La filière des industries de la mer, dans sa grande diversité, a signé le 27 mars, à Saint-Nazaire, son nouveau contrat stratégique de filière avec le gouvernement. Le même jour, ce dernier à renouvelé son soutien au développement d’une filière autour du transport vélique, avec de fortes ambitions internationales.
A l’occasion de leur déplacement à Saint-Nazaire sur le site des Chantiers de l’Atlantique (notre photo en couverture), Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’énergie, et Hervé Berville, secrétaire d’Etat chargé de la Mer et de la Biodiversité, ont signé le 27 mars le nouveau contrat de filière stratégique des Industriels de la mer pour la période 2024-2027, avec le président du comité stratégique de cette filière, Philippe Berterottière, aux côtés des fédérations professionnelles, syndicats et universitaires.
Chiffres clés de la filière
Placée sous l’égide du Conseil national de l’industrie, la filière des industriels de la mer regroupe les industries navales, les énergies marines renouvelables et l’offshore. Elle représente 120 000 emplois directs et 33,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 50 % à l’export. Avec 9 grands ports maritimes (GPM), 1 grand port fluvio-maritime (HAROPA PORT) et des chantiers navals parmi les meilleurs du monde, la France bénéficie d’un riche écosystème dont le savoir-faire et le rôle économique pour les territoires ne sont plus à démontrer.
Cette filière est confrontée à de multiples défis : transition écologique, attractivité, course à l’innovation, et « elle doit se réinventer dans un contexte global ultra compétitif » souligne un communiqué gouvernemental. Ce nouveau contrat permettra de mettre en place 22 projets structurants (Liste dans le document attaché en fin d’article) qui s’articulent autour de quatre axes :
–Réindustrialisation et autonomie stratégique : il s’agit de « s’armer d’une chaîne de valeur autonome et d’une flotte stratégique ». L’État soutiendra la demande avec la commande publique, mais aussi l’offre à travers de multiples dispositifs en faveur de la compétitivité des infrastructures, du déploiement des technologies innovantes ou encore du développement à l’international.
– Transition écologique : le CSF aura pour objectif de mettre en œuvre les actions inscrites dans la feuille de route de décarbonation du secteur maritime. Le document évoque notamment l’électrification des navires et quais, l’hydrogène, la propulsion à vent, le captage de CO2…
– Innovation et R&D : il s’agit de maintenir une étroite coopération avec le monde universitaire et les pôles de compétitivité afin, notamment, d’aboutir à de grands démonstrateurs opérationnels, d’acquérir des briques technologiques, de les assembler, qu’elles soient innovantes ou déjà sur le marché.
– Attractivité et compétences : avec plus de 72 000 recrutements prévus à horizon 2030, la filière anticipe des besoins en compétences, formations et emplois. Cela passera par le renforcement des actions de promotion des métiers de la mer du Campus national des industries de la mer (CINav).
Le même jour, les deux ministres ont signé un « pacte vélique » (ci-contre) avec l’ensemble des acteurs. Le gouvernement entend ainsi « confirmer son soutien aux acteurs de la propulsion des navires par le vent, engagés dans la réduction de l’empreinte environnementale du secteur maritime, qui ont l’ambition de conquérir 30 % des parts du marché mondial dans les prochaines années ». Il a notamment débloqué 58 millions d’euros pour l’innovation dans le cadre du programme France 2030 et mis à disposition des porteurs de projets ses instruments de garantie.
La propulsion des navires marchands par le vent est en effet l’une des solutions identifiées, dans le cadre de la planification écologique gouvernementale, pour « réduire l’impact carbone des flux logistiques, y compris du secteur maritime ». Immédiatement disponible et gratuite, celle-ci permet d’atteindre des niveaux importants de décarbonation, allant de 5 % à 80 %.
De fait, tout un écosystème français s’est développé autour de la conception et du développement de solutions véliques, de la R&D à l’industrialisation, fédéré autour de l’association Wind Ship, et l’appui d’armateurs volontaires pour les tester et développer commercialement. Y participent des startups, des PME et des grands groupes qui ont déjà investi 1 milliard d’euros dans les projets véliques et prévoient de doubler cet investissement dans les 5 prochaines années.
Le pacte vise aussi à conserver sur le sol français une forte part de cette industrie naissante, puisqu’il prévoit qu’au minimum 70 % de la valeur ajoutée des systèmes véliques devra être réalisée en France. « Le développement du secteur vélique français est une opportunité majeure de réindustrialisation verte », commente Roland Lescure. « Je confirme le maintien de l’engagement de l’État pour les accompagner et faire du vélique français une référence pour la décarbonation du maritime » complète son homologue Hervé Berville.
Fruit d’un dialogue mené par la direction générale des Entreprises (DGE) avec les industriels de la mer, ce pacte engage non seulement l’État et les acteurs véliques, à travers Wind Ship, Armateurs de France, le Groupement des industries de construction et d’activités navales (Gican), le Cluster maritime français mais aussi des représentants de l’écosystème maritime, logistique et financier indispensable au changement d’échelle du secteur : l’Association des utilisateurs du transport de fret (AUTF), Bureau Véritas, Banque Populaire Grand Ouest – Crédit Maritime, CIC, Go Capital, Épopée Gestion, Atlante Gestion, et Fimar.
« Ce pacte constitue le signal déclencheur du changement d’échelle nécessaire à la consolidation d’un marché émergent et prometteur, estime Lise Detrimont, déléguée générale de l’association Wind Ship. Notre ambition est de créer plusieurs milliers d’emplois dans ce secteur tout en économisant 1 million de tonnes de CO2 d’ici 2030. Le suivi de ce pacte permettra de mesurer les progrès du secteur dans les 5 prochaines années .»
Christine Gilguy
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