Deuxième vice-président de la Région en charge de l'aménagement du territoire et de l'Auvergne, de 2016 à 2019, obligé à céder la vice-présidence en 2019 à sa réélection au parlement européen, Brice Hortefeux a terminé le mandat comme conseiller spécial de Laurent Wauquiez. Après réflexion, il a décidé de se présenter dans ces régionales et explique pourquoi.
Finalement, vos repartez ?
Ou. J'ai clairement hésité, partagé entre l'envie de continuer à agir et l'aspiration légitime à prendre du recul pour moi, ma famille et mes proches. Ne vous y trompez pas, c'est une question que tout élu se pose, car l'engagement est passionnant mais dévorant. Après en avoir parlé avec Laurent Wauquiez, j'ai décidé de m'investir pour la région. D'ailleurs de manière presque bénévole, puisqu'étant écrêté je ne perçois quasiment pas d'indemnité.
Député européen, vous êtes concerné par la loi sur le cumul des mandats qui vous empêche d'être dans l'exécutif. Quel sera votre rôle en cas de réélection ?
C'est Laurent Wauquiez qui décidera. D'abord, en tant que seul député européen auvergnat, je suis le porte-parole naturel de nos territoires à Bruxelles, je dénonce quand il le faut les excès de la bureaucratie européenne, tout en veillant à ce que l'Auvergne bénéficie de ce que l'Europe peut lui apporter, notamment les 1,4 milliard d'aides pour des projets auvergnats. Ensuite, en poursuivant l'action initiée par Laurent Wauquiez de permettre des projets qui ne pourraient se concrétiser sans l'action régionale. Dans le Puy-de-Dôme, ce sont 803 initiatives qui ont été accompagnées, salles des fêtes, cantines, maisons de santé, réaménagements de bourg, équipements sportifs. Nos communes bougent et changent grâce à cela.
Du saupoudrage, a dénoncé l'opposition durant tout le mandat. La tête de liste En Marche, Bruno Bonnell, dit aussi qu'on ne se rappellera d'aucune grande réalisation de ce mandat.
C'est un nouveau témoignage que la tête de liste En Marche ne connaît rien à l'Auvergne, car la réhabilitation de la Halle aux blés à Clermont, après 19 ans d'abandon, va offrir un rayonnement cuturel qui dépassera le Puy-de-Dôme et même l'Auvergne, car il deviendra un magnifique espace d'expositions majeures.
Visite de chantier de La Halle aux blés, en présence de Laurent Wauquiez, Brice Hortefeux et Jean-Marc Boyer. Photo Remi Dugne
Irez-vous au bout de votre mandat si vous êtes réélu ?
Dans toute ma vie publique, jamais je ne me suis engagé à moitié.
On dit que Laurent Wauquiez a besoin de vous pour rester proche de Nicolas Sarkozy.
Mon engagement aux côtés de Nicolas Sarkozy est total et définitif. Je lui suis reconnaissant de m'avoir permis d'exercer des fonctions passionnantes. Pour le reste, aujourd'hui, je suis aux côtés de Laurent Wauquiez, et comme beaucoup je mesure la chance pour notre région de l'avoir à sa tête.
Pourquoi avoir laissé la première place de la liste dans le Puy-de-Dôme ?
Comme Laurent Wauquiez en Haute-Loire (*), j'ai souhaité encourager la féminisation et le rajeunissement de l'équipe départementale, en présentant Léa Desprat, issue de la société civile, pour la première fois dans l'histoire des départements auvergnats. Et en impulsant tout à la fois le renouvellement (plus de 60 % sont de nouveaux candidats) et l'expérience, avec des élus municipaux ancrés dans les réalités. C'est non seulement la formule gagnante, mais surtout l'équilibre utile additionnant un regard neuf et une connaissance en profondeur des défis à surmonter.
Avec Giscard (UDI) et Fanget (MoDem), c'est aussi une liste très politique...
Une liste de large rassemblement de toutes les familles de LR au MoDem, et les critères de choix étaient d'abord la diversité des compétences, des expériences et des parcours.
Vous aviez exprimé de fortes réserves sur la fusion, qu'en pensez vous six ans après ?
Comment ne pas avoir été préoccupé par cette fusion décidée sans aucune concertation par le gouvernement socialiste ? Alors que l'Auvergne ne représente qu'un cinquième de Rhône-Alpes, que Clermont-Ferrand perdait son statut de capitale régionale et que dans la foulée, plusieurs services de l'Etat partaient pour Lyon, Dreal, ARS, Drac.
"Le danger était que cette fusion aboutisse non pas à un partenariat mais à une absorption pure et simple de l'Auvergne. Ce risque existe toujours et il a fallu toute la détermination et la protection de Laurent Wauquiez et de son équipe pour briser cette sombre logique. Grâce à lui, qui est la seule tête de liste auvergnate, l'Auvergne n'est pas oubliée, elle est protégée et même dopée."
Alors ministre, j'avais porté sous l'autorité du président Sarkozy une réforme créant le conseiller territorial. A l'époque, elle avait été critiquée par tous. Aujourd'hui, elle est revendiquée par tous. Mieux vaut ne pas avoir raison trop tôt.
Dans le Parisien, Laurent Wauquiez a déclaré qu'il se poserait la question de la présidentielle "à l"été". L'encouragez-vous ?
Par tempérament Laurent Wauquiez franchit une haie après l'autre. Je ne sais pas quel sera son choix pour l'avenir, mais je suis sûr que son retrait national de ces deux dernières années sera son rebond dans la période à venir, car notre pays à l'évidence, aura besoin de lui.
(*) La liste altiligérienne est emmenée par Caroline Di Vincenzo, Laurent Wauquiez est en deuxième position.
Propos recueillis par Laurent Bernard