Huit cantons et deux points chauds. Les binômes qualifiés pour le second tour des élections départementales avaient jusqu’à mardi, à 18 heures, pour déposer leur candidature. Dimanche 27 juin, le second acte verra seize binômes s’affronter en duel dans les huit cantons restant à pourvoir.
Le Cantal toujours plus à droiteLa majorité départementale DCI (Droite, centre et indépendants) se retrouve en ballottage très favorable avec déjà cinq cantons sur les quinze que compte le Cantal dans sa poche : Naucelles, Arpajon-sur-Cère, Saint-Flour 1, Vic-sur-Cère et Mauriac. En attendant le vote de dimanche qui devrait confirmer la mainmise de la droite sur le département, avec Florian Morelle-Dominique Beaudrey (Maurs), Sylvie Lachaize-Jamal Belaïdi (Aurillac 1), Valérie Cabecas-Jean Mage (Riom-ès-Montagnes) et Gilles Combelle-Valérie Semeteys (Saint-Paul-des-Landes), en ballottage favorable. Ses alliés centristes du ROC (Rassemblement et ouverture pour le Cantal) devraient également réaliser le doublé, avec l’élection de Mireille Leymonie-Alain Delage (Ydes) et après la victoire de Céline Charriaud et Jean-Jacques Monloubou à Neuvéglise-sur-Truyère.
Et la gauche dans tout ça ? Elle ne peut plus miser que sur les cantons Aurillac 2 et 3 pour espérer conserver des élus au sein de l’assemblée départementale ; la situation sur Saint-Flour 2 semblant mal embarquée pour elle (lire ci-dessous). Là plus qu’ailleurs, les reports des voix des binômes non qualifiés et la mobilisation des abstentionnistes (elle a atteint un niveau record dans le département, dimanche soir, avec un taux de 58,12 %, NDLR) seront les clés d’un scrutin extrêmement serré.
Le PCF appelle à « barrer la route à la droite »Sur Aurillac 2, si le remake des dernières municipales entre Pierre Mathonier (PS) et Jean-Antoine Moins a une nouvelle fois tourné en faveur du maire socialiste, son opposant à la Ville et conseiller départemental sortant le talonne. Seulement cinquante-huit voix les séparent (47 % pour Pierre Mathonier-Valérie Rueda contre 44,27 % pour Jean-Antoine Moins-Martine Besombes). Les voix des communistes (8,73 % des suffrages exprimés sont allés vers Jean-Pierre Roume et Aurélie Demoulin) sont normalement un réservoir pour le ticket de la gauche. Mais le PCF a toujours en travers de la gorge que la gauche ne se soit pas unie sur la ville-préfecture, alors qu’elle est pourtant alliée au sein de la majorité municipale, comme elle l’a fait partout ailleurs dans le département, sauf à Saint-Paul-des-Landes. « La gauche doit être unie, dans le respect de toutes ses composantes et doit redonner confiance à nos concitoyens. Persister dans cette division pourrait coûter cher. Le maire doit prendre la mesure de l’influence du PCF et de ses élus (qui ont récolté près de 11,06 % des suffrages exprimés sur Aurillac, NDLR) », dénonce le PCF, qui n’appelle pas directement ses électeurs à voter pour Pierre Mathonier, mais « à barrer la route à la droite sur chacun des trois cantons aurillacois ».
Quid du report de voix d’Alain Calmette ?Sur Aurillac 3, un canton dont le cœur bat traditionnellement à gauche, ce sont pourtant les candidats de la majorité départementale, Henri Manhès et Anne Tissier, qui sont arrivés en tête dans les cinq bureaux de vote du canton, avec 38,07 % des suffrages exprimés. Ils retrouveront face à eux, dimanche, Stéphane Fréchou (EELV) et Magali Maurel (PS), crédités de 27,50 %.
En revanche, avec 22,41 %, le conseiller départemental sortant Alain Calmette (majorité présidentielle) et son binôme Nicole Soulenq-Coussain (MoDem) ne peuvent pas se maintenir : le tandem aurait dû recueillir au moins 12,5 % des électeurs inscrits pour pouvoir le faire. Si un seul ou aucun des binômes n’avait atteint 12,5 %, seuls les deux premiers en voix pouvaient participer au second tour, qui s’annonce serré. Alors qu’ils avaient échoué à une soixantaine de voix de la victoire il y a six ans, Henri Manhès et Anne Tissier n’ont jamais été aussi près. En plus de leur capacité à mobiliser leur électorat (67,2 % des électeurs ne sont pas allés voter), l’autre inconnue concerne le report des voix. Si la majorité des suffrages de Jean-Paul Peuch (GRS) et Carole Touzy (PCF), qui ont dépassé la barre des 12 %, dimanche soir, devraient « logiquement » se reporter sur le binôme de gauche, quid des 462 électeurs dont les voix sont allées sur Alain Calmette et Nicole Soulenq-Coussain ? Bien malin qui pourrait dire comment va se faire la répartition. Alain Calmette, lui, n’a pour le moment pas donné de consigne de vote. Mais cet électorat pourrait se disperser entre la tentation du centre droit et l’ancrage à gauche, rendant ainsi les pronostics de ce second tour encore plus compliqués.
Emmanuel Tremet