" Pour la rentrée de la troisième promotion, 746 demandes ont été reçues, pour 35 places", a compté Mickaël Bellec, directeur délégué de l’Inspe Clermont-Auvergne à Moulins. La licence PPPE (Parcours préparatoire au professorat des écoles), proposée à Moulins depuis la rentrée 2022, continue à attirer largement. Soit une place pour vingt candidats.L’an dernier, déjà, ils avaient été 800 à candidater pour cette formation (et 786 en 2022), la seule de l’académie, adossée à la fois à l’Université Clermont-Auvergne, via l’Inspé (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation), et à l’académie, via le lycée Jean-Monnet, pour un même nombre de places en première année.
Un recrutement sélectifLes étudiants en deuxième année du Parcours préparatoire au professorat des ecoles (PPPE), à la rentrée 2023, au campus de Moulins. Photo Corentin Garault "Le recrutement est de très bonne qualité, entre la première et la deuxième année, nous avons eu près peu d'abandons. Cette forte demande monte que cette formation a trouvé son public", commente Thierry Mathon, proviseur du lycée Jean-Monnet.
"Elle correspond, par son contenu, aux attentes des jeunes qui veulent devenir enseignant dans le premier degré. Car les étudiants sont au contact de leurs futurs élèves dès la première année, grâce aux différents stages. Cela les met face à leur métier. D’abord avec des stages d’observation, puis très progressivement, ils se professionnalisent. Par ailleurs, les cours en maths et en français leur permettent de se remettre à niveau pour combler leurs lacunes".
Mickaël Bellec ajoute :
Cette licence, voie royale pour devenir professeur des écoles, est sélective et exigeante, car, de fait, le niveau des étudiants est élevé. Les résultats scolaires, ceux de première et de début de terminale, sont un des critères de sélection.
Un autre aspect intéressant est la création de passerelles entre le premier degré, le second degré et l’université. "On a affaire à la fois à des enseignants du second degré et de l’enseignement supérieur. Faire des ponts entre ces différents segments de l’enseignement n’est pas habituel, en France. Cela permet un croisement des pratiques, une culture professionnelle riche".Depuis les débuts, les deux entités qui portent la formation testent des organisations : "On essaye d’améliorer chaque année, par exemple quand on alterne périodes de formation à l’école et stages. Et entre les périodes de formation à l’Inspe et au lycée. On affine le calendrier, pour que ce soit le plus pertinent possible, pour que les périodes de formation soient bien équilibrées sur l’année. Pour la troisième année, on a réparti les différentes périodes au lycée, qui seront moins nombreuses, pour que ça ait du sens. Ils auront cours une semaine par mois à Jean-Monnet".La rentrée 2024 marquera la première rentrée des troisièmes années, permettant à la licence d’atteindre son effectif total d’une centaine de personnes.
Des stages au Bénin, au Canada…Au programme de cette 3? année, un stage à l’étranger, pendant quatre semaines, et pas seulement en Europe (Espagne, Belgique...) : au Sénégal, au Bénin, aux États-Unis, au Canada. De quoi découvrir des façons parfois très différentes d’enseigner. Un vrai enrichissement culturel et professionnel, pour les étudiants. "On espère que ces stages, pris en charge par l’Université, vont s’ancrer durablement", précise le proviseur.La réforme à venir changera-t-elle quelque chose pour ce nouveau diplôme ? Le concours pour devenir enseignant se passera désormais à la fin de la licence (bac + 3), et non plus après un master (bac + 5). Le président de la République Emmanuel Macron l’a annoncé le 5 avril, avec pour objectif de tenter de remédier à la crise de recrutement des professeurs.
Le Master va continuerQuel impact sur le fonctionnement de l’Inspé ? "L’année prochaine, nous aurons dans tous les cas encore des Masters qui prépareront le concours actuel", répond Mickaël Bellec.Le Master Meef (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) présent à Moulins, a connu une légère baisse dans les recrutements, en septembre 2023 : environ 26 élèves, contre 35 l’an dernier. L’année de Master 2 réunit 27 élèves."Les étudiants doivent savoir qu’ils se projettent sur une formation de cinq ans dont, selon la nouvelle réforme, deux ans de formation en alternance à l’issue du concours qui se ferait en fin de licence, créant des ponts entre théorie et pratique professionnelle", poursuit Mickaël Bellec. "Les affectations se font selon l’endroit où est passé le concours"."Dit autrement, les étudiants doivent se projeter, répondre aux exigences fortes de la formation, savoir que le concours n’est pas automatiquement acquis. Ils doivent donc, en troisième année, obtenir la licence et le concours, ou si ce dernier n’est pas réussi, trouver une autre voie d’orientation dans les métiers de l’animation et de l’enseignement ou retenter le concours l’année suivante".
Quelle vie étudiante pour les étudiants en licence PPPE ? Si le campus de Moulins est par nature adapté aux besoins de la vie étudiante, qu’en est-il du lycée Jean-Monnet, qui compte d’autres filières post-bac, mais dans des secteurs très différents, comme le design ? "On a relancé le bureau des étudiants, qui existait déjà, mais était en sommeil, pour que les différents étudiants du lycée se connaissent".
Ariane Bouhours