Parmi les cinq fratries qui vont participer aux deux finales du championnat de France ce samedi, les Keletaona sont les seuls à évoluer dans la même équipe, celle des Crabos. Chacun dans leur rôle, le 3e ligne Tana et l’ouvreur Luka sont des pièces maîtresses.
Ils sont comme le feu et la glace. Et pour illustrer d’entrée la symbolique, il suffit de parler de l’adversaire des Crabos ce samedi 16 h 30, en finale, pour bien comprendre. Un adversaire nommé Stade Toulousain, qui fait souvent office d’épouvantail. Alors, impressionnants les Toulousains ?
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« Non », lâche d’emblée Tana, 16 ans, le plus jeune des frères Keletaona. « Toulouse ou pas Toulouse, ça ne change rien. Moi, j’en ai rien à faire de l’adversaire. »
« Mais tu racontes n’importe quoi toi », réponds, dans un sourire Luka, 18 ans, qui ne manque pas de préciser que les jeunes de Toulouse ont déjà remporté les deux derniers titres de champions de France dans la catégorie Crabos.
« Oui et alors ? Ce ne sont que des statistiques, on verra bien sur le terrain », embraye le fougueux 3e ligne qui revient au meilleur des moments après deux derniers matches manqués pour suspension.
Un 3e ligne tranchant, un ouvreur gestionnaireFougueux car lorsqu’il enfile le maillot, Tana n’est pas du style à s’échapper. Lui, ce qu’il aime, c’est le combat. « Je kiffe prendre le ballon et avancer sur les adversaires. Ou alors les attendre et les envoyer fort au sol », sourit malicieusement le numéro 8, quand son frère, numéro 10, préfère prendre plus de recul sur le jeu.
« J’aime bien ce rôle de chef d’orchestre qu’a l’ouvreur. Avoir des responsabilités sur le jeu, c’est de la pression mais c’est aussi excitant », explique Luka, qui a aussi en charge le tir au but. Là où les deux frangins se retrouvent en revanche, c’est sur l’excitation de jouer une finale de championnat de France, ensemble sur le terrain, après avoir débuté tous les deux le rugby du côté de Saint-Céré avant d’être séparé le temps d’une saison, l’an dernier, quand Tana avait tenté l’aventure ASM.
« C’est quand même incroyable de se dire qu’on peut soulever un bouclier de champion ensemble. C’est peut-être un truc qui ne nous arrivera plus jamais », commente Luka Keletaona qui compte bien mettre au profit de son équipe son expérience du haut niveau, lui qui avait débuté deux rencontres avec l’équipe de France U18 en mars et avril lors du Festival des Six Nations.
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« C’est sûr que porter le maillot de l’équipe de France, c’est quelque chose de spécial et c’est une forte expérience mais c’est aussi totalement différent d’une finale de championnat de France », tempère le buteur qui espère voir son petit frère participer à la tournée en Afrique du Sud des moins de 18 ans.
Luka attendu avec l'équipe première du CAB dimanche« Pour le moment, je suis retenu parmi les 40 meilleurs français pour un stage. C’est sympa, oui », confie simplement Tana qui ne manque pas de se faire vanner pour la couleur de ses cheveux. « On a lancé ça avec deux autres joueurs pour la finale. C’est pas mal hein ? »
Ce qui serait pas mal du tout, c’est de voir les deux frères Keletaona soulever le bouclier en cette fin d’après-midi sous le regard de toute la famille. Avant, pour Luka, d’assister à sa première réunion avec l’équipe… première qui se retrouve dès ce dimanche pour sa rentrée. « J’espère arriver avec la médaille autour du cou. »
Benjamin PommierPhotos : Fabrice Combe