Fermez les yeux et répétez à voix basse « Le Sambuis de Valmaure ». Avec un peu d’imagination, voilà qui vous glacerait ! Notez que ce fut presque le cas, mais n’anticipons pas.
Pas de sortilège du bois des brumes.
Rassemblement carré au Mont-Rond, étirement le long de sa maigre épaule, pénétration au creux chaud du Pis,
,
émergence sur la croupe fraîche d’une arête anonyme,
la colonne enfin se joue de la langue terminale,
pour se poser sur la cime. Sambuis 2727m, D+ 1530m:
Le temps de reprendre souffle, vigueur et lucidité, les fermetures et les scratchs bruissent, les crochets et les fixations claquent et les skis glissent.
Enfin presque, car la blanche a de l’humeur et peu de souplesse. Elle craque, elle coule, elle glace.
Se faire léger au risque d’y tremper une main, une fesse, une face, glisser dans la pente qui avale.
Défroisser la peau pour remonter le col du Sambuis 2528m.
Et enfin, plonger dans la mare blême de la nuée givrée.
Ivresse des sens pour chaque mouvement, ballet fébrile de courbes incertaines sur des pentes devinées plus que vues. Sentir, trouver la voie, et miracle, un pont de neige au fond du vallon du Tepey surgit et nous autorise la rive gauche. Sauvés, bien que jamais perdus.
Sentier béton, mais béton pour conclure et des paillettes partout, même dans les yeux. Renversant !
