) jusqu’au XVIe siècle, il a été animé par six à huit moines, occupés entre leur vie spirituelle et la gestion du domaine. Les cultures des céréales, de la vigne et de la terre étaient alors les principales activités économiques.
Patrimoine mondial de l’UnescoAu mois de juillet, la Fédération Européenne des sites clunisiens a lancé un appel à candidatures afin de constituer une liste de sites qui sera à terme proposée pour une inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco. 27 sites ont fait acte de candidatures à ce jour, dont le prieuré de Bournoncle-Saint-Pierre. Tous les sites qui détiennent une parcelle de l’héritage clunisien peuvent candidater : abbayes, prieurés, églises, châteaux, domaines viticoles, domaines agricoles, bourgs, collèges, palais, moulins…
Des remparts, un cimetière...L’église, à laquelle est accolé le prieuré, était autrefois enserrée dans des remparts avec fossés. Un cimetière se trouvait au nord (à l’emplacement aujourd’hui de l’école et de la mairie). Le prieuré possédait une salle de garde, une infirmerie, la chambre du prieur, une cuisine, un cellier et une cave. Les granges dîmières, plus tard déplacées et agrandies, permettaient de stocker les céréales.
Prieuré de Bournoncle Saint Pierre Au XVIIIe, le prieuré est vendu. Les fossés comblés. La Terreur vide le site de ses derniers moines et l’église monacale devient paroissiale. Au siècle suivant, le prieuré est démantelé et transformé en trois maisons d’habitation. Ce sont ces maisons qu’Alain Pontoise a rachetées. Et c’est désormais lui qui écrit l’Histoire du prieuré.
Mathilde Fontès