« Pas question » de « privilégier les questions économiques » sur la sécurité sanitaire. Interrogé ce lundi soir sur l’éventuelle réouverture des remontées mécaniques, Jean Castex s’est borné à une réponse vague. Tout en laissant très peu d’espoir aux professionnels.
Au début du mois, le Premier ministre s’était engagé à faire « un point » le 20 janvier pour envisager un éventuel redémarrage des stations pour les vacances de février, cruciales pour le secteur. Nous y voilà. Entre-temps, le couvre-feu élargi a été généralisé à tout le pays. Et le virus continue de circuler activement.
« Même si l’annonce officielle n’a pas encore été faite, on ne se fait plus d’illusions », soupire Jean-Luc Boch, l’édile de La Plagne Tarentaise.
« Le diktat du principe de précaution »L’élu savoyard, également à la tête de l’association des maires de stations de montagne, a été de toutes les discussions, de tous les échanges avec l’exécutif. À l’heure du couperet, il ne cache pas son amertume. « La France vit sous le diktat insupportable des ARS et des autorités sanitaires », lâche-t-il, très remonté contre « ce principe de précaution qui prime sur tout, partout ».
« Tous nos efforts pour établir des protocoles ultra-stricts n’ont jamais été vraiment pris en compte. La peur guide tout, elle est en train de mettre l’économie à genoux. C’est ni plus ni moins qu’un suicide collectif. »
Photo Richard Brunel
Lui aussi interlocuteur régulier du gouvernement, Alexandre Maurin, le président de Domaines skiables de France, dénonce « un vrai jeu de dupes ».
« Ce lundi encore, on fait une réunion, on nous présente différentes hypothèses, et on apprend quelques heures plus tard, par une fuite dans la presse, que tout a visiblement été tranché d’avance par un seul homme, enfermé dans son palais. Je vais être franc : on nous prend pour des cons. »
Fermées malgré elles, les stations de ski crient à l'injustice
Pertes colossales et « drame social »Une saison d’hiver blanche se traduira par « une perte globale de recettes dans les territoires de 10 milliards d’euros », évalue Alexandre Maurin.
Au-delà des chiffres, « c’est aussi un drame humain et social qui va se jouer, qu’aucune aide ne pourra compenser », alerte Jean-Luc Boch. « On va perdre des professionnels, des saisonniers, des entreprises. J’ai beau le dire et le répéter, personne ne m’écoute ».
Stéphane Barnoin