La France est en train de se suicider. Sa classe politique, incapable dans son ensemble de se soucier de l’intérêt général, menace de faire tomber le gouvernement sans aucune solution de rechange crédible. Le gouvernement Barnier n’est pas parfait, loin de là, et, à de notables exceptions comme Guillaume Kasbarian on Bruno Retailleau, on peine à y trouver des figures courageuses et tournées vers l’avenir. Mais que veut-on à la place ?
Le programme de destruction économique et social du Nouveau Front populaire avec, cerise sur le gâteau, des ministres antisémites au gouvernement ? Ou l’aventurisme du Rassemblement national ? Marine Le Pen nous fait tous les jours le coup du sérieux et de la respectabilité mais, quand il s’agit de faire et non plus de parler, l’irresponsabilité est reine. Ainsi, le RN était-il prêt à abroger la réforme des retraites dans le cadre d’une niche parlementaire de LFI. Quant à ceux qui demandent la démission du président de la République, ils ont le goût du risque inconsidéré. Ce ne sont pas Antoine Pinay ou Raymond Poincaré qui peuvent gagner l’élection présidentielle mais Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon. Ajouter du pire au pire n’est pas la meilleure façon de remettre de l’ordre dans le pays.
Il faut que chacun reprenne ses esprits. Nos désordres politiques se paient déjà en espèces sonnantes et trébuchantes. Le spread de nos taux d’intérêt à 10 ans avec ceux de l’Allemagne a plus que doublé depuis la dissolution, de 40 à 85 points de base. Pire, la France souffre désormais d’un écart positif avec l’Espagne, le Portugal et même la Grèce. Et oui : pendant que ces États ont amélioré leur situation financière, nous avons dégradé la nôtre.
Cette hiérarchie des taux relève d’autant plus de l’anomalie que le marché obligataire français est large et profond. Les grands investisseurs institutionnels mondiaux - banques, assurances, fonds de pension… - voudraient de la dette française. S’ils s’en éloignent pour préférer celle des pays méditerranéens, c’est que nous devenons progressivement un repoussoir. Parmi les grands pays de la zone euro, seule l’Italie s’endette à des taux supérieurs. Mais pour combien de temps sachant que notre voisin affiche un déficit de 2 points inférieur au nôtre ?
Il est absolument nécessaire que le budget Barnier soit voté. Certes, en passant à côté du sujet de la réduction des dépenses publiques et en balançant sur l’économie française un boulet fiscal beaucoup trop lourd, il va abîmer l’activité. Mais cette mauvaise solution est largement moins grave que l’absence de budget ou la nomination d’un nouveau gouvernement. Nous en sommes malheureusement là. Dans l’idéal, le budget de l’année 2025 devrait être basé sur de solides baisses de dépenses publiques, elles-mêmes assises sur un vaste plan de réforme de l’Etat.
Le Premier ministre semble dire qu’il ne dispose pas de mandat pour des changements profonds. L’argument ne tient pas et l’actualité politique le montre puisqu’il se retrouve dans une situation inextricable avec un bricolage qui additionne des bouts de mesures dont tous les grands partis pourraient s’attribuer la paternité : les hausses d’impôts pour la gauche, la mise en place de jours de carence pour la droite, la réforme de l’aide médicale de l’Etat pour le RN. On ne voit pas comment des inflexions plus profondes, comme la mise en place d’un grand plan de départs dans la fonction publique, auraient abouti à pire situation politique.
Il nous faut réfléchir à l’avenir du pays, d’autant plus que les partis sont devenus, pour reprendre l’expression de Pascal Perrineau, de simples clubs d’élus, incapables de produire des idées nouvelles. Pour sauver la France, il faudra rapidement mettre en place une politique comme jamais il n’en a été mené depuis 1958 : réduction drastique de la dépense publique, hausse de la TVA, suppression de milliers de procédures administratives, nouvel acte de décentralisation, instauration de fonds de pension… Tout ceci pour rendre à la France sa grandeur et sa prospérité.
Attention, nous jouons en ce moment notre destin. Le temps de la radicalité intelligente est venu.
