Depuis le 23 février, l’Association pour le logement et l’insertion sociale de Brioude (Alis), Trait d’union, dispose d’un nouvel outil devenu indispensable au vu de l’évolution des missions de la structure. Depuis 2012 et la mise en place de l’Horizon, Trait d’union a en effet renforcé son action d’accompagnement des victimes de violences conjugales. Lors d’une récente visite du député Jean-Pierre Vigier et du maire de Brioude, Jean-Luc Vachelard, tous deux conseillers régionaux, le président, Daniel Valette, et le directeur, Jean-François Domas, ont, entre autres, évoqué cette mission délicate : " L’âge moyen des victimes accueillies est de 35-37 ans. Les jeunes femmes avec enfants sont de plus en plus nombreuses. " Plus précisément, l’Horizon a traité 541 situations de violences depuis le 1er janvier 2018. " Et depuis 2020, nous enregistrons de plus en plus de nouvelles demandes d’aides ", explique l’association dans un communiqué.Dans ce contexte, il devenait indispensable pour la structure de pouvoir disposer d’un accueil dédié, dans ses locaux de la rue Emile-Barbet, aux victimes de violences conjugales, séparé des autres activités communes. C’est chose faite depuis le 23 février et la mise en service de la nouvelle extension du bâtiment. Une nouvelle aile de 42 m2 avec une salle d’attente dédiée et deux bureaux.
Boutons connectés. À la demande des élus régionaux, Jean-François Domas a fait un bref bilan de l’utilisation des boutons connectés, dispositif mis en place par la Région permettant aux victimes de nouer un lien vers l’extérieur en toute discrétion, en cas de problème : " 20 ont été distribués, 5 ont été rapportés. Il y a eu 3 utilisations. Il y en a environ 25 de disponibles. Cela marche bien, cela sécurise les gens. "
Instaurer un climat de confianceUn ensemble qui a fait ses preuves : " Déjà, il y a la salle d’attente séparée des autres flux. Un vase clos qui met en confiance", détaille Jean-François Domas.
Dans cet environnement à part, les personnes sont plus détendues, la parole est facilitée. Et les gens sont très sensibles au fait que ce soit un espace dédié?; tant les éducateurs que les ayants droit. Cela contribue à instaurer un climat de confiance.
La création de ce nouvel outil, dont la construction (de juillet 2023 à février 2024) a notamment utilisé du bois, de la paille et de l’enduit en terre, a coûté 153.000 €, dont 20 % ont été financés par Trait d’Union. Le reste a été pris en charge par l’État en majeure partie, mais aussi par le Département (11.000 €), la Ville (5.000 €) et la Région (16.000 €). C’est au titre de cette participation que les deux conseillers régionaux ont visité, jeudi 16 mai, ce nouvel accueil dédié. L’occasion pour les deux élus d’en apprendre davantage sur le travail de Trait d’union. Tant sur sa mission de lutte contre l’exclusion (accueil, hébergement, insertion…), sa raison d’être première, que sur son action contre les violences conjugales (accueil, hébergement d’urgence) qui inclut aussi un Centre de prise en charge des auteur(e)s de violences conjugales…
Pluralisme socialPrésident et directeur ont aussi pu répondre aux interrogations des élus sur le cas précis des violences conjugales. " Ce qui ressort le plus des échanges avec les victimes, précisait ainsi Daniel Valette, c’est le harcèlement moral et psychologique. Et cela touche toutes les couches sociales. " Et quand les élus évoquaient la question des enfants des victimes, les responsables de Trait d’union expliquaient : " Tous les enfants qui passent ici sont muets dans les premiers jours. Notre but est de libérer la parole. L’équipe est formée pour l’écoute des enfants. Et après, quand ils parlent, on ne peut pas les laisser sans réponse. " Et Daniel Valette d’insister : " Le premier obstacle majeur, c’est ce que représente pour la victime de quitter sa maison, son travail et tout ce qu’elle a… "
Résidence d’accueil de Sainte-Florine. Il s’agit du grand chantier venant directement après la construction de l’antenne des locaux de Trait d’union dédiée aux violences conjugales. La résidence d’accueil de Sainte-Florine devrait ouvrir ses portes en novembre 2025, rue Flandres Dunkerque. " Il s’agira d’une résidence d’accueil pour des personnes qui sortent de Sainte-Marie, explique Jean-François Domas. Des personnes pour lesquelles la réinsertion est possible mais qui ne peuvent pas rentrer chez elles pour différentes raisons. Le lieu doit servir à les aider à se dynamiser et à leur donner envie de se réinsérer. Ce sera une résidence avec un encadrement permanent : un couple d’hôtes, des travailleurs sociaux. "
Lits soins santé. Trait d’union va également participer à la démarche nationale des lits soins santé. "Il s’agit d’équiper les territoires ruraux en difficulté sur le plan sanitaire, explique Jean-François Domas. Nous mettrons à disposition trois lits pour des personnes qui sortent de l’hôpital et ne peuvent plus rentrer chez elles. Il peut s’agir de gens qui n’ont pas de domicile ou qui ne peuvent plus aller dans le leur. Il y aura un médecin référent et une infirmière référente. Après, la prise en charge sera de deux mois au maximum. Ces lits devraient être opérationnels pour novembre 2024. Nous allons les installer dans des locaux que nous allons affecter à ça."
Pierre Hébrard