De retour sur scène, l'humoriste entame une méga tournée qui débute ce mardi 28 septembre au théâtre Bobino, à Paris. Si le rire reste son moteur, Anne Roumanoff, porte un regard en demi-teinte sur l'après-Covid. Sans perdre son sourire !
Se remettre en question sans se prendre la tête. C’est un peu la ligne de conduite d’Anne Roumanoff, l’une des comiques les plus populaires du pays. Ces 18 mois de pandémie n’ont altéré ni son enthousiasme ni son regard lucide, amusé et un rien caustique sur notre société. Pourtant, l’artiste n’a pas été épargnée par une contamination (légère) du Covid puis son éviction d’Europe 1, rejoignant la charrette des nombreux départs de la station. Mais Anne Roumanoff a du ressort. Elle se lance à partir de ce mardi soir dans cinq représentations exceptionnelles à Bobino, avant d'entamer une méga tournée de 95 dates. Le titre de son nouveau spectacle résume son humeur actuelle : Tout va presque bien…Quelle est la dernière fois que vous avez ri ?C’était il y a quelques minutes avec mon coach sportif. On a bien rigolé à propos des gens qui me doublaient dans le parc. De toute façon, je ris tous les jours. En revanche, je ris, peut-être, moins aux spectacles de mes collègues humoristes. C’est un peu comme le boulanger qui goûte la baguette d’un collègue…Tout va presque bien, est le titre de votre spectacle. Que voulez-vous dire par “presque” ?C'est un clin d’œil, car mon précédent spectacle s’appelait Tout va bien. Comme j’ai apporté un certain nombre de modifications et que tout ne va pas forcément bien, je tenais à le préciser en marquant cette différence dans le titre….
"Le vrai succès d'un artiste se mesure à sa fidélité à son public. Que les gens soient satisfaits de vous. Moi, je le vis comme une chance." Qu’est-ce qui ne tourne pas bien actuellement, selon vous ?L’impact de cette pandémie est réel, il a affecté des gens. Nous avons quand même vécu un an et demi entre parenthèses, la perception du temps a été modifiée, tout comme celle du futur. Il y a aussi une crainte qu’une nouvelle vague et ses conséquences recommencent. Beaucoup de gens expliquent avoir appris à vivre dans le présent, mais c’est aussi sympa de pouvoir se projeter dans le futur.Vous avez été atteinte par le virus. Comment l’avez-vous vécu ?Même si je n'ai eu que des symptômes très légers, j'ai eu peur de mourir. Quand on est malade, on ne sait jamais quelle forme va nous toucher. Tout va bien depuis ! Je suis vaccinée et j’attends ma deuxième dose.Comment peut-on rire du Covid-19 ?Il faut trouver un angle. Ce sera à travers divers personnages, l’un partant à la campagne, l’autre étant complotiste, etc. Et puis, cela fait du bien d’en rire, pour moi et le public, mais ce ne sera qu’un sujet parmi d'autres de mon spectacle.
"L'ambiance actuelle est un peu électrique"Cette année présidentielle, c’est aussi une mine d’inspiration ?Sûrement, mais je pense que l’on rentre dans une période très incertaine. L'épidémie a tendu les relations entre les gens, c’est parfois devenu plus violent. C’est, sans doute, aussi l’effet covid qui a donné un coup sur la tête à tout le monde. L’ambiance est un peu électrique.Vous, l’ex-élève de Sciences Po, avez-vous un jour envisagé un jour une carrière politique, voire de vous présenter à la présidentielle, comme le fut en son temps un certain Coluche, en 1981 ?Jamais de la vie, ce n’est pas mon job ! Je vois déjà ce que les politiques se prennent dans la figure. Nous-mêmes, humoristes, on se fait pas mal attaquer. La violence des réseaux sociaux est réelle. Cela ne m'empêche pas de faire mon métier. Pour moi, on peut rire de tout, à condition de trouver un angle. Je ne suis pas dans la nostalgie, du genre à dire : "C'était mieux avant".Votre dernière cible, c’est Eric Zemmour, que vous égratignez dans votre dernière chronique du Journal du dimanche, le qualifiant de “variant Zemmour”... Je me trouve plutôt modérée par rapport à ce que je pense vraiment. J’avais envie d’apporter ma contribution au sujet, non pas parce que tout le monde en parle, mais c’était le thème de la semaine. Les antiracistes doivent changer de logiciels et être un peu moins Bisounours pour s’affirmer et contrer leurs opposants. L’antiracisme sentimental ne suffit pas. Je n’ai pas de solution, étant une modeste observatrice.Allez-vous revenir sur votre éviction récente d’Europe 1 ?C’est mon histoire personnelle. Laurent Ruquier m’a recueillie sur RTL, aux Grosses têtes, la meilleure émission humoristique à la radio. J’en suis très reconnaissante.Que faites-vous avant de monter sur scène ?Je bois du thé, de la vitamine C, du café, un petit biscuit… et après le spectacle, je n’arrive plus à dormir, car j’ai pris trop de trucs avant !
Tout va presque bien. Anne Roumanoff. À Paris, à Bobino, les 28, 29, 30 septembre, 1er et 3 octobre.À Clermont-Ferrand, le 12 novembre ; Tulle, le 13 novembre ; Bordeaux, le 11 décembre, … Toutes les dates sur les plateformes habituelles de réservations et anneroumanoff.com
Olivier Bohin