Lundi 1er mars, un cluster a été identifié à l’EHPAD des Fontaines, à Tulle. Après l'hospitalisation d'une patiente, une campagne de tests a été conduite dans l'établissement : trois autres résidents, vaccinés et asymptomatiques, se sont révélés positifs, ainsi que trois personnels de santé.
Face à cette situation, et pour répondre en même temps à la volonté du gouvernement d’accélérer la vaccination des soignants, le centre hospitalier de Tulle et l'équipe soignante de l'EHPAD ont décidé d'une "action un peu coup de poing", résume le Dr Lagrafeuil, médecin coordinateur des Fontaines.
Ce samedi 6 mars, dans le courant de la matinée, tous les "visiteurs habituels" et les personnels soignants pourront recevoir une première dose du vaccin AstraZeneca, sur place, gratuitement et uniquement sur rendez-vous. "Aller vers, ça peut être une bonne stratégie", note le Dr Lagrafeuil, alors que depuis janvier, l’hôpital de Tulle vaccine au minimum 90 personnes par jour.
"Les familles ont bien répondu et les soignants demandaient aussi la possibilité d'être vaccinés sur le site, comme pour la grippe saisonnière. Ils sont alors près de 90 % à saisir cette l'opportunité. Aujourd'hui, avec le Covid, on a besoin d'améliorer ce taux de vaccination, surtout en cas de comorbidité. "
Un effet coconMais cette campagne de vaccination a un autre effet. "Il s'agit d'augmenter l’effet bulle de protection autour des résidents, précise le Dr Lagrafeuil. L'effet cocon, qui veut que tout le monde soit protégé pour que les résidents, eux, soient protégés. Aujourd'hui, on n'a pas encore assez de personnes vaccinées autour d'eux pour décider de prendre moins de risques pour les résidents. "
Prendre moins de risques, ce serait, comme le réclament certaines familles, lever l'interdiction des visites, qui a été décrétée pour une quinzaine de jours à la découverte du cluster en début de semaine. "Il s'agit d'une réglementation nationale, rappelle le Dr Lagrafeuil, qui s'impose à tous les EHPAD en cas de cluster (trois cas positifs, NDLR). On n'est pas dans la fantaisie. "
"Le vaccin protège contre les formes graves de la maladie, il peut protéger contre le virus lui-même, à 95 % pour le Pfizer. Mais plus il y a de flux dans un établissement, plus il y a de risques de contaminations. Aujourd'hui, les mesures prises permettent de contenir la situation. "
Blandine Hutin-Mercier
Philippe Fraysse vient chaque semaine rendre visite à sa mère à l'EHPAD des Fontaines, à Tulle. " Je trouve bizarre, alors que la plupart des résidents ont reçu leur deux injections de vaccin depuis 3 ou 4 semaines, qu'on prenne des précautions comme s'ils n'étaient pas vaccinés. Est-ce qu'on n'en fait pas un peu trop ? A quoi servent les vaccins si on ferme tout dès qu'il y a un petit problème ? Quand je viens la voir, je respecte le cadre strict des visites, je ne croise personne, je ne parle à personne... Je ne vois pas quel risque court ma mère, alors qu'elle est vaccinée ? Je ne comprends pas. » Pour tenter d'obtenir une réponse, il a envoyé une lettre à l'EHPAD pour commencer, puis à la médiatrice du Conseil départemental et au maire de Tulle. « Pour avoir des informations et intervenir auprès des autorités sanitaires », précise-t-il. « Ce virus risque de toucher les gens tout le temps maintenant. Si à chaque cas positif, on ferme tout, les résidents ne vont jamais avoir de vie sociale. On les tue à petit feu. »
