L'espoir est une plante qui demande assez peu d'entretien. Placez-le dans un coin agréable, pas forcément sous une lumière directe, arrosez-le de temps en temps seulement, et il peut résister longtemps. Christiane Taubira le sait bien, qui prend soin régulièrement depuis 2017 de remettre un peu d'eau dans la coupole bien aride des militants socialistes, et plus largement de la gauche.
Après une dernière carte postale en date envoyée début mai dans une interview à Causette – "J'ai de l'admiration et du respect pour celles et ceux qui s'organisent autour de ma candidature de façon très active" –, l'Arlésienne de la gauche pour l'élection présidentielle de 2022 a ressorti cet été son arrosoir, rapporte un article du Figaro publié ce week-end, intitulé "Présidentielle : plébiscitée, Taubira pose ses conditions". Où l'on apprend que l'intéressée entretient toujours son suspense persistant, consistant à ne surtout pas claquer la porte à l'éventualité de sa candidature.
Rapportant une rencontre de Christiane Taubira "avec trois de ses soutiens" du collectif Taubira pour 2022 en marge, début juillet, du Festival international de journalisme de Couthures-sur-Garonne (Lot-et-Garonne), Le Figaro nous indique qu'elle leur aurait déclaré : "Si je mène campagne, c’est pour gagner". Soit. Le quotidien de la droite ajoute que l'ancienne ministre de François Hollande a précisé qu'elle ne serait pas "la candidate de l'émiettement" mais que justement, "à date, les conditions du rassemblement ne sont pas là". Deux bouts de phrases que nos confrères analysent logiquement ainsi : "L’ancienne ministre acceptera de se lancer dans la bataille si et seulement si elle apparaît au fil des mois comme la candidate naturelle du camp de la gauche".
"Si je mène campagne, c’est pour gagner"
"Elle sait que les citoyens sont derrière elle, mais elle nous a prévenus qu’elle ne ferait rien sans le soutien des partis", leur confirme avoir compris une membre du collectif qui a participé à cet échange. En clair, l'appel d'air au PS et la pelle de sondages positifs à son égard ne suffisent à Christiane Taubira : il lui faut un plébiscite de ses camarades. Un positionnement très gaullien, en somme, ravivé dans l'histoire politique plus récente par Nicolas Sarkozy : je reviendrai si la France – de gauche en l'espèce – m'appelle.
Alors, à qui ce message s'adresse-t-il ? Sûrement pas aux militants de la base, dont sondages après sondages indiquent qu'ils plébiscitent un retour de la dame du mariage pour tous. Christiane Taubira a également d'ores et déjà reçu l'appui du dernier candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon. Et on ne voit pas Olivier Faure, l'actuel secrétaire du PS, lui faire barrage de son ego. Quant à Jean-Luc Mélenchon, elle le sait, il ne déroulera le tapis rouge à aucun·e autre candidat·e de la gauche. Restent donc deux hypothèques à lever : EELV et Hidalgo.
Du côté de la maire de Paris, aujourd'hui engagée dans un mandat qui court jusqu'en 2026 et qui passera par les JO de 2024, si l'édile trempe ostensiblement l'orteil dans le bain de 2022, elle n'a pas encore démontré une volonté farouche d'y plonger. Pas suffisamment, en tout cas, pour provoquer de sursaut encourageant dans les intentions de vote, qui oscillent en-dessous des 6,36% de Hamon 2017. Derrière elle, également depuis Couthures-sur-Garonne en juillet, Audrey Pulvar a déjà montré qu'une candidature Taubira 2022 pourrait très vite réorienter les tournesols socialistes, apportant un soutien appuyé à celle qui l'avait elle-même soutenue aux régionales en Ile-de-France, rapporté par Politico : "Je pense qu’elle a la capacité de convaincre les abstentionnistes de gauche, cet électorat populaire qui nous manque."
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Du côté des écolos, quatre personnalités sont aujourd'hui en lice (Delphine Batho, Yannick Jadot, Éric Piolle et Sandrine Rousseau) pour une primaire prévue en septembre. En parallèle, une initiative citoyenne baptisée "la Primaire populaire" a surgi en juillet. Cette campagne, inédite en son genre, prétend rassembler la gauche, en proposant aux électeurs de parrainer jusqu’au 11 octobre un citoyen avant qu'un vote, organisé du 18 au 21 novembre, ne départage les cinq hommes et cinq femmes ayant recueilli le plus de soutiens. Utopique à ce stade, le projet confirme néanmoins une nouvelle fois le statut largement favori de Taubira, qui caracole nettement en tête des parrainages en ce début août. Bref, un boulevard dégagé comme celui-ci, on n'en a pas connu depuis le passage de Rivoli en piste cyclable.
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Crédit photo : flickr/Philippe Grangeaud
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