La gauche s’agite. Raphaël Glucksmann disait vendredi dans les colonnes de Libération son envie d’être candidat à l’élection présidentielle. Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, réunissait hier de nombreux ténors de gauche à Bram (Aude), petit village symbolisant ces campagnes auxquelles la gauche ne sait plus parler. François Ruffin attaque bille en tête le leader de la France insoumise dans son dernier ouvrage, l’accusant d’oublier volontairement les catégories populaires blanches. Partout, même mot d’ordre : il faut tourner la page Mélenchon?!
Serait-ce la fin de l’ère, entamée en 2017 avec le score exceptionnel de Mélenchon à la présidentielle, de l’hégémonie des Insoumis ?
De plus en plus de personnes à gauche se rendent compte qu’on ne saurait combattre le Rassemblement national en se plaçant sous l’autorité d’un parti jugé dangereux?? Selon Opinionway, 46 % des Français disent que le parti de Mélenchon est celui qui les inquiète le plus, contre 32 % qui choisissent le parti de Marine Le Pen. Une claque pour la stratégie de conflictualisation permanente.
Qui est le meilleur à gauche ?Reste, disent les Insoumis, que Jean-Luc est le meilleur à gauche. Cette ère-là aussi est révolue : testé pour 2027, Mélenchon obtiendrait aujourd’hui 15 % s’il était le candidat de la gauche unie. Ruffin obtiendrait le même score. Et Glucksmann, que les Français connaissent encore assez peu, obtiendrait déjà 19 %…
Il est donc temps de sortir de l’emprise des Insoumis. Hélas, le calendrier électoral n’est pas favorable à une échappée des sociaux-démocrates. Une dissolution dans un an entraînerait la chute de nombreux députés s’ils ne bénéficiaient pas de l’alliance de toute la gauche. En 2026, même logique pour les municipales : de nombreux sortants ont besoin des voix insoumises pour conserver leur siège.
La gauche face à un choixIl va donc falloir, pour la gauche social-démocrate, faire un choix. Rester alliée avec les Insoumis pour gagner les élections à venir, au risque d’être entraînée par le fond avec ce parti qui devient chaque jour plus toxique. Ou bien se détacher de Mélenchon, et risquer une traversée du désert électorale avant de tenter sa chance en 2027. Mais de Chirac à Mitterrand en passant par Hollande et Sarkozy, quel Président n’a pas traversé le désert avant son élection ?
Chloé Morin
