La première fois que Violette a traversé l’Atlantique, c’était lors de la Mini Transat en 2019 à bord d’un 6,50 (monocoque de 6m50). Mais en mai dernier, c’est à un tout autre niveau que la skippeuse s’est confrontée à bord de son Figaro 3 : la Transatlantique en Double. Totalement différente de la Mini Transat, cette course sans étape permet aux coureurs de bénéficier d’un système de routage, d’un ordinateur et surtout d’avoir un coéquipier ! Au côté d’Alan Roberts, Violette et les 18 équipages se sont donc élancés, le 12 mai 2021, sur la ligne de départ direction St Barthélemy.
Le choix du coéquipier a été une étape importante. Sa rigueur, son métier d’architecte naval et son expérience ont fait d’Alan Roberts le partenaire idéal pour cette transat : « Il a beaucoup d’expérience, il calcule tout à bord et il est très rigoureux dans sa préparation. Je savais que c’était quelqu’un qui pouvait m’apporter en expérience, et je savais aussi qu’il était agréable à vivre et c’est important sur un bateau ». La preuve en mer, puisque pendant ces 20 jours de navigation a coordination du duo à bord de Devenir a été excellente.
Le duo est parti avec un sacré retard. Tellement pressés d’en découdre, ils ont pris un départ prématuré et ont été contraint de repasser la ligne de départ (départ OCS). Ce départ précipité leur a valu une place en fin de peloton dès le début de la course. Ils n’ont pas pour autant baissé les bras, ils n’avaient devant eux que des bateaux à rattraper, et c’est ce qu’il s’est passé par la suite grâce à leurs choix audacieux.
La première option que Violette et Alan ont pris, c’est le passage du DST (Dispositif de Séparation de Trafic) au large du cap Finistère. Certains de leurs routages conseillaient de contourner ce DST par l’extérieur et contrairement au reste de la flotte, ils ont suivi cette option. Un choix payant puisque très rapidement ils ont pu se placer correctement dans la flotte.
Une autre décision a été difficile à prendre : lors de la traversée de l’Atlantique, à mi chemin entre les Îles Canaries et St Barthélemy, la flotte s’est scindée en deux groupes, avec d’un coté les sudistes, de l’autre, les nordistes. Violette et Alan ont pris l’option Nord, 10 jours avant d’avoir le re-croisement des deux groupes : les fichiers n’allaient pas jusqu’au bout de la course. Il était donc impossible de savoir qui pouvait remporter la Transat en Double au moment de ce choix.
Tout au long de la course, le duo a suivi sa propre route et fait ses propres choix. Alan a pu apporter à Violette toute son expérience : « Il réfléchit, il pose tout, il fait des probabilités, il pose le pour et le contre et on peut prendre des décisions très sécurisées, et parfois il ose, il va pas suivre la flotte bêtement, il va réfléchir et prendre des options ». Les routages, les décisions, ils les ont pris ensemble, mais Violette avait le dernier mot en donnant son accord final.
Même si il y a eu peu de casse à bord du bateau, il leur est arrivées quelques complications : « Alan a dû plonger sous le bateau car une grosse amarre de cargo s’est prise dans la quille. C’était de nuit et il y avait pas mal de houle ». Et ne parlons pas des Sargasses… quelques jours après le passage des Canaries, ce sont dans les algues que les Figaristes ont dû avancer. Il a alors fallu s’acharner et les enlever jour et nuit : un passage compliqué et fatiguant puisqu’il fallait aller à l’avant du bateau et tirer sur une corde. Il était inconcevable pour notre duo de naviguer dans des algues : « On s’est dit qu’on était plus fort qu’elle alors on s’est bien énervés dessus, on n’a rien lâché et je pense que ça nous a fait gagner en vitesse. »
« Je prépare le Vendée Globe 2024 et cette course était un test. Je voulais voir si j’arriverai à bien vivre pendant ces 20 jours, si le temps n’allait pas être trop long. Je suis hyper contente parce que j’étais bien sur l’eau, je ne m’ennuyais pas. C’est vrai que d’être à deux c’est plus facile, on peut parler quand on en ressent le besoin, mais finalement on se croisait car chacun faisait ses quarts : il y en a un qui dormait pendant deux heures, il se réveillait, on discutait un peu puis l’autre repartait pendant deux heures, donc finalement on faisait seul les quarts de deux heures. Mais je suis assez contente parce que j’étais bien sur l’eau, j’étais à l’aise, j’étais heureuse et je me sentais dans mon milieu, ça me rassure un peu pour le Vendée Globe, me dire que j’aime bien être en mer, c’est un point important.
Ce qui m’a beaucoup aidé pendant cette traversée, c’est les enregistrements audio de ma préparatrice mentale, de ma famille, de mes amis et des jeunes Apprentis d’Auteuil, ça m’a donné beaucoup de courage sur l’eau. « Pendant cette course, Violette a beaucoup appris : la gestion du temps durant ces 20 jours, les routages, et la routine de préparation du bateau, un point sur lequel elle a beaucoup progressé avec Alex, son préparateur. » Prendre de vraies décisions, suivre ses routages et être sûr de soi.
C’est les 3 grands apprentissages de cette course ! » Et surtout une belle 9ème place pour l’équipage ! Même si le classement final n’était pas le plus important, un premier top 10 sur le circuit Figaro c’est plutôt plaisant.