Le procès de Gilbert Limoges, un Montluçonnais de 77 ans, accusé d’avoir tué sa femme de 69 ans le 24 septembre 2018, a débuté ce mardi 2 mars devant la cour d'assises de l'Allier, à Moulins. Pour ce deuxième et dernier jour d'audience, ce mercredi 3 mars, la cour s'est intéressée à la personnalité de l'accusé.
Une « bascule » le 24 septembre 2018Les deux experts, psychiatre et psychologue, s’accordent sur un point. Le 24 septembre 2018, lorsque Gilbert Limoges a tué sa femme, dans leur appartement du quartier des Marais à Montluçon, il y a eu « une bascule ». « Mais il y a une énigme », souligne le psychologue.
Pourquoi cela a basculé à ce moment-là ? On ne le sait pas.
Pour l’accusé, en détention provisoire depuis octobre 2018, ce sont les reproches de sa femme, quotidiens depuis des mois, qui lui ont fait « perdre le contrôle ». Les deux experts évoquent un « raptus », une impulsion violente et soudaine qui l’aurait poussé à commettre ce meurtre.
La présidente, Diane Amacker, questionne l’expert psychiatre : « M. Limoges conteste avoir eu la volonté de tuer sa femme [il assure avoir seulement voulu « la faire taire », NDLR]. Qu’en pensez-vous ? » « Non, il savait ce qu’il faisait même s’il y avait une certaine occlusion de conscience. »
Un mari « aimant » et « prévenant » ?Alors, pour la partie civile et les proches d’Irma Limoges, que tout le monde appelait Josette, l’incompréhension et les questions demeurent. Eux, qui avaient l’image d’un couple « idéal » et « complice », marié depuis plus de cinquante ans.
D’ailleurs, l’enquête de personnalité et les différents témoignages laissent quasiment tous penser que, jusqu’au drame, Gilbert Limoges était un mari « aimant », « attentionné », « prévenant ». Que « sous ses abords froids » et quelque peu « rigide », il était « gentil », « ouvert » et « compréhensif ».
Un « manipulateur » et un « menteur » ?Mais pour les deux avocats de la partie civile, Me Bernard Southon et Jean-Louis Deschamps, c’est à un « manipulateur » et à un « menteur » que la cour d’assises a affaire, ne croyant pas à la version de Gilbert Limoges. « Ce sont des mensonges préfabriqués ! », lance Me Deschamps.
« Nous n’aurons que la version de M. Limoges », confirme, dans ses réquisitions, l’avocate générale, Marie-Laure Gauliard. « Mais que s’est-il passé ? »
« On sait que M. Limoges a regardé sa femme dans les yeux et a serré son foulard. Il a serré suffisamment fort et longtemps. Ça ne s’est pas fait en deux secondes. C’est un acte long, elle s’est débattue, elle a crié. Mais il a resserré encore et a fait un double nœud, même s’il conteste ce double nœud. »
Elle a requis entre 12 et 15 ans de réclusion criminelle.
Mais pour Me Lawrence Racot, avocat de la défense, le discernement de son client, au moment des faits, a été altéré. « Il y a une perte de contrôle, un trou noir... Il n’était pas lui-même. »
Après près de trois heures de délibérations, Gilbert Limoges a été condamné à douze ans de réclusion criminelle. Il encourait la perpétuité (l'accusé ayant tué sa femme, ce qui est une circonstance aggravante). Il devra également verser 25.000 € au frère et à la sœur de sa femme.
Laura Morel
