’De l’eau !’’. C’est le refrain entonné, ces dernières 120 heures, par les populations de la commune de Thilogne. Rien ne coule quasiment plus des robinets, à cause de l’état défectueux du seul groupe électrogène alimentant le second forage. Avec la détérioration définitive du puits du premier forage, la sur-utilisation du groupe a entraîné ses pannes répétitives. La solution ponctuelle passera par le branchement électrique du 2e forage, pour un coût de 3 millions 700 mille FCfa.
C’est seulement en 2020 que la grandissante population de Thilogne a commencé à bénéficier des services de deux forages pour la fourniture correcte de l’eau. Avant, c’était un seul qui assurait laborieusement l’alimentation de toute la ville. Une année plus tard, retour à la case départ. Thilogne ne dispose que d’un seul forage fonctionnel et l’eau y devient, par moments, rare.
Aujourd’hui, la pénurie qui sévit dans la ville est la résultante de l’arrêt définitif du premier forage, explique le responsable du service de facturation de l’Asufor, Amadou Alassane Sow dit ‘’Zorro’’.
‘’Thilogne fonctionnait avec deux forages, mais c’est au début du mois de janvier que l’ancien forage commençait à présenter quelques couacs dans la distribution de l’eau. On a remarqué qu’il y avait du sable et des graviers qui sortaient de certains robinets des abonnés. Nous avons aussitôt saisi le chef de brigade des puits et des forages de Matam, qui nous a dépêché un technicien pour faire du ‘’l’air lift’. Mais je dois avouer que depuis l’intervention de ce technicien, la situation a plutôt empiré. Et le rapport a fait état de la destruction totale du puits du forage’’, détaille-t-il.
Pourtant, avant que ce puits ne soit déclaré définitivement détruit, l’équipe de l’Asufor avait déjà déboursé plus de 800 mille FCfa pour sa réparation. Ainsi, l’autre forage va être en mode surrégime. La sur-utilisation du groupe électrogène va finalement entraîner des conséquences fâcheuses. La panne répétitive de la machine va priver les populations du liquide précieux, en cette période où la seconde vague de la Covid-19 fait plus de dégâts qu’auparavant.
Dans les maisons, la situation est insoutenable pour les femmes. Elles sont obligées de sillonner la ville en quête de puits. Aissata, trouvée devant un puits, ne cache pas tous les désagréments que cette pénurie d’eau a générés dans son quotidien. ‘’Cette coupure d’eau est source de beaucoup de difficultés, dit-elle. Je suis là en train de chercher de l’eau, alors que je dois aller au marché, ensuite préparer le repas de midi. Je cherche de l’eau pour laver les toilettes. Je dois donc revenir encore avant midi pour remplir les canaris. C’est vraiment dur. Nous payons normalement nos factures et malgré cela, nous sommes privés d’eau’’.
Cet inconfort dans lequel est plongée la population n’est pas près de s’arranger, si l’on en croit les propos de Zorro. ‘’Le technicien de la brigade des puits et forages de Matam va encore revenir, mais nous savons bien que la solution sera de passer au branchement électrique du 2e forage. Nous avons déjà demandé un devis qui s’élève à 3 700 000 FCfa. Nous attendons que les instances se réunissent à la fin de ce mois pour décaisser l’argent et démarrer les travaux’’, informe-t-il.
En attendant, les coupures d’eau sont de plus en plus insupportables pour les populations. M. Bâ est un ingénieur d’une société en charge des travaux de réhabilitation du tronçon Thilogne - Goléra. Il est obligé de se rendre jusque dans la commune d’Agnam, pour remplir ses gourdes. ‘’Depuis quatre jours maintenant, je prends ma voiture pour aller jusqu’à Agnam, pour me ravitailler en eau. C’est une situation compliquée que nous ne pouvons accepter. Nous payons régulièrement nos factures. Alors, le minimum serait de bénéficier d’une fourniture correcte du liquide précieux’’, peste-t-il.
A quelques encablures du logement de M. Bâ, Mme Diop est professeure d’EPS au collège de Thilogne. Elle subit aussi le calvaire de la pénurie d’eau. Elle était partie en voyage et c’est à son retour qu’elle est tombée sur la situation. Elle n’avait pas une goutte en réserve. Elle paiera une bouteille de 10 litres d’eau filtrée pour la boisson.
L’Asufor quémande un autre forage
Les complaintes fusent de toutes les concessions, mais elles risquent de s’amplifier, dans les semaines à venir. En effet, le gérant du service de la facturation est formel : un seul forage ne pourra pas alimenter toute la population de Thilogne. ‘’Le deuxième forage sera dans quelques jours sous branchement électrique. Mais je peux vous assurer que même si on achetait une pompe de 80 m3/h, la quantité sera inférieure à la demande. Nous nous dirigeons vers les mois de forte chaleur, entre mars, avril et mai. La pénurie d’eau va s’accentuer et vous reviendrez la constater. La solution serait de construire un autre puits pour le premier forage. Nous n’avons pas les moyens de le réaliser ; alors nous tendons la main à toutes les bonnes volontés de Thilogne’’.
C’est dans ce sens que le maire a adressé une correspondance au chef de l’Etat, au moment où l’ambassadeur itinérant aurait demandé l’implication des autorités religieuses dans la requête, pour transmettre la doléance à l’homme d’affaires Harouna Dia.
Les populations de la cité de l’illustre saint homme Thierno Hameth Baba Tall, devront prendre leur mal en patience, le temps de trouver un mécène ou un coup de pouce du chef de l’Etat, même si Zorro précise tout de même que le premier forage n’est pas entièrement détérioré, seul le puits est déclaré définitivement inexploitable.
EnQuête