En 2023, la production de plastique dans l’UE a chuté de 8,3 %, en raison de la fermeture d’usines, conséquence de la difficulté à rivaliser avec les matières premières bon marché. La part de l’UE dans le marché mondial du plastique est passée de 28 % en 2006 à 12 % l’année dernière, illustrant le déclin inquiétant du continent.
Pendant ce temps, la Chine investit massivement dans la pétrochimie en partenariat avec l’Arabie saoudite. La construction du complexe intégré au Fujian, avec une capacité de raffinage de 16 millions de tonnes par an et des unités de production d’éthylène et de paraxylène vient de débuter ; cette construction illustre cette expansion rapide visant à répondre à la demande mondiale croissante. Ce partenariat entre les géants pétroliers chinois et Saudi Aramco, la plus grande entreprise pétrolière au monde, n’est pas anodin ; il est le fruit d’une vision claire et d’une stratégie à long terme visant à répondre à la demande mondiale croissante en produits pétrochimiques.
Le complexe à éthylène Tianjin Nangang de Sinopec, fruit d’une collaboration avec INEOS, vient d’être inauguré, renforçant ainsi l’industrie pétrochimique chinoise. Avec une capacité de craquage d’éthane de 1,2 million de tonnes par an, ce projet moderne consolide la position de la Chine sur le marché mondial et ouvre de nouvelles perspectives pour produire de manière plus concurrentielle les matières plastiques.
L’UE s’est engagée dans une forme de « masochisme énergétique ». Les ambitions climatiques semblent déconnectées des réalités du marché, comme on vient de le voir avec le G20 qui n’a rien conclu sur le sujet, et des besoins industriels. Les réglementations restrictives exacerbent la situation. Des entreprises comme ExxonMobil et SABIC ont annoncé la fermeture d’usines dans l’UE. D’autres, comme LyondellBasell et Trinseo, envisagent de suivre, le Financial Time rapporte que selon Rob Ingram d’INEOS qui dénonce l’environnement bureaucratique comme une « blessure auto-infligée ». La production est déjà délocalisée vers des régions aux contrôles environnementaux moins stricts.
Le rapport Draghi sur la compétitivité européenne pointe les prix élevés de l’énergie et la bureaucratie étouffante comme des facteurs majeurs du déclin économique. Pendant ce temps, la Chine consolide sa position de leader en s’associant à l’Arabie saoudite pour mettre en place des stratégies industrielles audacieuses.
Sans investissements, la demande de plastiques subsiste dans l’UE, mais les capacités de production sont délocalisées, ce qui va à l’encontre des efforts déployés pour rétablir la compétitivité. L’Union européenne doit se réveiller de « l’illusion verte » selon laquelle les objectifs climatiques priment sur toute autre considération économique. En effet, la demande en plastique ne disparaîtra pas tant les plastiques sont indispensables dans la vie quotidienne, la santé, l’industrie et la construction. L’industrie du plastique est essentielle et mérite de ne plus être vilipendée pour qu’elle puisse rester compétitive.
L’argument des déchets plastiques est fallacieux. Ce ne sont pas les Européens qui jettent leurs plastiques dans la mer, et présenter les microparticules comme un danger n’est qu’une astuce de ceux qui envisagent de nous forcer à la décroissance. D’ailleurs, le recyclage du plastique est une forte réalité dans l’UE, au point que nos industries de recyclage des plastiques exportent leur savoir-faire et leurs machines partout dans le monde. Grâce à l’impulsion de l’industrie du recyclage plastique européenne, cette année, trois foires du recyclage plastique ont été ou seront organisées en Asie à Dubai, Singapour et Mumbai.
L’UE doit reconsidérer sa position. Les politiques doivent encourager l’innovation et faciliter l’investissement dans le secteur pétrochimique européen, tout en maintenant des normes de recyclage élevées.
Les exemples asiatiques montrent que croissance économique et protection de l’environnement ne sont pas antinomiques lorsqu’une stratégie équilibrée est mise en place. L’UE doit adopter une approche réaliste et dynamique, s’inspirer des succès observés ailleurs, pour concilier développement économique et responsabilité environnementale, et ainsi repositionner son industrie plastique.
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