Le premier ministre du Québec a affirmé mercredi que pour démanteler les barricades, il faut fixer un échéancier, et que toutes les provinces doivent agir de concert, quitte à recourir à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour disperser les manifestants.
Le blocage des voies ferrées se poursuit pour une 14e journée de suite au Canada, et les provinces commencent à s’impatienter.
Une réunion est convoquée par le premier ministre de la Saskatchewan et président du Conseil de la fédération Scott Moe.
En prélude à cette rencontre, le premier ministre du Québec a donné le ton sur les enjeux qui seront débattus au cours de cette rencontre.
François Legault a lancé un appel à plus de leadership de la part du premier ministre du Canada Justin Trudeau. Il l’invite à fixer un échéancier que les manifestants doivent absolument respecter, dans le but de mettre un terme à ce blocage illégal qui paralyse l’activité économique partout au pays.
M. Legault a affirmé que s’il faut recourir à la force pour obtenir un retour au calme et une reprise des activités économiques, cela doit se faire d’un commun accord avec les autres premiers ministres.
« Des emplois et l’économie sont en jeu », affirme M. Legault, qui suggère au premier ministre Trudeau de tenter de discuter avec les chefs de la communauté Wet’suwet’en.
« Il est temps que M. Trudeau fasse preuve de leadership et qu’il fixe un échéancier fixe, en termes de jour, pas de semaines […] Cet après-midi, à 4 h, j’aurai une rencontre téléphonique avec les autres premiers ministres, et c’est ce que je leur demanderai », a-t-il ajouté.
Les libéraux ainsi que les leaders des autres formations politiques à Ottawa ont rejeté en bloc l’idée d’un recours à la force pour disperser les manifestants.
Cette idée de faire intervenir la GRC pour mettre un terme aux barrages a déjà été suggérée mardi par le chef conservateur Andrew Scheer, ce qui a suscité un tollé à la Chambre des communes, où les principaux chefs de partis ont vivement critiqué sa proposition.
Dans la foulée, lors d’une rencontre avec les chefs du Parti vert, du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique (NPD) pour faire le point sur la situation, Justin Trudeau a justifié l’absence de M. Scheer en invoquant le fait que sa proposition de recourir à la force pour disperser les manifestants l’avait « exclu » de cette réunion.
Vancouver, Colombie-Britannique, le 18 février 2020 : des manifestants soutiennent les chefs héréditaires Wet’suwet’en opposés au projet de gazoduc Coastal GasLink qui va passer sur leur territoire ancestral. La Presse canadienne/Darryl Dyck
Au Québec, les élus ont mentionné que les usines commencent à manquer de matériaux et de liquidités, qu’il y a un manque de propane, une pénurie alimentaire et une menace de crise économique. C’est ainsi qu’ils ont appelé le premier ministre Legault à verser une subvention aux entreprises très touchées par la crise afin qu’elles puissent faire face aux difficultés.
Les élus québécois estiment qu’il faut soutenir les entreprises durant cette période d’incertitude. Ils soutiennent qu’au port de Montréal, il y a un empilement de conteneurs, ce qui provoquera bientôt un manque d’espace pour recevoir d’autres marchandises.
Dans un point de presse, le premier ministre Trudeau a réaffirmé sa volonté de travailler très fort avec toutes les parties afin de trouver une solution.
« Nous savons que les gens font face à des pénuries, à des mises à pied. C’est pour cela que nous allons continuer à travailler très fort pour trouver une solution », a dit M. Trudeau.
Avec près de 450 pertes d’emploi au Canadien National (CN) et plus de 1000 qui pourraient survenir du côté de VIA Rail, M. Trudeau estime qu’il faut trouver une solution au plus vite, sans toutefois préciser d’échéancier.
Il y est aussi spécifié que les secteurs du commerce de détail, des transports et du commerce de gros commencent aussi à en ressentir les effets. Ces effets sont tels que certains propriétaires de PME songeraient à délocaliser leurs activités à l’étranger si la crise perdurait.
Pour éviter le pire pour les entreprises, la FCEI demande au gouvernement fédéral de « travailler avec les provinces et les services de maintien de l’ordre pour assurer un retour à la normale dans l’immédiat des services ferroviaires ». L’Agence du revenu du Canada est aussi appelée à faire preuve de « compréhension » à l’égard des PME durement frappées.
Pendant ce temps, le blocage se poursuit sur le terrain, où les chefs héréditaires Wet’suwet’en se montrent toujours hostiles à toute rencontre avec des représentants fédéraux pour négocier. Ils exigent toujours que la GRC quitte le territoire visé par le projet de gazoduc Coastal GasLink qui est à l’origine de la discorde.
Dans la réserve de Kanesatake, les membres de la communauté ont estimé que le chef Serge Otsi Simon était en disgrâce, et ils ont exigé sa démission.
Ils marquent ainsi leur désaccord avec l’appel du chef Simon mardi de lever les barricades pour éviter des conséquences économiques désastreuses pour l’ensemble de l’économie canadienne, et éviter du même coup que les Premières Nations du Canada perdent la confiance si durement acquise au cours des dernières années auprès des Canadiens.
Avec Radio-Canada
