La nuit de la mort d'Arthur Noyer, Nordahl Lelandais a sollicité, en vain, deux amants différents pour une rencontre sexuelle. Cette recherche d'un partenaire aurait-elle un lien avec la prise en stop d'Arthur Noyer ? Le témoignage d'un codétenu pourrait le laisser penser. Mais l'accusation juge ce témoin peu fiable.
La nuit de la mort d’Arthur Noyer, elle a échangé une kyrielle de SMS avec Nordahl Lelandais qui insistait pour la voir et qu’ils aient une relation sexuelle. Après de longs échanges plutôt joviaux, elle confirme son refus car elle est fatiguée, se lève tôt le lendemain et, de surcroît, est indisposée. Quelques heures plus tard, Arthur Noyer, qui cherchait à rentrer à sa base militaire après une soirée à Chambéry (Savoie), montait dans la voiture de Nordahl Lelandais.
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« Ne culpabilisez pas »« Je culpabilise, a lâché cette jeune femme à la barre de la cour d'assises de la Savoie, qui juge Nordahl Lelandais pour meurtre. Si j’avais accepté sa demande, peut-être qu’on aurait évité un drame. Je suis désolé pour la famille d’Arthur. » L’avocat des proches de la victime, Me Bernard Boulloud, lui a transmis un message : « La famille me demande de vous dire que vous n’êtes en rien responsable de la mort d’Arthur, ni de près, ni de loin. Ne culpabilisez pas. »
Ce témoignage entre en résonance avec celui d’un homme, qui entretenait des relations sexuelles avec Nordahl Lelandais. Ils ont aussi essayé de caler un rendez-vous pour se voir, tous les deux, la nuit de la mort d’Arthur. En vain.
À la fin de la conversation, la jeune femme sollicitée avec insistance pour une relation sexuelle, ce soir-là, demande à l'accusé, par SMS, de calmer sa « pulsion ».
La version du codétenuCette grosse envie sexuelle aurait-elle un lien avec la prise en stop d’Arthur Noyer, la nuit du crime ? Le témoignage d’un codétenu de Nordahl Lelandais pourrait le confirmer. Mais en raison de la personnalité de ce témoin, et de ses variations, le ministère public a indiqué que l’accusation ne se fonderait pas sur ses propos.
Nordahl Lelandais et cet homme étaient voisins de cellule à la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère). Tous deux étaient à l’isolement, le témoin parce qu’il s’était battu et l’accusé pour sa protection, car les tueurs présumés d’enfant peuvent être maltraités en détention. « On s’est retrouvé en promenade, confie le codétenu, à la barre. Je lui ai demandé ce qu’il s’était réellement passé. Il m’a dit qu’il avait pris Arthur en stop. Dans la voiture, Nordahl Lelandais a demandé une fellation à Arthur Noyer. Ça a chauffé un peu entre les deux. Arthur a voulu sortir pour aller pisser. Nordahl Lelandais est sorti lui aussi de la voiture, a pris une grosse pierre et il lui a mis un coup. »
De son propre aveu, cet homme est un « tonton », un indic, une personne qui donne parfois des informations aux forces de l’ordre. Il a varié dans ses déclarations. « Tout le monde sait que Nordahl Lelandais ne parle jamais, a lancé son avocat, Me Alain Jakubowicz. Il est refermé sur lui-même. Et il aurait dit, à vous, ce qu’il n’a jamais dit à personne et qu’il ne dira sans doute jamais à personne ? »
Geoffroy Jeay