Nul n’est censé ignorer Camille Paglia, cette féministe américaine fascinée par l’Antiquité qu’elle a enseignée à l’université de Yale, à l’humour féroce, plus proche de Sade et de Nietzsche que de la « French Theory », cette imposture élitiste qui a permis aux disciples de Derrida, de Lacan et de Foucault de se vautrer dans leur propre fange verbale. Aussi quand elle a appris qu’Homère avait été retiré du programme scolaire des écoles du Massachusetts, son sang n’a fait qu’un tour. Et elle n’a pas caché ce qu’elle pensait du néo-féminisme, « ce bac à légumes dans lequel des bandes de pleureuses opiniâtres entreposent toutes leurs névroses pourrissantes. »
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Camille Paglia, qui a pour modèles les déesses romaines et les prostituées, n’en peut plus que dès qu’une fille se fait arracher son soutien-gorge on fasse appel à la Shoah, et clame haut et fort que le temps est venu de mettre fin à ce féminisme d’infirmerie, qui accueille comme dans un hôpital psychiatrique des cohortes entières de larmoyantes, de victimes de viols et de survivantes à l’inceste. Cette libertaire a pris en horreur toutes celles – et tous ceux, bien sûr, – qui se réfugient dans le statut de victimes pour mieux dissimuler leurs propres échecs en les attribuant au patriarcat plutôt qu’à elles-mêmes. Mieux vaut lire Homère que geindre.
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Cette libertaire est évidement favorable à l’euthanasie qui relève d’une décision individuelle tout comme les formes les plus inadmissibles aujourd’hui de la sexualité (elle songe évidemment aux débats sur le consentement). L’État ne doit disposer d’aucun pouvoir de contrôle ou de réglementation sur notre sexualité ou notre désir de quitter la vie. Par ailleurs, et cela achèvera de vous la rendre sympathique, elle est favorable à la peine de mort. À titre personnel, je vote Camille Paglia.
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