La filière de la bijouterie française doit sa notoriété aussi bien à l’excellence de sa haute joaillerie qu’à l’inventivité du segment fantaisie. Entre les deux, des maisons traditionnelles et une myriade de petits créateurs parviennent à tirer leur épingle du jeu. Le champ des possibles s’élargit ainsi à tous les styles de consommateurs. Les uns accumulent des parures iconiques de grandes marques, comme pour s’identifier à une appartenance sociale qui les rassure. Les autres préfèrent se distinguer en arborant une pièce au design singulier, généralement portée en dissymétrie, voire en solo. D’aucuns encore imaginent de nouvelles manières d’associer matières et formes. S’ils transgressent quelque peu les codes, leur posture conserve néanmoins un certain sens de la dérision. De fait, chacun contribue à redéfinir les standards de l’intemporel.
La collection Bvlgari Tubogas marie deux signatures de la maison romaine : l’or jaune, à l’honneur depuis les années 1950, et le maillon Tubogas, devenu culte vers 1970. La technique consiste à imbriquer des bandes d’or les unes dans les autres sans aucune soudure. Bvlgari l’a d’abord utilisée en 1948 sur le bracelet flexible de sa première montre joaillière Serpenti. Le nom Tubogas a été emprunté aux conduites utilisées pour acheminer le gaz sous pression dans les années 1920. Pendant la période d’essor du design industriel en Europe, ce processus associant fonctionnalité et esthétique a connu un certain succès. Aujourd’hui, la collection Bvlgari Tubogas 2024 dévoile seize nouvelles références façonnées en or jaune, diamants et pierres précieuses de couleur. Ce lancement s’inscrit dans le cadre du projet Bvlgari Studio, la plateforme multidisciplinaire qui invite des créateurs contemporains à réinterpréter des bijoux emblématiques de la maison. Après Séoul en mars, c’est New York qui a accueilli en septembre ces performances d’artistes, illustration du mouvement des spirales d’or de Tubogas à l’aide d’installations lumineuses.
La maison italienne Nanis allie, depuis sa fondation en 1931 à Vicenza, en Vénétie, le savoir-faire traditionnel de la joaillerie à un design contemporain. Engagée dans une démarche durable et responsable, la marque est certifiée Fairmined, qui garantit dans ses créations l’origine éthique de l’or. Parmi ses collections emblématiques, Reverse autorise un porter de bijoux réversibles : au recto s’affiche une pierre de centre et, au verso, un pavage. Un mécanisme qui s’adapte aussi bien aux boucles d’oreilles qu’aux bagues, colliers et bracelets.
Lorsqu’elle a créé, avec son mari, la marque Gemmyo en 2011, Pauline Laigneau avait pour objectif de proposer des pièces allant du classique revisité à des designs plus audacieux. Son concept : une joaillerie personnalisée, en or et platine recyclés, 100 % fabriquée en France dans l’un de ses cinq ateliers partenaires, avec la possibilité de choisir le métal et la pierre précieuse pour chaque bijou réalisé sur commande. Cette liberté de sélection se retrouve également au cœur de sa nouvelle collection Everbloom, au motif floral, sur des bagues et des boucles d’oreilles particulièrement précieuses qui combinent diamants blancs et de couleur cognac.
Maison Heavenly fabrique ses bijoux à Genève, en or recyclé et pierres sourcées. Des pièces parfois transformables, comme Saturn, dont les anneaux précieux imbriqués les uns dans les autres se déplient en une boucle d’oreille ou un pendentif allongé. Et des collections non genrées, à l’image des formes ogives de Celest ou de Meteor, où les gemmes de couleur des pendentifs et bagues sont taillées en rectangles aux angles biseautés.
