Russie, Chine, Etats-Unis... Alors que les annonces concernant l'avancement de la conception de différents vaccins contre le Covid-19 se multiplient, les débats s'étendent au-delà de la seule dimension scientifique du sujet. La question de l'administration du vaccin à la population devrait notamment être abordée le 24 novembre 2020 par Emmanuel Macron, dans le cadre de son allocution aux Français sur l'évolution de l'épidémie dans le pays et des mesures nationales qui s'y rattachent.
Comme en témoignent les réactions au sein du paysage politique français qu'elle a commencé à soulever, la question de la vaccination est plus que jamais d'actualité de part et d'autre du Vieux continent. RT France s'est penché sur la situation chez quelques-uns de nos voisins européens.
Ainsi que le rapporte France info, l’Allemagne a de son côté déjà anticipé la mise sur le marché des vaccins. Le 19 novembre, la chancelière Angela Merkel a en effet détaillé un plan qui inclut notamment une centaine de lieux, déjà choisis pour être transformés en centres de vaccination, ainsi qu'une soixantaine de lieux de stockage du vaccin dans tout le pays, «équipés de congélateurs fabriqués en Allemagne» pour pouvoir stocker l’antiviral jusqu’à -70 °C.
«Angela Merkel table sur un début des opérations dès le mois de décembre et, au plus tard, en tout début d’année prochaine. À Berlin, on sait déjà qu’il y aura six centres, dont un ancien aéroport, une patinoire ou encore un centre des congrès», explique également France info, qui dispose de journalistes sur place à Berlin. Selon un sondage cité par la chaîne publique, «70% des Allemands disent avoir l’intention de se faire vacciner».
«Nos prévisions sont que, dans tous les scénarios raisonnables, une partie très substantielle de la population espagnole pourra être vaccinée, avec toutes les garanties, au cours du premier semestre», a pour sa part déclaré le 20 novembre le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, laissant ainsi entendre que l'Espagne pourrait être «le premier pays de l'UE, avec l'Allemagne, à avoir un plan global de vaccination», pour ses 47 millions de citoyens.
Selon l'Agence espagnole du médicament citée par l'AFP, ce plan devrait être adopté le 24 novembre, lors du prochain Conseil des ministres, et fait suite à l'annonce de l'autorisation du lancement de la phase III des tests du vaccin développé par le laboratoire américain Johnson & Johnson dans neuf hôpitaux, sur des volontaires ne présentant pas de risque de développer une forme grave du Covid-19, puis sur des patients à risque.
Le ministre italien de la Santé Roberto Speranza a annoncé le 21 novembre que la campagne nationale de vaccination débuterait vers la fin janvier 2021, période durant laquelle le pays pourrait obtenir «les premières doses destinées aux catégories les plus exposées». «Cette campagne de vaccination sans précédent (...) requerra une mobilisation extraordinaire de toutes les forces en présence», a fait savoir le ministre alors que le mouvement d'opposition aux vaccinations compte de nombreux partisans dans le pays.
La veille, le Comité technico-scientifique italien, un organisme public chargé de conseiller le gouvernement dans sa politique de lutte contre la pandémie, s'était voulu rassurant. «La présence de l'Agence italienne du médicament et des agences internationales de régulation nous donne des garanties sur la sécurité des vaccins», avait fait savoir l'organisme en réponse aux propos du virologue Andrea Crisanti, selon qui cinq à huit années seraient nécessaires pour la production d'un tel vaccin.
Selon un sondage de l'institut Ipsos pour la chaîne de télévision italienne LA7, cité par l'AFP, 16% des Italiens interrogés ont affirmé qu'ils refuseraient le vaccin disponible en 2021 et 42% préféreraient attendre pour en mesurer d'abord l'efficacité. Seuls un tiers d'entre eux ont répondu qu'ils se feraient vacciner dès qu'il sera disponible. En outre, 58% estiment qu'il n'y en aura pas suffisamment pour tout le monde.
«Jugé liberticide par une partie de l'opposition et des citoyens, un projet de loi prévoyant notamment une obligation vaccinale pour des groupes de populations a été vivement critiqué. S'il n'est pas abandonné, la Première ministre a annoncé que le texte ferait l'objet de plus larges consultations», apprenait-on par LCI dans un article publié le 17 novembre, consacré au projet législatif controversé à travers lequel le ministère danois de la Santé entendait permettre à l'Etat de pouvoir «classer une maladie [...] comme socialement critique», selon le quotidien Jyllands-Posten, rendant ainsi possible «la capacité d'isoler, de traiter de force et de vacciner de force des groupes de population si cela vise à enrayer la maladie contagieuse».
Le projet de loi pourrait entrer en vigueur en mars 2021. «Une date qui correspond à la levée de l'état d'urgence sanitaire instauré au début de l'épidémie», précise encore LCI.
Le directeur général de l'Office international des migrations (OIM), Antonio Vitorino, a appelé le 19 novembre l'Union européenne à garantir l'accès aux futurs vaccins contre le Covid-19 aux migrants présents sur son territoire.
«Le défi auquel sont confrontés les Etats membres de l'Union européenne est de garantir l'accès au vaccin de tous les gens sur leur territoire, pas seulement leurs citoyens, mais aussi tous les réfugiés, les personnes déplacées et les migrants qui se trouvent en Europe», a déclaré le responsable selon qui la pandémie entraîne des «pressions migratoires supplémentaires».
«Il ne s'agit pas seulement de protéger les droits humains de ces migrants, c'est aussi une question de sécurité sanitaire et de bien-être de l'ensemble des populations des pays d'accueil», a-t-il encore argumenté. Commentant une thématique particulièrement génératrice de tensions entre les Etats membres, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a pour sa part martelé que chaque Etat membre, «sans exception», devait «soutenir les Etats membres qui sont sous pression».
«Une solution en matière de migration qui satisfasse tout le monde n'existe pas. Nous devons trouver des compromis [...] nous devons avancer», a-t-elle par ailleurs concédé.