Une saison au Clermont Foot débute toujours dans la ouate. Du côté du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) pour l'incontournable stage d'avant-saison. Ciel d'azur sur fond vert, température douce avec l'altitude et conditions de travail optimales sont les matrices immuables de ce stage. Cette troisième saison en L1 n'échappe pas à cette règle.
Le premier grain de sable apparait un peu plus tard, le 26 juillet à Millau, lors du traditionnel match amical face à Montpellier. Sévèrement taclé, le défenseur Maximiliano Caufriez en prend pour plusieurs semaines et voit sa prépa de pré-saison stoppée net. Il ne s'en remettra jamais vraiment... En coulisses, on attend toujours le départ d'Alidu Seidu, qui dispose d'un bon de sortie.
Arrive le premier rendez-vous de la saison, face à Monaco au Montpied. Fort d'une 8e place qui a épaté le foot français la saison précédente, Clermont s'avance avec une confiance non feinte. Elle se concrétise un temps face à l'ASM, avec un bon match à la clé malgré la défaite concédée (2-4). « On pouvait les battre », se réconforte le coach qui, malgré tout, a toujours indiqué que cette levée 2023-2024 « serait très compliquée ». Il n'avait quand même pas idée que ce serait aussi difficile...
Metz et Nantes, vers dans le fruitEffectivement, cette entame est un peu une illusion. Mais ce sentiment va perdurer sur la lancée de la folle saison d'avant. Il est d'ailleurs partagé par beaucoup... Un nouvel attaquant, Nicholson, est même arrivé de Moscou. « C'est un bon, il va nous faire beaucoup de bien », confie Caufriez qui l'a côtoyé en Russie.
Le vernis se craquelle à nouveau dans la foulée à Reims (2-0). Ensuite, alors que le CF63 est resté avec Seidu sur les bras - ce qui n'était pas prévu, le club auvergnat se décide à lâcher Mateusz Wieteska à Cagliari. Mais c'est là que les choses vont (très vite) entrer dans le dur.
Metz, promu, vient gagner à Clermont sur un but casquette de Mikautadze après une glissade d'Ogier. Il est alors prévu que la pelouse, mangée par un champignon, soit vite remplacée.
Après trois revers, le Clermont Foot se rebiffe enfin en prenant un point à Toulouse. Là où il aurait dû s'imposer. Mais le rayon de soleil est de courte durée, avec une nouvelle désillusion à domicile face à Nantes (0-1). Puis, comme un symbole d'une saison bien mal partie, c'est Bayo, prêté au Havre, qui claque le bec de son ancienne équipe.
Clermont, lui, a entamé sa tournée des cadeaux offerts aux adversaires. Caufriez au Havre après Ogier face à Metz, Diaw face à Nantes... On pourrait multiplier les exemples qui se sont poursuivis avec Pelmard à Metz, Matsima à Lens, Caufriez et Pelmard encore à Monaco, Diaw à Lorient... Que de points donnés et la preuve d'une nervosité qui aura accompagné l'équipe tel un fil rouge...
Une première victoire à Lyon qui fera illusionLe nul contre le PSG ne sera que cautère sur jambe de bois. Idem au retour. Le club est bon dernier avec Lyon. Mais il va alors pourtant faire la une à son corps défendant. Un abruti lui évite une défaite logique à Montpellier (4-2). Elle lui permettra de récupérer un point avec le match rejoué... Mais cela ne changera pas grand-chose sur le fond.
Mais après seulement deux mois de compétition, pas question d'abdiquer. Surtout que l'on pense que la délivrance arrive à Lyon fin octobre avec un premier succès (1-2). « Je suis soulagé et heureux », souffle Pascal Gastien. Problème, après cette victoire, comme après les quatre autres (Lorient, à Nantes, Le Havre, Reims), il n'y aura jamais de confirmation. « La série » que Gastien père appelle de ses vœux n'est jamais venue. Forcément, cela génère des tensions. Caufriez se prend le bec avec son coach à l'entraînement. On verra aussi un matin le grand Belge attraper Cham par le colbac après un accrochage...
