Depuis quelques jours, l’Auvergne compte un nouvel équipement de radiothérapie qui pourra bénéficier aux patients auvergnats dans le cadre de leur parcours de soins du cancer. Cet accélérateur linéaire de particules en radiothérapie (*) – un équipement suédois – est le premier à être installé en France dans une clinique. Il complète un équipement du même type, en place depuis environ six ans au Pôle Santé République.
Il a été inauguré, jeudi 23 septembre, au PSR (groupe Elsan) à Clermont-Ferrand et démarrera mi-octobre, une fois que l’équipe sera formée. Elle est constituée de quatre médecins, quatre physiciens et dix manipulateurs radio. Parmi eux, Vivien Fung, oncologue et radiothérapeute, nous éclaire sur cette haute technologie.
Quelles sont les possibilités de cet accélérateur ?
Il est doté des dernières technologies les plus complexes permettant la réalisation de traitements de haute technicité telles que la radiothérapie stéréotaxique et la radiothérapie VMAT (irradiation avec modulation d’intensité volumétrique par arcthérapie).
La première est une technique d’irradiation de haute précision permettant de délivrer de fortes doses sur une cible, tout en préservant les tissus sains adjacents. Dans la VMAT, la dose d’irradiation est délivrée à la tumeur lors de la rotation continue de 360 °C de la tête de l’accélérateur. La distribution de la dose se dépose de façon précise, en redessinant la forme de la tumeur.
Coût. Le service de radiothérapie du Pôle Santé République a investi près de 3 millions d’euros dans ce nouvel équipement. Il s’agit du premier accélérateur de cet équipementier suédois, installé en France.
Pour quelles pathologies ?
Initialement développée pour les tumeurs cérébrales (métastases cérébrales, malformation artério-veineuse, méningiome), les indications de la radiothérapie stéréotaxique se sont considérablement étendues depuis quelques années (métastases osseuses, cancer du poumon, cancer du foie, etc.) et notamment dans les situations de ré-irradiation nécessitant une précision extrême, permettant parfois au patient de ne plus être opéré.Les patients sont munis d'un casque permettant une localisation des rayons très précise.
Quels progrès augure cet équipement pour les patients ?
Premièrement, en raison de sa plus grande précision permettant de délivrer plus de doses dans un volume réduit, les patients auront potentiellement besoin d’un nombre total de séances moins important. Ce qui limite la fatigue et le coût liés aux trajets répétés. À titre d’exemple, un cancer de la prostate de bon pronostic qui réunit tous les critères requis pourra être traité en 20 séances sur 4 semaines au lieu des 38 à 40 séances historiques sur 8 semaines. Certains cancers du sein n’auront besoin que de 15 séances au lieu de 33.
Ces améliorations technologiques issues de la recherche clinique ont permis d’aboutir à des schémas d’irradiation plus courts, tout aussi efficaces et parfois même mieux tolérés.
Deuxièmement, la radiothérapie stéréotaxique peut, sous certaines conditions, se substituer à la chirurgie. Dans cette indication, il s’agit d’un traitement ambulatoire et indolore pour lequel le malade n’a pas besoin d’être hospitalisé. La haute précision demandée par la stéréotaxie sera appliquée pour tout type de tumeur et donc tous les patients en bénéficieront.Enfin, par rapport à des appareils de précédente génération, les effets secondaires seront moindres. (*) Des équipements de même type existent aussi, depuis 2012, au Centre de lutte contre le cancer Jean-Perrin à Clermont-Ferrand.
Qu'est-ce qu'un accélérateur de particules ? La radiothérapie consiste à utiliser des rayonnements pour détruire les cellules cancéreuses en bloquant leur capacité à se multiplier. On parle d’un traitement locorégional des cancers. Un accélérateur de particules est l’appareil qui génère ce rayonnement par le biais d’un faisceau de photons ou d’électrons. Un traitement de radiothérapie se décompose comme une séquence pendant laquelle la forme du faisceau et l’intensité du rayonnement s’adaptent aux caractéristiques de la tumeur afin de la cibler tout en épargnant les organes sains qui l’entourent.
Michèle GardetteUn accélérateur de particules de dernière génération inauguré, jeudi 23 septembre.