En 1888, Louis Vuitton et son fils Georges imaginent une signature qui allait distinguer la maison de la concurrence : le damier. Inspiré de l’année de sa création avec ses trois 8, le motif symbolise l’infini et l’éternité. Il s’invite alors sur les malles et les articles de bagagerie. Aujourd’hui, plus d’un siècle après sa conception, le quadrillage transcende le temps et se transpose dans une collection de joaillerie au design tant féminin que masculin. Déclinées en or blanc ou jaune, les pièces se constellent d’une alternance de carrés d’or et de diamants reproduisant l’esthétique singulière du damier. La bague, pièce maîtresse, est proposée dans quatre largeurs. Elle s’accompagne d’un pendentif, de boucles d’oreilles et de bracelets souples qui proposent une réinterprétation du modèle "tennis" classique. Un bijou ainsi baptisé en 1978 lorsque la joueuse de tennis Chris Evert avait fait tomber sur le court son bracelet en diamants. Le premier chapitre de cette collection de douze créations Le Damier a été imaginé par Francesca Amfitheatrof, directrice artistique de la joaillerie et de l’horlogerie Louis Vuitton.
A travers sa nouvelle ligne Lance, Korloff s’adresse aux hommes en leur proposant des bracelets sur câble en acier dont une extrémité dessine une lance en or blanc, or rose, ou or blanc pavé de diamants.
Marli New York célèbre son dixième anniversaire avec la collection Cleo Full Gold Midi, qui rend hommage au design graphique de sa création emblématique Cleo, proposée ici en or jaune ou or rose. La maison de joaillerie a été fondée à New York en 2014 par Maral Artinian, à la fois créatrice et entrepreneuse, issue d’une famille active depuis plus d’un siècle dans le monde du bijou. Son concept consiste à s’approprier l’architecture des grandes villes pour l’exprimer à travers une esthétique minimaliste.
Le joaillier Roberto Coin ouvrira en décembre, sur 140 mètres carrés, sa première boutique parisienne au 25, avenue Victor-Hugo, réalisée par le duo franco-portugais d’architectes d’intérieur Oitoemponto. Les vitrines sont dessinées par Studio Sclavi. Roberto Coin a lancé en 1996 la marque qui porte son nom, implantant sa manufacture de bijoux à Vicenza, en Vénétie. Il y maîtrise tout le processus de fabrication, produit à la main plus de 6 000 pièces par mois, dispose d’un millier de points de vente dans 60 pays et présente cinq collections par an. Attaché à la responsabilité sociale et éthique, Roberto Coin est membre du Responsible Jewellery Council (RJC), du CIBJO The World Jewelry Confederation (confédération internationale de la bijouterie) et siège au conseil d’administration du World Diamond Council.
Inspirée par la Riviera, la maison de joaillerie Barth est née à Monte-Carlo en 2009, où sont toujours conçus ses bijoux. Elle a choisi de confier la fabrication de ses pièces, souvent personnalisées, à des artisans italiens implantés dans le Piémont. L’or, les diamants et quelques pierres de couleur habillent ses collections Oursins, Ecailles, Ocean Beauty et Unity Diamonds.
Depuis 1984, la maison Inédit crée et réalise des pièces de joaillerie dans son atelier-boutique du 70 rue Jeanne d’Arc, à Rouen. Un second point de vente a été inauguré à Paris en 2007, au cœur de Saint-Germain-des-Prés (14, rue de l’Abbaye). Inédit y a ensuite accolé un atelier de fabrication en 2019. A Rouen ou à Paris, toutes les créations sont exclusivement réalisées à la main. Outre un design exclusif, elles se distinguent par la sélection rigoureuse des gemmes. Des diamants négociés à Anvers ou Tel-Aviv, des pierres de couleur certifiées naturelles, non traitées et non chauffées : saphirs du Sri Lanka, rubis de Birmanie, émeraudes de Colombie ou de Zambie. Inédit a obtenu les labels Entreprise du Patrimoine vivant et Joaillerie de France.
Lancée en 1988, la collection Tresse de Poiray s’inspirait des rubans réalisés par les couturiers du début du XXe siècle. La voici désormais parée de pierres précieuses aux couleurs chaudes, qui se lovent dans un entrelacs de brins d’or jaune et d’or blanc. Diamants, saphirs roses et saphirs orange viennent orner un collier, des bracelets, des boucles d’oreilles et deux bagues.
