Récit plein de tendresse et de douleur, Par la fenêtre, de Nicole Giroud (Les Escales), évoque la vie d'une femme malheureuse, ses rêves et son apaisement une fois l'âge venu. Une aventure onirique, qui fait la part belle à la force de la littérature.
Originaire de l'Ain, Nicole Giroud a longtemps fréquenté l'Allier. Ses parents y ont acheté une ferme, à Treignat, aux confins avec la Creuse. Des souvenirs très forts vécus là-bas en famille, il n'est pas encore temps pour l'écrivaine de faire un livre. "Ils sont encore dans l'univers personnel, dans le domaine de l'intime", reconnaît-elle.
En attendant d'en faire le matériau d'un roman, c'est vers sa Dombes natale qu'elle s'est tournée pour situer son nouveau roman, Par la fenêtre (Les Escales). Et plus loin encore, jusqu'aux côtes de l'Italie et même jusqu'au Brésil, après nous avoir fait voyager avec bonheur dans une Inde pétrie de traditions et de saveurs dans son précédent roman, L'envol du sari (Les Escales).
Une quête d'humanitéCette fois encore, sa plume voyageuse se plaît à explorer les paysages aussi bien que les âmes, dressant à merveille des tableaux plein de tendresse. Dessinant des destins douloureux, Nicole Giroud sonde notre société en même temps que les possibles qui s’offrent à nous.
« La vie est une question de choix, avance-t-elle. Et cela peut impliquer tant de solitude. » Elle cherche « ce qui est universel dans toutes ces vies différentes : l’amour, la douleur, la déception aussi. La vie, même si elle est extraordinaire, n’est jamais comme on l’a rêvée. »
Celle d’Amandine, son héroïne, est pire qu’un cauchemar. Née dans la pauvreté, elle est mariée contre trois vaches à un riche paysan de la Domsbe. Il n’a de cesse de la battre et de l’humilier des décennies durant ; même son fils unique l’abandonne dans une maison de retraite en Suisse, la privant de ses dernières illusions.
Du cauchemar au rêveMais pas de ses rêves. Ceux qu’elle a construits, nourris au fil des lectures volées à la surveillance de son mari. Portée par la littérature, elle s’est construit une vie peuplée de personnages réconfortants, se glissant dans les pas d’une Amanda, dont elle a fait son alter ego salvateur.
Réalité transposée, illusion bienfaitrice. Au terme de sa vie, Amandine se perd dans ses histoires avant, dans un sursaut de rébellion, de se jeter enfin à corps perdu dans une existence pleine et entière.
"Les mouches bleues", de Jean-Michel Riou
Le prix de la liberté« Comment se libérer ? Cette question traverse tous mes romans, précise Nicole Giroud. Comment trouver la liberté ? Cela peut être en partant, par le rêve ou par la lecture. Amandine est inspirée par tant de femmes que j'ai connues. Les livres leur ont permis d'ouvrir des horizons ou de trouver des forces pour rester. »
Femme mosaïque, le lecteur suit Amandine/Amanda dans ce dédale de songes et d’illusions, dans cette lutte de pouvoir à la vie à la mort ; il s’enthousiasme et se révolte avec elle, en quête d'une lumière. « J’aime raconter des histoires, explique encore Nicole Giroud, mais c’est pour qu’on puisse réfléchir et prendre nos propres vies en main. »
Blandine Hutin-Mercier
Par la fenêtre, de Nicole Giroud (Les Escales) ; 330 pages, 19,90 euros.
