Les salles rouvrent et on s’est dit qu’entre les films déjà à l’affiche avant le second confinement, les films dont la sortie était prévue avant le couvre-feu de Noël dernier et les films inédits, un petit guide s’imposait.
Bénéficiaires d’un très bon box-office au moment de leur première exploitation en octobre dernier et grands vainqueurs des cérémonies, Adieu les cons d’Albert Dupontel et Drunk de Thomas Vinterberg devraient repartir sur leur très bonne lancée et s’offrir le statut de grandes vitrines de la réouverture des salles. Derrières ces deux grands favoris qui n’ont pas vraiment déclenché notre enthousiasme aux Inrocks (auxquels s’ajoute ADN de Maïwenn), on lui préfèrera le plus discret Garçon chiffon, premier long métrage épatant d’audace et de délicatesse signé par l’acteur et réalisateur Nicolas Maury. Candidat malheureux de la semaine du 28 octobre, il n’aura vécu que deux jours en salles. Un bel accueil, dès ce mercredi 19 mai, pourrait réparer cette injustice.
Une sortie de 48h, c’est également ce qui avait frappé le film espagnol Une vie secrète, huis clos sur la vie d’un opposant au régime de Franco traversé d’un grand souffle romanesque.
La résistance d’un autre antifranquiste (Josep Bartolí) est également raconté dans le poignant film d’animation Josep du dessinateur Aurel. Toujours en cinéma d’animation, la réouverture des salles présentera une offre particulièrement riche avec la réécriture féministe de Calamity Jane par Rémi Chayé et le sympathique Petit vampire, adaptation par Joan Sfar de sa bande dessinée qui avait connu un grand succès en librairies au début des années 2000. Enfin, il ne faudra pas manquer le portrait de Michel-Ange signé Andrey Konchalovsky, une œuvre marquée par l’impressionnante prestation d’Alberto Testone et une restitution visuellement éblouissante de l’Italie de la Renaissance.
Annoncé pour le 2 décembre dernier puis repoussé à multiples reprises, Mandibules de Quentin Dupieux sortira enfin au cinéma ce mercredi 19 mai. Cette comédie dans laquelle un duo digne d’un film de Francis Veber se trouve transmuté dans l’univers délirant du musicien/cinéaste pourrait finalement tirer profit de la situation sanitaire. En effet, quelque chose nous dit que ces retardements successifs boostés par la popularité du duo du Palmashow (Grégoire Ludig et David Marsais) peuvent sérieusement prétendre à faire du neuvième film de Dupieux son plus gros succès en salle (il faudrait, pour cela, dépasser les 290 674 entrées générées par Steak en 2007).
Dans un tout autre registre, Slalom de Charlène Flavier propose un regard pertinent sur la relation d’emprise qu’entretient un entraîneur (Jérémie Renier, glaçant) sur une jeune skieuse (Noée Abita) et prolonge le travail littéraire initié par Vanessa Springora dans Le Consentement et Camille Kouchner dans La Familia grande. Il faudra aussi compter sur deux très beaux films issus de la cuvée 2020 de l’ACID : Il mio corpo de Michele Pennetta et Si le vent tombe de Nora Martirosyan. Le premier est le portrait entrelacé de deux jeunes hommes que tout sépare sous le soleil écrasant de Sicile, tandis que le second propose une passionnante réflexion sur un territoire et ses frontières (une petite république située dans le Caucase).
Si, bien aidé par ses récompenses aux Oscars (meilleur acteur pour Anthony Hopkins et meilleur scénario adapté pour Zeller), The Father de Florian Zeller devrait attirer les foules, on préférera, en lieu et place de ce cinéma aux procédés roublards, garder un œil attentif sur Hospitalité du cinéaste japonais Koji Fukada, un film de 2010 et inédit en France d’un auteur que l’on apprécie spécialement à la rédaction.
Et pour juin on attend notamment :
Playlist de Nine Antico (2 juin)
Petite Maman de Céline Sciamma (2juin)
Nomadland de Chloé Zhao (9 juin)
La nuée de Just Philippot (16 juin)
Il n’y aura plus de nuit de Eléonore Weber (16 juin)
Sans un bruit 2 de John Krasinski (16 juin)
Sound of metal de Darius Marder (16 juin)
Minari de Lee Isaac Chung (23 juin)