C’est l’un des taux d’incidence les plus bas de France. Avec 65 cas sur 100.000 habitants, le Cantal reste relativement ménagé par l’épidémie de Covid-19. Bonne nouvelle... ou bombe à retardement ? Le docteur Mathieu Kuentz, biologiste au centre hospitalier d’Aurillac, explique pourquoi le département semble pour le moment épargné.
Derrière la Creuse (35 cas sur 100.000 habitants) ou la Haute-Marne (57), il fait partie du top dix des départements où le Covid-19 se propage le moins. Le Cantal affiche le neuvième taux d’incidence le plus bas de France métropolitaine, avec 65 cas sur 100.000 habitants. Le seuil d’alerte, fixé à 50, a été dépassé presque partout.
« Le taux d’incidence que nous rencontrons ne nous permet pas d’envisager un durcissement de la situation au-delà de ce que prévoit le décret du 19 juillet », estimait Serge Castel, préfet du Cantal, lors d’une conférence de presse organisée le 3 août. L’indicateur s’élevait alors à 45.
Mais il ne faut pas crier victoire trop vite. Regardez les départements voisins : ils sont aussi ruraux que nous… mais moins bons.
En Aveyron, le taux d’incidence culmine à 192. Il atteint 210 côté Lozère, repeinte en rouge vif sur la carte tricolore du Covid.
Toujours « deux ou trois semaines de décalage »Les Cantaliens s’en sortent bien. Et ce n’est pas étonnant, selon le Dr Mathieu Kuentz, biologiste médical au centre hospitalier d’Aurillac. « Un premier facteur, déjà constaté au cours des trois premières vagues : nous avons toujours un décalage, avec les autres départements, en termes de nombre de patients et d’incidence. » D’après lui, c’est historique. « À chaque fois, nous avons deux ou trois semaines de décalage, note-t-il. C’était déjà connu avec d’autres virus comme la grippe?! » Même si pour le moment, l’épidémie épargne le territoire, rien ne permet donc d’affirmer que cela durera.
Président de la commission médicale d’établissement de l’hôpital d’Aurillac, Mathieu Kuentz décrypte cette spécificité cantalienne.
« Notre densité de population fait que l’on a des chaînes de transmission du virus moins évidentes. C’est ce que l’on observait aussi lors des premières vagues : le taux d’incidence montait, mais n’explosait pas comme dans certains territoires, plus urbains, où la densité est extrêmement importante. »
Et la nature, le relief, la géographie ? « Le virus s’en fiche totalement de savoir si vous vivez ou pas sur un volcan, répond le Dr Kuentz. Par contre, là où la géographie est importante, c’est pour les axes de communication. Les flux d’Aurillac n’ont rien à voir avec ceux de Clermont ou de Lyon. Moins vous avez d’échanges, moins le virus va circuler. » L'enclavement a aussi du bon.
Une « épée de Damoclès » plane encore sur le CantalLe biologiste prend un nouvel élément en compte. « Ce qui change, par rapport aux autres vagues, c’est que nous avons un taux de vaccination assez important dans le département. On ne dit jamais “jamais” en médecine, mais nous constatons que le vaccin évite les formes graves du Covid. »
La prudence reste de mise. « Comment l’afflux touristique va-t-il faire évoluer la contamination?? Je ne sais pas », concède Mathieu Kuentz. Arrivée des aoûtiens, retour des Cantaliens partis en vacances… Selon lui, tout peut aller très vite. « Imaginez un bus, un voyage organisé qui revient des Landes, d’Espagne. Puis imaginez ces gens participer à un mariage… Vous pouvez avoir une explosion des chaînes de transmission. Oui, il y a toujours une épée de Damoclès » qui plane sur le Cantal.
Romain Blanc
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