Quatre points pris d'affilée en novembre (nul à Strasbourg, victoire contre Lorient) vont alimenter l'espoir d'une rédemption. Là encore sans suite et Clermont, toujours à fond de cale, reste sur le fil du rasoir. L'agacement gagne tous les étages. Pascal Gastien n'y échappe pas et prend lui aussi la porte après le rouge montré à Seidu face à Lens. Un « pétage de plomb » qui touchera aussi Rashani face à Brest ou Caufriez face à Rennes alors que Clermont menait pourtant au score. À la sortie, énième défaite...
D'énormes carences en attaquePendant ce temps, conscient de ses limites, Clermont prépare le mercato d'hiver. Pas décidé non plus, visiblement, à casser sa tirelire... Si Seidu file à Rennes pour 10 M€, il récupère en prêt Jacquet (18 ans, Rennes) et Matsima (20 ans, Monaco) derrière, puis Virginius (21 ans, Lille) devant. Le président avait déclaré un peu plus tôt : « On ne va pas prendre un gamin ». Il en prendra finalement trois, et seul le Monégasque apportera véritablement.
Hors terrain, le club cherche aussi des solutions rayon coaching. Virer Gastien, le saint-père de la montée ? Pas question, fait-on savoir en interne, même si la question s'est naturellement posée... Pas tombé de la dernière pluie, le Charentais joue carte sur table. « Je ne poserai pas de problème. S'il faut partir, je partirai... » Il va rester, comme les carences clermontoises en attaque. Elles atteignent leur paroxysme à Nice (0-0) où personne dans le camp azuréen ne comprend comment le CF63 a pu laisser échapper une large victoire. De celle qui aurait pu tout changer...
Des tournants à la maison mal négociésFinalement sans solution au sortir de l'hiver après une nouvelle gifle administrée par l'OM (1-5), Clermont invente le concept « d'entraîneur principal adjoint » en intronisant Sébastien Bichard. Un inconnu du grand public, alors adjoint d'Habib Beye au Red Star (National). L'arrivée de ce dernier en mars fait office de coup de fouet. Tout le monde le reconnaît, y compris Johan Gastien. Les séances sont plus rythmées, plus diversifiées, plus toniques. Cela ne se voit pas à Metz ou Clermont s'enferre et s'enterre. « S'il était arrivé un peu plus tôt...», décrypte un joueur. En tout cas, le duo semble plutôt bien fonctionner, et en bonne intelligence.
Effectivement, Clermont va ensuite glaner deux victoires face au Havre (2-1) et Reims (4-1). Tout comme un nul au Parc des Princes après avoir résisté jusqu'à la 86e minute...
L'espoir renaît, une fois de plus... Mais cela ne suffira pas. Le tournant, c'est la déroute à domicile face à Toulouse (0-3), avec un penalty offert en début de match sur une faute grossière de Caufriez. L'incapacité - à nouveau - à tenir un résultat dans la foulée face à Montpellier (1-1) est tout aussi préjudiciable.
Le couperet tombe finalement trois ans jour pour jour après l'annonce de la montée, le 12 mai. Là encore, Clermont rate un truc puisque ses deux coreligionnaires du bas de classement s'inclinent. Un succès face à un Lyon prenable aurait alors tout changé. Mais il est infichu de marquer. Là encore, il se procure des occasions. Mais entre le gardien Lopes et les ratés de Kyei ou Virginius, la fin s'écrit logiquement... Avant de couler à Lorient (5-0) pour un clap de fin à l'allure de gifle majuscule. « Ça m'énerve, on passe pour des rigolos », se désole même Pascal Gastien, qui n'aurait sans doute jamais imaginé partir sur pareille Bérézina.
Valéry Lefort