L’ouvrage qui arrive ce lundi sur le métier de l’Assemblée nationale, s’il se garde de convoquer les vocables qui “tuent” (euthanasie), rejoint les attentes des militants du droit à mourir dans la dignité, en ne conditionnant plus le suicide assisté à la toute fin de vie. De quoi susciter, sur un sujet sociétal tellurique, le lobbying de toutes les universités de la pensée : de l’Église à la communauté scientifique et médicale. Le politique, lui, se divise entre les tenants d’une grande loi pionnière et universaliste et ceux, plutôt à droite, qui s’élèvent contre la déconstruction de tous les garde-fous, substituant à cet enjeu en matière de santé publique celui de l’insuffisance des soins palliatifs en France. En creux, c’est une euthanasie “par défaut”, à la logique comptable, que dénonce du bout des lèvres une partie de l’opposition. Dans cette cacophonie, la voix des premiers concernés, les patients incurables, résonne comme une boussole, opposant à l’hubris des sachants et aux postures idéologiques le récit collectif des douleurs individuelles. Du point de vue de ces malades, sans doute impénétrable au commun des valides, ce n’est pas tant leur vie que ce texte se propose d’abréger, que leur souffrance.
l’éditorial
Sébastien Couratin
