D'après une enquête publiée le 10 avril par Mediapart, l'ancien ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, et l’éditorialiste, Alain Duhamel, auraient déjeuné ensemble le 30 mars dans un appartement situé dans le VIIIe arrondissement de Paris. Cet appartement aurait été reconverti en salle de restauration par le chef Christophe Leroy qui aurait proposé des menus entre 110 et 580 euros en violation des restrictions sanitaires en vigueur.
Comme le raconte le média français d'investigation, ce repas devait initialement se tenir au siège du parti Les Républicains (LR), situé rue de Vaugirard à Paris. Au dernier moment, et sur les conseils de l'un de ses proches, Brice Hortefeux aurait réservé une table dans ce «club» privé tenu par Christophe Leroy afin d'y convier Alain Duhamel.
Le journaliste se justifie en plaidant la bonne foi : «Je ne savais pas de quoi il s’agissait, ce n’était pas précisé, j’y suis allé. Je croyais que ce serait soit chez lui, soit chez un de ses amis, et puis je suis monté dans ce truc-là. Je ne suis pas du tout du genre club, etc. Et puis je me suis aperçu qu’il y avait des gens qui déjeunaient. On m’a emmené tout de suite dans une petite salle à manger au fond, où nous étions trois».
De son côté, Brice Hortefeux aurait voulu s'assurer que cette pratique était bien légale et aurait posé la question à la personne (dont l'anonymat est préservé) qui lui avait recommandé cet endroit, celle-ci répondant par un «oui». L'ancien ministre aurait précisé que le déjeuner avait été réglé sur un terminal bancaire et non en liquide, soulignant que tout paraissait donc bien «légal».
L’ancien ministre de l'Intérieur aurait également tenu à souligner l’ambiguïté qui résiderait dans le statut juridique du club du chef Christophe Leroy. «D’après ce que j’ai compris depuis, ce n’est pas vraiment un restaurant mais un lieu avec un statut associatif ou de club, ce qui explique qu’ils auraient le droit de faire cela. C’est très incertain», aurait-il déclaré.
L’avocat de Christophe Leroy, Thierry Fradet, a utilisé cet axe de défense en indiquant dans un communiqué de presse du 8 avril que son client «a pu remettre [à la justice] un certain nombre de documents établissant que les prestations qu’il a effectuées l’ont été, comme la loi l’autorise, dans des domiciles privés et non pas dans des établissements recevant du public (ERP) de type restaurant».
Le lendemain, le 9 avril, le chef Christophe Leroy et Pierre-Jean Chalençon, propriétaire du palais de Vivienne, ont été auditionnés en garde à vue pour des faits de «mise en danger de la vie d’autrui» et des soupçons de «travail dissimulé». Le parquet de Paris a également précisé qu’«aucun élément ne permet de mettre au jour la participation d’un membre du gouvernement aux repas qui font l’objet de cette enquête».
Selon «des sources concordantes», citées toujours par Mediapart, l’ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, Franck Louvrier, aurait également déjeuné dans ce lieu privé de restauration. Le journal précise enfin que tous leurs interlocuteurs semblent unanimes pour dire que des déjeuners ont bel et bien été organisés dans des restaurants parisiens en présence d’élus mais aucun nom de ministre actuel n'a été cité.