Longtemps, l’apprentissage, avec son alternance de périodes en classe et en entreprise, a été regardé de haut, à l’instar des filières professionnelles en général. Les élèves n’ayant pas le niveau pour suivre la filière générale, ou considérés comme tels, y étaient souvent orientés par défaut. Mais ça, c’était avant. L’apprentissage a retrouvé des couleurs : sa proximité avec la réalité du terrain, sa double formation théorique et pratique, son adéquation avec les besoins des entreprises sont aujourd’hui devenus de séduisants atouts.
Jusqu'à 29 ansDes atouts reconnus et encouragés par les pouvoirs publics à travers la loi du 5 septembre 2018 pour la “Liberté de choisir son avenir professionnel”. En revalorisant la grille des salaires des apprentis, en portant l’âge maximum à 29 ans révolus au lieu de 25 ans, en simplifiant les formalités des entreprises pour accueillir un apprenti, et en l’entourant d’une communication positive, cette loi a eu un effet véritablement libérateur sur l’apprentissage. Avec un effet contagieux sur le supérieur et les métiers du tertiaire où les formations par alternance ont fleuri ces dernières années en BTS, Bachelor ou Master. L’idée qui consistait à associer apprentissage avec CAP et métiers manuels a ainsi été battue en brèche.L’apprentissage, souvent associé à des savoir-faire manuels, mais s’applique aussi très bien à des secteurs comme l’informatique. Photo Nicolas Barraud
Ecoles d'ingénieurs et de commerce"Le fait que des facs, des écoles d’ingénieurs, de grandes écoles de commerce se soient mises à faire de l’apprentissage a beaucoup contribué à changer son image. Nous avons gagné la bataille des idées grâce au supérieur, analyse Olivier Auroy, directeur du CFA académique du Limousin. C’est la fin de l’opposition des mondes. On peut être un intellectuel et travailler de ses mains et vice-versa."
Des jeunes qui entrent en apprentissage en CAP peuvent terminer leurs études avec un diplôme d’ingénieur.
Loin dans les études"Il faut encore convaincre les jeunes et leurs familles que l’apprentissage permet d’aller loin dans les études et de s’assurer de très belles carrières, commente David Audureau, directeur du BTP CFA 87. Mais aujourd’hui, les jeunes que nous accueillons ont majoritairement choisi cette voie par envie et non par défaut."En Limousin, la bonne santé de l’apprentissage se traduit clairement dans les chiffres : le CFA académique, l’un de ses principaux acteurs en Limousin, chapeaute par exemple 15 Unités de formation par apprentissage aujourd’hui, contre 7 à sa création en 2018 ; dans le même temps, le nombre d’apprentis y a grimpé de 600 à 1 700 tandis que le taux de rupture a, lui, chuté de 21 % à 9,4 %. Le tout avec un vrai souci d’efficacité :
"Nous sommes très attentifs au taux d’embauche après les formations. Notre volonté est d’indexer nos formations à la réalité et au besoin des entreprises pour favoriser l’employabilité des jeunes."
De fait, dans certaines filières actuellement en manque cruel de candidats, comme le bâtiment ou la restauration, l’employabilité atteint quasiment 100 %.
Retrouvez notre dossier sur l'apprentissage en Limousin et bien d'autres articles sur le Limousin, dans le numéro 116, du magazine Pays du Limousin, de janvier, février et mars 2024, en vente en kiosque et en ligne sur la boutique Centre France.De nouvelles cartes de sentiers de randonnée y sont aussi proposées en partenariat avec Chamina.
Une formule prisée des employeurs"Nous sommes très sollicités par les employeurs. Aujourd’hui, nous avons plus d’entreprises qui souhaitent accueillir un apprenti que d’apprentis", souligne même Delphine Gaillard, directrice du Pôle Formation UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) Limousin.
L’effectif de nos formations a augmenté de 30 % sur 2021-2022, mais ce n’est pas suffisant pour répondre aux besoins. Chaque année, dans le Limousin, environ 2.200 postes sont à pourvoir dans l’industrie et l’apprentissage est une formule qui plaît aux employeurs.
Filière d’excellenceLe succès de l’apprentissage n’est pas que quantitatif. En 2023, pas moins de douze apprentis du Limousin ont remporté une médaille d’or régionale au prestigieux concours des Meilleurs apprentis de France et trois sont ensuite montés sur la plus haute marche du podium lors de la finale nationale, à Nice. Le Limousin était également bien représenté au sein de l’équipe de Nouvelle-Aquitaine pour les Olympiades des métiers qui s’est tenue à Lyon. C’est sûr, l’apprentissage a un bel avenir en Limousin.Filière d’excellence : plusieurs élèves du CAP Peinture en carrosserie du lycée Lavoisier, à Brive, ont remporté la médaille d’or nationale au concours des Meilleurs apprentis de France ces dernières années. Photo Nicolas Barraud
À quel âge peut-on devenir apprenti ?L’apprentissage s’adresse aux personnes âgées de 16 ans à 29 ans. Un jeune de 15 ans peut néanmoins signer un contrat d’apprentissage à condition d’avoir terminé son année de 3e. Aucune limite d’âge ne s’applique pour les personnes en situation de handicap.
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Le CFA académique du Limousin
L’apprentissage devient plus facileUn changement de taille est intervenu en 2018 dans le paysage de l’apprentissage en Limousin. En regroupant sous son égide des CFA jusque-là rattachés à des lycées publics, le CFA académique du Limousin s’est donné pour objectif de mettre en place une politique de formation concertée et développer l’apprentissage sur le territoire. Les anciens CFA concernés ont pris le nom d’UFA, Unités de formation par apprentissage.
196 formationsDepuis sa création en 2018, le CFA académique du Limousin est ainsi passé de 45 à 196 formations réparties à travers la Haute-Vienne, la Corrèze et la Creuse, en étoffant son offre en adéquation avec le marché du travail et en multipliant les parcours possibles sans sortir de ses frontières.
"Un jeune peut par exemple bondir d’un CAP constructeur de routes à Égletons à un bac pro logistique à Saint-Exupéry à Limoges. L’idée, c’est de rendre les choses possibles pour les jeunes."
Faciliter l'apprentissageBasé au rectorat, à Limoges, le CFA académique a également développé de nouveaux services, avec un dénominateur commun : faciliter la vie des acteurs de l’apprentissage et en premier lieu, les apprentis eux-mêmes et les entreprises qui les accueillent. Des référents thématiques sur le handicap, la mobilité internationale, le suivi social des apprentis… ont ainsi été déployés pour répondre aux questionnements avant, pendant et après l’apprentissage si nécessaire.
Le taux de réussite pour l’ensemble des formations du CFA Académique du Limousin s’élève à 89 % en 2023. Infos : www.cfa-academique-du-limousin.fr
Trois fois plus d'apprentisSur ses trois départements, le CFA académique du Limousin s’appuie également sur des coordonnateurs qui maillent le territoire, permettant d’apporter une réponse de proximité aux entreprises ainsi qu’aux apprentis et leurs familles. Ce maillage permet en outre de travailler en réseau pour, par exemple, pallier l’absence d’un professeur dans un établissement ou établir une passerelle pour un élève entre deux formations. Un travail qui porte ses fruits puisque le nombre d’apprentis au sein des UFA a quasiment triplé sur les cinq dernières années.
Nicolas Barraud