Après un premier confinement passé chez elle à peaufiner sa technique de la céramique, Cécile Gambini a retrouvé son atelier de la rue Pascal à Clermont-Ferrand. Enfermée, mais productive.
Quand, au printemps, l’illustratrice Nathalie Novi a demandé à quelques artistes, pour les besoins d’une exposition au musée de l’illustration de Moulins, de se représenter pendant le confinement, Cécile Gambini a dessiné un grand tigre en cage. L’artiste clermontoise travaillait alors à domicile. Son atelier, 2, rue Pascal, était resté fermé. « C’était trop triste en ville ». Alors elle a mis des couleurs sur des vases, des cache-pots, des tasses en céramique qu’elle façonne elle-même.
« Je n’ai fait que ça. C’était comme un stage chez moi. J’ai fait plein d’essais, pour que le résultat en émail soit aussi éclatant que les peintures de mes tableaux. »
Ses œuvres, mises en vente sur le site Etsy, sont parties vite. « Ça m’a aidé à gagner ma vie pendant le confinement et c’était aussi une petite bulle d’air », confie l’illustratrice pour qui il était devenu impossible d’assurer des ateliers, de participer à des salons, de sortir des livres… « J’ai vendu tous mes originaux », précise-t-elle.
Une sirène signée Cécile Gambini.
Les gens étaient bloqués chez eux. Le chez-soi de chacun a pris de l’importance. C’était une façon de voyager sans voyager.
Puis, en mai, le tigre est sorti de sa cage. Cécile Gambini a organisé une grande exposition de ses céramiques dans son jardin, le premier week-end de juillet, avec un pique-nique géant. « Les voisins sont venus, ils ont fait la connaissance d’autres voisins… ». En septembre, elle a participé aux Arts en balade, dont elle a signé l’affiche avec un lézard sorti naturellement et tout droit de son bestiaire qui enferme lapins, ours, poissons, ou encore oiseaux personnifiés.
Avec l’automne, le confinement est revenu mais la cage est restée ouverte. Cécile Gambini a retrouvé son atelier du centre ancien. On l’aperçoit sous sa lampe dès potron-minet et jusqu’à la nuit tombée, pinceau ou crayon à la main, dans son refuge, à dessiner un ours jouant de la guitare ou à peindre une assiette en céramique.
Ce que je fais m’aide à tenir. Je me lève le matin avec quand même des objectifs joyeux.
La porte est fermée à clef mais un numéro de téléphone permet de la contacter. Voire de la rencontrer. Sur le devant de l’atelier, dans la petite rue pavée.
Celle qui se refusait à écrire un journal de confinement, comme certains artistes l’ont fait, a commencé un « Petit manuel de l’optimisme ». Le premier dessin représente un oiseau et un arc-en-ciel avec ce proverbe sorti de sa plume : « Chant du corbeau n’éteindra jamais rainbow ».
Cécile Gambini à l'Entrée des artistes
Pour oublier que le salon du livre de Bordeaux ou celui de Montreuil où elle était invitée n’auront pas lieu. Et que cette école française à San Francisco, où elle devait être accueillie en résidence, devra encore attendre avant de la voir arriver avec ses peintures. Pour un monde d’après, toujours peuplé de lapins, de baleines… et de tigres.
Véronique Lacoste-Metteyveronique.mettey@centrefrance.com
