« La SNCF a laissé pourrir cette ligne à petit feu ». Jean, cheminot à la retraite, qui « connaît cette ligne sur le bout des doigts », a la gorge serrée quand il s’exprime au micro.
Avec le TGV, on a habillé Pierre pour déshabiller Paul. Et avec l'autoroute A89, on a signé l'arrêt de mort de la ligne [...]. Il faut que le combat se poursuive au-delà des élections régionales !
Il a pris la parole, comme d’autres, usagers, responsables d’associations, femmes et hommes politiques, sur le parvis. D’aucune pour témoigner de son impérieux besoin de pouvoir utiliser le train pour se soigner, un autre pour aller travailler et éviter les bouchons aux entrées des métropoles, ou encore pouvoir prendre son vélo, ce qui n’est pas possible en bus… Et puis parce que tout simplement « le train, c’est un lien ».
Relier le Puy-de-Dôme à la LoireAprès Chabreloche, Noirétable et Boën-sur-Lignon, le Collectif ferroviaire Clermont-Thiers-Boën-Saint-Etienne-Lyon leur avait, en effet donné rendez-vous, ce dimanche 14 mars, à 10 h 30, devant la gare de Thiers. Les manifestants ont gonflé leurs rangs peu à peu jusqu’à être quelque 200 à braver un petit vent glacial. Leur objectif : demander la réouverture du tronçon ferroviaire entre Thiers et Boën-sur-Lignon de 48 kilomètres qui permettrait de rejoindre Saint-Étienne, et ainsi relier les départements du Puy-de-Dôme et de la Loire.
« Le tronçon n'est pas réintégré au réseau ferré national. La Région a demandé une étude mais SNCF Réseau a pour ordre de ne pas démanteler le tronçon seulement jusqu'en septembre 2021. »
Un enjeu pour les RégionalesLes trois manifestations ont, à chaque fois, rassemblé des représentants syndicaux, en particulier de la CGT cheminots, et nombre d’édiles : sénateurs, parlementaires, maires, conseillers régionaux et départementaux, etc., la plupart étant des élus écologistes et de gauche. Les conseillers régionaux de la majorité de Laurent Wauquiez ont, eux, à chaque fois, brillé par leur absence.
Cette demande de réouverture de la ligne ferroviaire Thiers-Boën s’est alors immiscée au cœur de la campagne des élections régionales qui se tiendront en juin...
Un amendement au Conseil régionalAinsi ces dernières semaines, le président de Région, Laurent Wauquiez, a annoncé son soutien au projet que porte Railcoop pour relancer le train Lyon Bordeaux. Il a pris l'engagement de lancer une étude concernant ce tronçon ferroviaire.
Et puis, un amendement a été signé par le Conseil régional demandant à l’État et à SNCF Réseau de ne pas procéder au déclassement de la section de ligne Boën - Thiers et d’en préserver les installations notamment…
L'inscription CPER 2021-2027Néanmoins, le collectif estime cette avancée insuffisante et continue de demander instamment « du concret » avec l’inscription de la remise en état de cette liaison ferroviaire dans le Contrat de plan État-Région 2021-2027.
Et l'autofinacement régional ?Parmi les autres propositions lancées au micro : demander à la Région d’autofinancer le projet de « revitalisation » de la ligne qui a été estimé en 2016 à 50 millions d’euros : « Il y a bien des travaux routiers de 220 millions d’euros sur la RN88 en Haute-Loire qui sont financés par la Région alors que ce devrait être pris en charge par l’État ! », soutenait ainsi un représentant de l’Association des usagers des transports d’Auvergne.
Geneviève Thivat
