Les traits sont tirés dans l’unité Covid 2, second service dédié à l’épidémie du centre hospitalier public de Montluçon. La fatigue se lit sur tous les visages, mais les infirmiers, aides-soignants, ASH (agents des services hospitaliers), et médecins, n’en font pas cas. Ils ont tous la tête dans le guidon, toujours quelque chose à faire.
Il y a dix jours, la pneumologie a fermé pour accueillir vingt autres malades du Covid-19. Face à la recrudescence des cas dans la région montluçonnaise, « on s’est projetés, en 24 heures, pour ouvrir une seconde unité. Toutes les places ont été occupées en deux jours », observe le Dr Nacer Djilali, chef du service pneumologie.
Les vingt-huit lits de la première unité Covid, au service de médecine générale transformé pour l’occasion, sont aussi tous pris, alors que l’établissement décomptait vingt-six morts au mercredi 11 novembre. Ils étaient quatre mi-octobre, à avoir succombé au coronavirus. La région, épargnée lors de la première vague au printemps, est désormais touchée de plein fouet.
Ça a été brutal. On a été épargnés bien plus longtemps que les autres. Ici, c’était calme lorsqu’à Moulins et Vichy, ça montait. En une semaine, on les a rattrapés.
Bernadette Mallot, directrice de l'hôpital public
Et les malades continuent d’affluer. Aujourd’hui, quasiment toutes les consultations aux urgences sont des cas de suspicion Covid-19. « Dimanche 8 novembre, sur cinquante arrivées, on a eu dix-sept hospitalisations. » Il faut trouver des solutions pour les prendre en charge.
En réa, dix des quatorze places sont occupées par des patients Covid, et une par un malade sans lien avec le virus. Il reste donc trois lits disponibles, oui, mais c’est extrêmement tendu. L’hôpital se tient prêt à en ouvrir trois de plus ce jeudi 12 novembre si besoin.
« Lors de la première vague, nous avons accueilli pendant deux mois et demi des malades de l’Est et de Paris. Nous n’avions eu qu’un malade de Montluçon », se souvient un des infirmiers du service. Là, ils sont tous de l’Allier.
Les protocoles de soin sont adaptésLa réalité est foudroyante : ce sont des personnes intubées, qui peuvent décompenser rapidement, alors qu’aucun traitement n’existe. « On adapte les protocoles. On est en lien avec l’infectiologie du CHU de Clermont-Ferrand et la Société de pneumologie de langue française », poursuit le médecin.La grande majorité des malades sont des personnes âgées. Mais la réa a accueilli un jeune de 25 ans. Il s’en est tiré.
Les normes d’hygiène sont encore plus strictes avec ce virus hautement contagieux. Les chambres sont passées au crible tous les jours, tout comme les portes, rampes, chariots. Bref, tout ce qui est susceptible d’être touché est nettoyé régulièrement. C’est physique.
Appel aux retraitésOn demande au personnel un effort encore plus grand, alors que celui-ci est aussi touché par la maladie. Actuellement, une centaine (personnel médical et non-médical) est contaminée et donc en arrêt. Bernadette Mallot a d'ailleurs activé le troisième et dernier niveau du plan blanc qui permet notamment de bloquer les congés des personnels pour faire face à la crise.
Pour trouver des mains ailleurs, certains actes ont été déprogrammés. « On a fait appel aux infirmiers libéraux. Ils nous ont transmis les jours qu’ils pouvaient dégager. Ça, c’est en place. Lundi 9 novembre, on a envoyé des mails et des courriers à nos agents et médecins retraités, pour venir travailler. On a eu une réponse positive déjà », souligne Bernardette Mallot.
Sur son compte Facebook mardi, le centre hospitalier a même lancé un appel à tous les professionnels de santé à la retraite pour l’aider à faire face à l’épidémie.L’hôpital de Montluçon est loin d’être sorti de la crise.
Photos Florian SalesseTexte Seher Turkmen