Été 2009, Paris, festival Rock en Seine. Suite à une énième brouille avec son frère Liam Gallagher dans les loges, Noël claque la porte d’Oasis. Dans la foulée, le groupe implose. Quinze ans auparavant, les midinettes se bousculaient pour acclamer leurs héros aux quatre coins du monde, une hystérie que l’on n’avait pas connue depuis l’ère des Beatles. Alors que l’on croyait la guitare électrique condamnée face à l’essor du rap et des musiques électroniques, Oasis ressuscitait le rock’n roll. Vingt-cinq ans après (déjà), sa verve n’a pas pris une ride.
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Suite à la fin d’Oasis Liam Gallagher forme Beady Eye. Malgré des accords qui cassent la baraque, les concerts se cantonnent aux petites salles. Après avoir rempli des stades, l’ancienne rock star est réduite à enchaîner les premières parties. « Ça craint hein ? », concède-t-il d’ailleurs à une journaliste. Tout est dit, et la chute continue: son divorce d’avec la chanteuse de pop Nicole Appleton lui coûtant une fortune, la vedette doit renoncer aux palaces et aux Ferrari. Et quand il n’est pas traqué par The Sun ou autres tabloïds, il insulte le monde entier sur son compte Twitter après avoir abusé du Jack Daniels. Bien que ses tweets dépassent rarement trois mots, il y est d’ailleurs plus populaire que Boris Johnson. Accro au whisky, rongé par l’ennui, sans aucun projet, Liam Gallagher semble au bout de sa vie et sa gueule en pâtit. C’était sans compter sur Debbie, sa nouvelle muse. La petite brune à l’air sage lui prie de cesser de s’autoflageller et de renouer avec la seule chose qu’il sait faire: chanter. Après des litres de Guinness avalés dans un pub en Irlande, Liam se remet enfin à grattouiller sa guitare et improvise « Bold ». Le nouveau-né sera son premier tube en solitaire et surtout, la renaissance de l’enfant de Manchester est en marche! Un retour en grâce incarné par « I’ve all I need ».
Aujourd’hui âgé de 48 ans, Liam Gallagher remplit à nouveau les stades et est acclamé par des foules en liesse. Tel un Ulysse revenant des Cimmériens, il fait verser de chaudes larmes à des jeunes femmes émues par le beau revenant et signe à nouveau des flopées d’autographes. Pourquoi s’en priverait-il ? Il chante très bien et il le sait. Et de toute façon, il ne sait rien faire d’autre et ne se « voit pas être plongeur ou fleuriste ». Pas très malin selon ses propres dires, un peu buté, résolument authentique, Liam Gallagher semble toujours sincère et est parfois franchement drôle. Entre deux jurons, il nous mène à Manchester, dans le pavillon de banlieue où réside encore sa mère, tacle régulièrement son frère Noël (lequel voulait être pompier étant enfant, apprend-on), met fin à un concert au bout de deux chansons pour économiser sa voix ou encore, fait du jogging sur le pont du Golden Gate (San Francisco).
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Car à l’en croire, le long voyage où les rayons du soleil ne percent jamais est terminé. « Je ne veux pas mourir, je n’ai plus de temps à perdre dans les pubs », confie Liam Gallagher en contemplant le paysage. Il est loin d’être le seul: des faubourgs de l’Angleterre ouvrière au Mexique ou au Japon, sa voix fait vibrer des gamins de 14 ans. En 2017, son premier album en solo As you were triompha sur le podium des ventes de disques au Royaume Uni dès sa sortie. « C’est officiel le Rock’n roll est n°1, félicitations à vous, à moi, félicitations à nous tous pour avoir permis ça », claironna-t-il alors sur sa page Twitter. Laissez-vous charmer par Liam Gallagher, la grande épopée du rock’n roll n’a pas dit du tout son dernier mot. Et avec lui, c’est le bon vieux temps qui fait son retour!
Liam Gallagher : As it was est en accès libre sur le site d’Arte jusqu’au 7 juin (choisir l’option VOSTF).