Elle l’appelait son « tonton d’amour ». Un ami de vingt ans de ses parents. Il l’accueillait chez lui, le week-end ou pendant les vacances. Il lui offrait des cadeaux et l’affection qu’elle ne trouvait pas ailleurs.
Un père "de coeur"Mais les relations « fusionnelles » entre la petite fille de 8 ans et ce père « de cœur » de 40 ans ont pris une funeste tournure. « Plus ça allait, plus j’avais de l’affection pour elle », raconte le quadragénaire, décrit comme un homme seul et immature sexuellement.
« Là, on ne parle plus d’affection ! », corrige Anne David, la présidente de l’audience. Les massages qu’il prodiguait « pour la détendre » sont devenus plus prononcés. Se transformant en caresses sur tout le corps, accompagnés de baisers sur la bouche, « parfois quand elle dormait ».
Les faits ont duré pendant plus de trois ans. « Vous l’avez considérée comme une adulte et après comme un objet », analyse Anne David.
« Tout ça est d’une infinie tristesse, car cette petite fille vous aimez bien. Vous avez trahi son innocence. »
Dans ce dossier, le sordide semble sans fin. La petite victime, tandis qu’elle subissait les attouchements de ce « tonton » déviant, était aussi violée par son vrai père. Celui-ci a été condamné, pour ces faits, à douze ans de réclusion criminelle, en décembre dernier, par la cour d’assises du Puy-de-Dôme.
Il se dénonceC’est au cours de cette première enquête que le prévenu a spontanément révélé ses propres agissements, estimant que le père de la fillette, un frère pour lui, était innocent. « Mais les gendarmes, pensant qu’il voulait protéger son ami, ne l’ont pas cru », rapporte Me Josette Dupoux, avocate de la partie civile.
« Personne ne s’est dit qu’elle pouvait être victime des deux. Là, il y a eu un “couac”. »
Quelques mois plus tard, à l’approche du procès du père, l’ami se dénonce à nouveau. « Qu’est-ce qui vous travaille alors, le fait que votre ami soit renvoyé aux assises ou la situation de la victime », l’interroge Me Dupoux. « Les deux », lâche le prévenu, qui a bien du mal à mettre des mots sur ses actes.
« C’est mal, c’est pas normal, c’est interdit », reconnaît-il, à quelques mètres de la victime, aujourd'hui adolescente, venue courageusement chercher des explications. « Il a véritablement conscience qu’il a fait du mal », estime Me Domitille Fauve en défense. « Les choses ont dérapé. Mais il ne saura pas dire pourquoi. »La procureure veut quatre ans de prison, assortis d’un suivi sociojudiciaire de dix ans. Pour le tribunal, ce sera trois années assorties d’un sursis probatoire de trois ans.
Olivier Choruszko