« Le matin à 5 heures, le service durait une heure non-stop. Les ouvriers venaient prendre un café et acheter leur sandwich avant de prendre leur poste. Aujourd’hui, c’est plié en dix minutes… » Dans la zone des Listes, il n’y a pas seulement les salariés de l’aéronautique qui ont hâte de revoir des avions voler dans le ciel.À deux pas de Constellium, les commerçants pâtissent de la baisse de fréquentation des industries voisines.
Mais il va falloir être patient. L’Association internationale du transport aérien ne prévoit pas de retour au niveau de 2019 avant… 2024. Boeing et Airbus ont réduit leurs commandes et cette baisse d’activité s’est logiquement répercutée sur celle de leurs sous-traitants, dont plusieurs sont installés à Issoire.
L'APLD reconduite pour six moisIci, l’industrie aéronautique fait vivre des centaines de familles. À eux seuls, les groupes Constellium, Aubert & Duval et Interforge emploient plus de 2.000 personnes. « Le mois dernier, je n’ai même pas travaillé cinq jours… », souffle un salarié d’Interforge. « On n’a jamais vu les ateliers aussi vides et on se demande combien de temps ça va tenir comme ça… », interroge Francis Roche (CGT), employé à l’atelier tôlerie de Constellium.
Une situation qui risque de perdurer, même si « on observe une remontée sensible, mais pas flagrante, dans certains secteurs », indique Sébastien Chambois (FO). L’activité partielle longue durée va être reconduite pour six mois.
En 2020, le groupe a pu dégager une trésorerie positive de 157 millions d’euros. Après des années records en terme de volume de commandes et d’embauches, celles-ci sont gelées pour « les prochains mois. Cela reviendra avec la reprise », indique Stéphane Corre, qui souhaite poursuivre la diversification des marchés. Le « plan de départs volontaires » de 60 à 80 salariés « ne connaît pas une grande adhésion. Les gens qui sont là n’ont pas envie de partir, vu la conjoncture. Il faudra être très vigilants si l’objectif n’est pas atteint… », prévient-on à la CFE-CGC. La direction, qui réfute le terme, indique de son côté « accompagner les salariés qui ont d’autres projets », tout en limitant le nombre de départs, afin de conserver le savoir-faire.
Marielle Bastide
