S'exprimant à Sotchi ce 10 novembre, Vladimir Poutine a reproché aux Etats-Unis de compromettre la limitation mondiale des armements – tout en exprimant sa confiance dans les capacités de la Russie à défendre ses intérêts.
Le «système [mondial] de contrôle des armes» est «ébranlé et dégradé», a ainsi jugé le président russe, s'exprimant lors d'une réunion avec le ministère de la Défense et les entreprises de l’industrie de ce secteur. Le dirigeant a pris pour exemple le retrait américain du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), du traité «Ciel ouvert» («Open Skies» en anglais) et (il y a près de 20 ans) du traité antimissiles ABM. Il a, également, évoqué le sort «incertain» du traité New Start, qui expire en février 2021.
Je voudrais souligner une fois de plus : nous disposons de toutes les forces stratégiques nécessaires pour protéger de manière fiable les intérêts de la Russie
Dans ce contexte, le maître du Kremlin a assuré que la Russie continuerait à «moderniser les forces nucléaires stratégiques» et à «renforcer systématiquement toutes leurs composantes».
Vladimir Poutine a fait savoir que la Russie n'avait pas l'intention de s'engager «dans une course à l’armement épuisante», son pays n'en ayant «pas besoin aujourd’hui». «Je voudrais souligner une fois de plus : nous disposons de toutes les forces stratégiques nécessaires pour protéger de manière fiable les intérêts de la Russie», a insisté le président. De fait, en septembre dernier, il déclarait que le retrait américain du traité antimissiles ABM en 2002 (alors en vigueur depuis 1972) avait poussé son pays à se doter des missiles hypersoniques «les plus modernes» qui soient.
Les Etats-Unis ont mis fin en août dernier à leur participation au Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), proscrivant l’usage d’une série de missiles d’une portée de 500 à 5 500 kilomètres. Washington a justifié cette décision en accusant la Russie de ne pas respecter le traité – ce que Moscou conteste.
Quelques mois auparavant, en mai, Donald Trump annonçait le retrait américain du traité «Ciel ouvert» («Open Skies» en anglais) qui vise à rendre plus transparentes les restrictions d'armements des pays signataires, faisant valoir, ici aussi, un non-respect du traité par la partie russe, qui rejette ces accusations.
Les termes de l'accord New Start, conclu en 2010, prévoient quant à eux un déploiement maximal, pour les Etats-Unis et la Russie, de 700 lanceurs nucléaires stratégiques et de 1 550 têtes nucléaires, ainsi qu'une limite de 800 autres lanceurs (déployés et non déployés). Le 13 octobre 2020, le négociateur américain Marshall Billingslea a proposé à Moscou de prolonger le traité «pendant un certain temps», à condition que la Russie accepte «de geler» son arsenal nucléaire. Un tel gel a été jugé «inacceptable» par le négociateur russe, le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.