On dirait une soucoupe volante plantée au milieu des forêts de haute-Corrèze. Mais dans cette structure grise et arrondie qui s’étend sur 13.000 m2, des chaînes de production, des cartons d’emballage, un laboratoire… Bienvenue chez MD Meymac, le seul site de production de médicaments en Corrèze.C’est là, dans cet univers aseptisé, que l’entreprise rachetée voilà un an par le groupe allemand Prange pharma produit chaque jour environ 40.000 boîtes de médicaments, principalement des génériques.
Principalement des génériques« Ici, nous produisons principalement des génériques, indique David Duthoit, le responsable du site. Nous avons des transferts de produits classiques. Un laboratoire a son médicament dont la formule, au bout d’un certain temps, tombe dans le domaine public. On peut donc alors copier la formule et on fait le médicament. Ce sont nos clients qui nous disent “on veut le générique de tel médicament” et on le développe ici. » Ainsi à Meymac, sont fabriqués du paracétamol, du prednisolone (un anti-inflammatoire, N.D.L.R.)… Sur les boîtes, uniquement le nom de la molécule.
MD Meymac va aussi plus loin puisqu’elle peut fabriquer des génériques qui n’existent pas encore. « Quand un client veut un générique qui n’existe pas encore, on le développe ici, rapporte le responsable du site. On fait le développement en teneur, en concentration et on travaille sur la forme du médicament. Et ensuite il est produit ici. On fait des lots d’essai, des lots pilote… »Le site de Meymac tourne actuellement à plein régime. Notamment parce que l’activité de transfert de médicaments s’est accentuée avec le Covid. « Il y a une forte demande de génériques et une volonté de rapatrier en France la production de médicaments », rappelle Torre Bohlen, directeur général. À Meymac, le site produit une 10 à 15 médicaments différents, pour une dizaine de clients. Au total : 40.000 boîtes de médicaments par jour. « Mais ce n’est pas suffisant », estime Torre Bohlen.Les cartons sont ensuite envoyés vers les clients. Photo Agnes Gaudin
Objectifs : 30 à 40 produits différents d'ici deux ansL’objectif sur le site de Meymac, est de produire davantage, en proposant « entre 30 à 40 produits d’ici deux ans. Ici, on peut produire beaucoup plus de produits différents parce que nous sommes experts dans ce domaine. Il nous faut six mois pour créer un transfert. Notre spécificité et notre force, c’est notre flexibilité… »Les gélules sont placées dans les alvéoles puis recouvertes par un blister. photo Agnes GaudinSur les lignes de production, les boîtes défilent. Une nouvelle ligne de conditionnement est attendue, une nouvelle ligne de mise en sachets va démarrer. Depuis un an et le changement d’actionnaire, l’activité est soutenue. « L’actionnaire allemand est présent tout le temps sur site et ça change tout, précise le responsable du site. D’autant plus qu’il connaît les contraintes du milieu pharmaceutique et le droit du travail français. Avant, des compétences notamment du marché de l’industrie pharmaceutique nous manquaient. Torre (Bohlen, N.D.L.R.) a l’expertise du relancement des entreprises. On a désormais des experts en business qui ont des carnets d’adresses et on arrive donc plus facilement à se positionner… »Sur la ligne de production, les notices fournies par les clients sont rajoutées. /photo Agnes GaudinL’objectif est donc désormais d’élargir la production en Corrèze pour « atteindre l’équilibre financier ». À la clé, une quarantaine de postes sont prévues. Avec vue sur le Parc naturel régional de Millevaches.
Emplois. Si le site meymacois embauche actuellement « 75 à 80 salariés », elle compte « 10 à 15 » postes à pourvoir. Sans trouver les personnes nécessaires. « Nous cherchons des opérateurs, des techniciens de maintenance, des ingénieurs, un chargé de projet développement…, liste le responsable du site. Mais on ne trouve pas », soupire celui qui l’explique notamment par la localisation du site. « Nous sommes en haute Corrèze et même si la vie y est douce, que nous sommes dans une jolie commune avec une belle vue sur la forêt, la localisation reste un frein pour la vie sociale, la vie culturelle. Pour sortir le soir, aller au cinéma, cela prend du temps et il faut faire de la route… » Une difficulté que partage l’entreprise avec les autres sites industriels ussellois notamment. « C’est une difficulté dont nous parlons souvent au sein du Collectif des entreprises dynamiques. On a tous cette problématique-là », ajoute-t-il. Opération communication MD Meymac fait aussi face à la difficulté de trouver, sur le territoire, des pharmaciens, des ingénieurs qualifiés en pharmacie… « Ici, il y a des ingénieurs qualifiés dans le bois, il y a des écoles sur le territoire mais comment attirer ces ingénieurs ici à Meymac », questionne-t-il. Alors l’entreprise peut former et communique sur elle-même. « La clé ici, c’est d’être attractif. Nous voulons montrer que, même si l’histoire chamboulée du site ne plaide pas pour nous, cette usine a un futur, elle a du potentiel et chacun peut voir son poste évoluer… » Outre l’avenir du site, MD Meymac met en avant la production « industrielle propre et sécurisée dans un environnement chouette et avec une projection de croissance et des projets. »
Estelle Bardelot