L’architecture a d’abord fait sa réputation. Depuis vingt-cinq ans, le nom de Marc Deloche est aussi associé à la création de bijoux. Né à Montpellier, il s’installe à Toulouse en 1999, y ouvre sa première boutique, suivie par une adresse parisienne. Ses créations – bague médaille, anneau tubulaire ou bestiaire –, restent identifiables de son style masculin-féminin. Le temps d’une collaboration, il a travaillé avec la marque Pointures, devenue spécialiste de bespoke (technique de personnalisation de sneakers). Ensemble, ils conçoivent une œuvre exclusive qui marie l’univers du soulier sur mesure et l’art du bijou, où l’anneau d’une des bagues emblématiques de Marc Deloche inspire les pièces métalliques pour les lacets, réalisées en argent.
Dans le cadre des célébrations du 70e anniversaire de son emblème iconique du mors – qui reflète ses liens avec le monde équestre – la maison toscane Gucci dévoile de nouvelles pièces de la collection Horsebit. Le motif classique s’y retrouve entrelacé avec des maillons minimalistes, enchevêtrement de chaînes géométriques.
Le "Toi et Moi" représente une figure de style incontournable de la bague de fiançailles, qui met en scène deux pierres au centre, symbolisant l’union entre les amoureux. Soann en propose aujourd’hui une relecture contemporaine : il choisit le motif iconique du clou serti de sa collection Variation, qu’il combine avec son penchant pour les architectures précieuses. Ici, les pierres sont à la fête avec les deux diamants (poire et rond de 0,30 carat) et les pavages du corps de bague, assemblage sophistiqué d’anneaux d’or jaune en symétries entrecroisées. Un temps au service des grandes maisons de joaillerie, la maison Soann s’est ensuite installée rue de Grenelle, à Paris. Elle y propose aussi bien de grands classiques de la bijouterie que des créations comme cette bague Variation Toi & Moi, qui se distingue par son audace de construction.
En 1969, Paco Rabanne créait une robe métallique pour Françoise Hardy. Lors de son défilé de septembre 2024, la maison de couture a dévoilé le fruit de sa collaboration avec le joaillier Arthus Bertrand : un sac en or et une médaille en vermeil. Orné de 157 médailles en or, le sac 1969 Rabanne X Arthus Bertrand a nécessité 200 heures de développement et 100 heures de fabrication. Rabanne et Arthus Bertrand ont aussi créé une médaille en vermeil en hommage à la célèbre pastille Rabanne qui figure sur cette robe en or comme sur le sac.
La créatrice de bijoux fantaisie Caroline de Benoist vient d’imaginer sa première collection de joaillerie. Aussi joyeuse et haute en couleur que ses créations moins précieuses, cette ligne combine la chaleur de l’or jaune à une variété de tonalités de gemmes. Elle décline trois thèmes : l’amour, la chance et un bestiaire où se croisent paresseux, éléphants multicolores et singe en saphir rose.
La maison de luxe londonienne Asprey et Nuun Jewels ont collaboré pour réinterpréter la collection joaillière classique d’Asprey, Feather. Britannique dans l’âme, Asprey date de 1781, tandis que la marque Nuun a été fondée voilà dix ans par la princesse saoudienne Nourah al-Faisal, à Paris, où ses pièces sont aussi fabriquées. Feather évoque les plumes de l’insigne du prince de Galles et s’appuie sur l’héraldique royale. Rien de tel avec Nuun, qui n’hésite pas à casser les codes de la joaillerie. Sa créatrice conçoit des designs audacieux et utilise des matériaux contemporains, à l’image du titane coloré, associé à l’or et à des pierres précieuses, fines ou ornementales : diamant jaune ou blanc, saphir rose ou bleu, morganite, tanzanite, tourmaline couleur rubellite, cristal de roche… Cette ligne se compose de treize pièces uniques, réalisables aussi sur commande dans différentes combinaisons de couleurs et de métaux.