La mairie de Saint-Priest-la-Feuille a mis le paquet pour transformer cette maison en partie rénovée en gîte confortable. Cuisine équipée moderne, mobilier confortable, transats au bord de l’eau… « Il y a eu plus de six mois de travaux et un investissement de 163.000 euros », retrace la maire Josiane Vigroux Aufort.Situé dans le petit village de Néravaud, au bord d’un étang où l’on peut pêcher, l’hébergement a tout pour plaire. Mais il n’est pour le moment pas loué cet été.
Nous avons juste des contacts pour juillet-août. Il y a quelques réservations à partir de l’automne.
Ouvert en mai dernier, le gîte Bord’eau peut accueillir douze personnes. La commune a hérité de cette maison en 2020 suite au décès de Michel Mandrile, un habitant qui a légué l’ensemble de ses biens à la municipalité. « C’était la résidence secondaire du donateur », précise l’élue.Gîte Bord'eau
Le prix n’est sans doute pas en cause. Loué entre 700 et 1.100 € la semaine, le gîte ne revient pas très cher si on divise par douze personnes. « Ça ne fait pas longtemps qu’il est répertorié chez Gîtes de France et qu’il y a les photos, c’est peut-être pour ça qu’on n’a rien pour l’instant », suppose Josiane Vigroux Aufort.Les gîtes de grande capacité ont du mal à se louer l’été. « On ne part pas à quinze toute l’année. En juillet-août, ce sont des vacances en famille », décrypte Nadia Djenad, directrice des Gîtes de France Creuse.
Le phénomène tribu, les grands groupes, ça fonctionne sur les ailes de saison : avant juillet et après août.
La professionnelle conseille aux propriétaires de proposer des courts séjours s’ils veulent louer l’été. « Il faut aussi avoir un maximum de confort et des activités pour les enfants, poursuit Nadia Djenad. C’est bien d’avoir un billard, une table de ping-pong, une salle de jeux, un boulodrome : tout ce qui va se consommer sur place car les gens ont du mal à se déplacer à quinze. Il faudrait presque aller jusqu’à la piscine. Les grands gîtes avec piscine vont bien se réserver. Les autres vont se remplir petit à petit. »
La piscine fait la différenceLa piscine, c’est peut-être ce qui fait que le gîte de la famille Cotiche est loué tout le mois d’août. Situé à La Chaussade, près de Saint-Maixant, il vient d’être mis sur le marché. « Nous ouvrons le 15 juillet. Nous sommes encore dans les travaux extérieurs, indique Thierry Cotiche, un retraité qui habite à Ahun. C’est loué tout août. C’est encourageant pour un début. »
Également labellisé Gîte de France, l’hébergement de La Chaussade (14 personnes) est haut de gamme. Les propriétaires ont acheté une belle maison en pierre qui n’était plus habitée depuis quinze ans. « C’est un investissement familial avec nos enfants. On a trouvé le lieu sympa et la maison nous plaisait vraiment. Ça a plu à l’ensemble de la famille, se souvient Thierry Cotiche. Il y a aussi la proximité avec la ville d’Aubusson qu’on adore. » Les travaux ont duré deux ans. Mobilier design, matériaux de qualité, construction d’une piscine, aménagement d’un terrain de pétanque, balançoire… Le gîte possède de nombreux équipements. Il se loue entre 2.000 et 3.000 euros la semaine.A Saint-Priest-la-Feuille
À Saint-Georges-la-Pouge, Guy Auclair est dans un autre registre. Il mise sur le côté campagne et la tranquillité. Son gîte de 12 personnes est situé dans un cul-de-sac. Les poules se promènent en liberté devant la bâtisse et les lapins ne sont pas loin. Il y a aussi un grand jardin à 50 mètres. Avec son fils, il a rénové cette grande maison, qui appartenait à ses parents, pour en faire un gîte de vacances. Il le loue moins de 1.000 euros la semaine.
Ça fait un complément de revenu, explique le retraité qui vit à Guéret. Nous avons aussi fait cet investissement pour les enfants.
Mais la location, disponible sur Gîtes de France et Airbnb, peine à se remplir cet été. Il n’y a que quelques nuits réservées en juillet. « Ça peut peut-être se compléter au dernier moment, espère le propriétaire. L’année dernière, ça s’était débloqué une semaine avant, voire trois-quatre jours avant. » La météo maussade de ces dernières semaines et l’instabilité politique font sûrement hésiter les vacanciers. Guy Auclair est conscient que son gîte se louerait mieux s’il avait une piscine. « Mais je ne veux pas investir 30.000 euros pour un bassin. Il y a déjà eu un gros investissement. Nous avons tout refait. »
35 gîtes de grande capacité labellisésGîtes de France répertorie trente-cinq gîtes de plus de douze personnes en Creuse. « Sur 2.300 contrats, il y en a 150 pour des grands gîtes, note Nadia Djenad. Dans notre parc, ça ne représente que 8 % et on ne les remplit pas. » La professionnelle met en garde ceux qui veulent se lancer. « En création, j’ai beaucoup de demandes de porteurs de projet pour des gîtes de grande capacité. Il faut savoir que c’est compliqué au niveau de la gestion. Pour que ça fonctionne, il faut que les propriétaires soient super organisés, disponibles pour deux ou trois nuits. Il y a une logistique importante qu’on n’a pas sur les petits gîtes. »Gîte Bord'eau
Les propriétaires savent s’occuper de l’accueil. Mais pour le ménage, ils font parfois appel à du personnel. Et ça coince souvent.
C’est difficile de trouver de la main-d’œuvre pour intervenir le week-end en juillet-août, relève la directrice des Gîtes de France Creuse.
La commune de Saint-Priest-la-Feuille a trouvé la solution. Elle fait appel au groupe Sifu, qui emploie des personnes en situation de handicap et a une antenne à Guéret. « Ils font le ménage, l’accueil et l’état des lieux, même le week-end », détaille la maire.
Entre l’investissement de départ, les travaux et l’entretien courant, la rentabilité des gîtes de grande capacité n’est pas assurée. Du moins pas sur le court terme. « C’est un pari sur l’avenir. Il faut attendre au moins dix ans pour avoir un retour, estime Thierry Cotiche, le propriétaire de La Chaussade. Il faudra quand même un minimum de fréquentation pour s’y retrouver. Il ne va pas falloir se limiter à août. Nous avons isolé et chauffé la maison pour que ça puisse fonctionner à l’année. »
La mairie de Saint-Priest-la-Feuille espère elle aussi récupérer une partie de son investissement : « Cette belle maison, située au bord d’un étang, peut permettre à la commune des rentrées d’argent régulières, d’année en année ».A Saint-Priest la Feuille
Tous les propriétaires sont persuadés qu’il y a de la demande pour ces grands hébergements qui permettent des retrouvailles en famille ou entre amis. « C’est recherché, confirme Josiane Vigroux Aufort. Dans la commune, le gîte Le Green Camp d’Octavie, qui peut héberger quinze personnes, fonctionne très bien. Ils sont régulièrement sollicités pour accueillir beaucoup plus de monde. On s’est dit qu’on pourrait travailler de concert pour une capacité plus importante. »
Les porteurs de projet ont aussi à cœur de redorer l’image de la Creuse en accueillant des touristes venus de toute la France. « Nous voulons promouvoir le département, insiste la famille Cotiche. Nous sommes Creusois et nous voulons faire découvrir ce département qui en a bien besoin. » La plupart du temps, les vacanciers repartent emballés par la beauté du patrimoine et l’environnement naturel de la Creuse.
Texte : Catherine PerrotPhotos : Bruno Barlier
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