MÉDIAS - Le couperet est tombé. Ce mercredi 31 janvier, les "sept sages" du CSA ont annoncé dans un communiqué lapidaire qu'ils avaient décidé de révoquer le mandat de Mathieu Gallet à la présidence de Radio France. Pour justifier son choix, le Conseil supérieur de l'Audiovisuel a assuré n'avoir tenu compte que de "l'intérêt général" et du "bon fonctionnement" de Radio France.
De son côté, Matthieu Gallet s'est ému de cette mise à l'écart, consécutive à sa condamnation pour favoritisme, par la voix de ses avocats. "C'est une décision que nous regrettons profondément. La pression de l'Etat a été plus forte que la présomption d'innocence", ont dénoncé les conseils de Mathieu Gallet, Christophe Ingrain et Rémi Lorrain.
À compter du 1er mars, c'est donc Jean-Luc Vergne, le doyen des administrateurs de Radio France qui prendra le poste de président de Radio France par intérim. Mathieu Gallet pourrait toutefois d'ici là déposer un recours devant le Conseil d'État, comme sa défense a sous-entendu qu'elle pourrait le faire, immédiatement après l'annonce de la sanction du CSA.
Négociateur coriace, mais inconnu du grand public
Jean-Luc Vergne est un ex-DRH de plusieurs grands groupes, négociateur redoutable haut en couleur, qui n'avait pas travaillé dans l'audiovisuel avant d'intégrer la maison ronde fin 2016. Inconnu du grand public, cet homme de 69 ans aux cheveux et à la barbe poivre et sel est en revanche une figure reconnue dans la gestion des ressources humaines.
Il a été en charge des ressources humaines de plusieurs grands groupes industriels français (le laboratoire pharmaceutique Sanofi de 1982 à 1992, le pétrolier Elf Aquitaine -devenu Total- de 1992 à 1999, puis le constructeur automobile PSA Peugeot Citroën de 1999 à 2009), avant de bifurquer vers la finance en devenant DRH du groupe bancaire BPCE de 2009 à 2011.
Partisan d'un management "de terrain" et guidé par la "passion", il avait raconté ses expériences dans une autobiographie parue en 2013, "Itinéraire d'un DRH gâté".
Un personnage "un peu théâtral"
Chez PSA, un syndicaliste qui l'a côtoyé se souvient d'un DRH au "verbe haut", habitué à "faire tomber la veste, remonter les manches", bref un personnage "un peu théâtral", "capable de faire semblant de se mettre en colère" durant les séances de négociations, qui se terminaient régulièrement en pleine nuit.
Ce syndicaliste, qui a requis l'anonymat, lui sait gré d'avoir ouvert PSA à certaines problématiques comme la diversité des profils et la RSE (responsabilité sociale et environnementale), mais le juge "co-responsable" des "erreurs stratégiques" qui ont failli causer la perte du groupe. Un cadre proche de la direction du groupe évoque lui aussi "une personnalité très théâtrale" et "un personnage haut en couleur".
"On l'aimait, ou on ne l'aimait pas"
"C'est un homme entier: on l'aimait ou on l'aimait pas", résume-t-il, se rappelant de "quelqu'un qui avait un côté très marrant, plein d'humour et de douceur, sous un aspect assez bourru". Mais aussi d'un DRH "malin et rusé", qui savait cultiver l'affectif pour parvenir à ses fins.
Après BPCE, il a présidé deux grands organismes agissant dans la sphère sociale, l'AFPA et l'Anact, puis a pris la tête en 2015 de BGE, un réseau national d'aide à la création d'entreprise. C'est il y a tout juste deux ans, en décembre 2016, qu'il fait son entrée dans l'univers des médias en étant nommé par le CSA administrateur de Radio France.
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