Des appels pressants ont été adressés dimanche à la chancelière conservatrice Angela Merkel, qui brigue un quatrième mandat, pour former une coalition avec les sociaux-démocrates afin de sortir l'Allemagne de l'impasse politique et d'éviter de nouvelles élections à haut risque.
Une telle alliance renouvelée avec le SPD constitue "la meilleure option pour l'Allemagne", a déclaré Horst Seehofer, le dirigeant de la CSU, l'allié bavarois de la CDU (Union chrétienne-démocrate) de Mme Merkel.
Cette solution est "meilleure dans tous les cas que la +Jamaïque+ (le projet récemment avorté de coalition CDU/CSU, Libéraux du FDP, Verts, ainsi surnommé en raison des couleurs symbolisant ces partis rappelant celles de cette île des Caraïbes, ndlr), de nouvelles élections ou un gouvernement minoritaire", a jugé M. Seehofer dans des déclarations au Bild am Sonntag.
De son côté, le chef de file des jeunes de la CDU, Paul Ziemiak, a, selon Bild, appelé à conclure avant Noël un accord de "grande coalition" (avec le SPD), auquel 52% des Allemands sont favorables d'après un sondage Emnid dimanche pour ce journal.
Quant au patron du Parti libéral-démocrate (FDP) Christian Lindner, qui avait rompu unilatéralement les négociations le 19 novembre, il a également déclaré s'attendre à ce que les sociaux-démocrates restent au pouvoir.
"Les obstacles sont moindres pour eux que pour nous", a-t-il ainsi dit au Bild am Sonntag, estimant qu'une coalition "Jamaïque" aurait "éclaté en mille morceaux en quelques mois" en raison des divergences sur de nombreuses questions allant des migrations au climat et aux réformes de la zone euro.
- Dégager "un compromis" -
Deux mois après les législatives et malgré l'échec des laborieuses tractations avec le FDP et les écologistes, la chancelière a de son côté fait savoir samedi qu'elle était bien décidée à constituer dans les plus brefs délais un gouvernement, évoquant les discussions à venir avec le SPD "sur la base du respect mutuel" et avec la nécessité de dégager "un compromis".
"Il serait souhaitable de former très rapidement un gouvernement, pas seulement un gouvernement qui expédie les affaires courantes", a-t-elle déclaré. Car, a-t-elle souligné, l'Europe a besoin d'une Allemagne forte, l'UE s'inquiétant d'un blocage de la vie politique allemande à l'heure où elle a déjà fort à faire avec les négociations du Brexit.
La spectaculaire volte-face vendredi du Parti social-démocrate, désormais prêt à discuter, permet à Angela Merkel, qui devait rencontrer dimanche soir les principaux responsables de la CDU, d'espérer y parvenir.
Son allié Horst Seehofer a toutefois averti le SPD qu'il ne devait pas se rendre à la table des négociations en tentant d'imposer ses conditions.
"Je ne peux que conseiller au SPD de ne pas entamer les pourparlers avec les conservateurs avec des demandes exagérées mais de rester réaliste", a-t-il en effet déclaré au Bild. "Il ne devrait pas y avoir une grande coalition à tout prix".
Surtout, le chef des sociaux-démocrates Martin Schulz est notoirement hostile à une alliance avec les conservateurs et s'il a accepté le dialogue, ce n'est que sous la pression d'autres personnages-clés de son parti.
"Mme Merkel n'est pas en position de dicter ses conditions", a en outre averti Malu Dreyer, un social-démocrate à la tête de l'Etat régional de Rhénanie-Palatinat.
Par ailleurs, tout accord de gouvernement devra faire l'objet d'un vote des militants du SPD dont le résultat est incertain.
Mais le président fédéral, un social-démocrate respecté, Frank-Walter Steinmeier, pousse ce parti au compromis.
Médiateur dans la crise actuelle, il a à cet égard invité à un échange, jeudi, la chancelière, le dirigeant de la CSU Horst Seehofer, ainsi que Martin Schulz.
Tout comme Angela Merkel, M. Steinmeier veut échapper à un nouveau scrutin qui, selon toute vraisemblance, ne donnerait pas de résultats sensiblement différents de celui du 24 septembre.
Seule l'AfD, une formation d'extrême droite dont l'ascension suscite l'inquiétude, pourrait en profiter pour ravir encore plus de voix aux conservateurs.