La revalorisation salariale de 183 € accordée dans le cadre du Ségur de la santé, ils n’y ont pas eu droit. Dénonçant une « discrimination », ces professionnels du médico-social ont manifesté, ce lundi, à Guéret. Et rencontré le député.
Un an. Un an qu’ils sont au front. Des années qu’ils passent au travers de la moindre revalorisation de salaire dont une dernière qui leur reste en travers de la gorge : celle promise dans les accords du Ségur de la santé. Oubliés une première fois lorsque le CTI (Complément de traitement indiciaire) a été accordé aux soignants dépendant d’établissements relevant de la fonction publique hospitalière, ils l’ont été une deuxième fois quand cette revalorisation salariale de 183 euros a été étendue aux soignants du privé.
« Pourtant, on a vécu la même chose »Ce lundi, ils étaient une centaine venus des quatre coins de la Creuse à répondre à l’appel de la CGT Santé Action sociale. Réunis d’abord devant la résidence de la Fontaine (Adapei) de Guéret, ils ont défilé jusque devant la permanence du député. Parmi eux, Cindy, accompagnante éducative et sociale à la Maison d’accueil spécialisée de Clugnat, venue avec une dizaine de ses collègues.
« Nous, l’augmentation, on ne l’a pas eue. Pourtant, on a vécu la même chose que tous les soignants dans les hôpitaux et les Ehpad. Pour nous aussi, ça a été une année compliquée, surtout par rapport aux restrictions et les répercussions qu’elles ont eues sur les résidents. Leur quotidien a été forcément impacté. On a toutes fait très attention, on fait toujours attention, on ne vit plus et on n’a rien eu. On a eu la prime Covid en avril et c’est tout. On n’a pas eu d’augmentation de salaire depuis 2011 alors que le coût de la vie augmente. »
Nadia est dans la même situation. Monitrice éducatrice au foyer de l’enfance, elle n’a déjà vu aucune revalorisation de son salaire depuis 2015. Et que dire de ce CTI qui ne la concerne pas alors qu’elle aussi a vécu une année éprouvante. Au front. « On a dû fermer des enfants de 6 à 18 ans ! Et quand je dis “fermer”, c’est dans le sens absolu du terme : on avait fermé les grilles ! On n’était plus éducateurs. On était tout, parents, gardiens…, tout sauf éducateurs. Et à côté de ça, on devait gérer notre propre stress à nous. »
« Nous sommes fatigués, usés »Aide-soignant au SSIAD (Services de soins infirmiers à domicile) à Guéret, Anthony est lui aussi en première ligne. « J’ai eu le Covid, d’autres collègues l’ont eu. Moralement, l’année a été compliquée. On a dû supprimer nos vacances par exemple… Et là, le CTI on ne l’a pas parce qu’on n’est pas rattaché à un établissement de santé ! Depuis les premiers arbitrages du Ségur, j’ai des collègues qui sont déjà partis et d’autres qui se posent la question de continuer. Même des titulaires, moi le premier. »Devant le député Jean-Baptiste Moreau et son suppléant, Vincent Turpinat, les oubliés du Ségur ont rappelé leurs revendications. Leur incompréhension aussi. « On est tous des professionnels du soin, du prendre soin. Nous avons toujours été présents, sur le front. Aujourd’hui, nous sommes fatigués, usés. » Et leurs craintes : « Aujourd’hui, nos collègues aides-soignants n’arrivent plus à tenir plus de dix ans, a déclaré Laurent Margueritat, le secrétaire départemental de la CGT. Les gens ne peuvent plus faire une carrière dans ces métiers-là. »
Reconnaissant avoir « demandé des explications mais ne pas en avoir eu », le député de la Creuse s’est engagé à porter leurs revendications et à contacter déjà Michel Laforcade, chargé par le gouvernement de la mission d’extension de l’indemnité Ségur pour leur obtenir un rendez-vous. « S’il ne nous reçoit pas mais qu’il nous augmente, ça nous va aussi », a lancé un des manifestants.
Séverine Perrier
